En captivité, journal clandestin nantais

Légende :

Numéro 1 du 24 novembre 1940 du journal clandestin En captivié avec pour devise une citation de Foch : « On n'est vaincu que lorsqu'on s'avoue vaincu. »

Type : Journal clandestin

Source : © Bibliothèque nationale de France. Gallica.bnf.fr Droits réservés

Détails techniques :

Journal dactylographié

Date document : 24 novembre 1940

Lieu : France - Pays de la Loire - Loire-Atlantique - Nantes

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Analyse média

Le premier numéro paraît le 24 novembre 1940 avec pour devise une citation de Foch : « On n'est vaincu que lorsqu'on s'avoue vaincu. »
Dès ce premier numéro on peut lire : « Des Français Libres se battent encore, des Français ont foi en la Victoire. Soyez de cœur avec eux. Considérez-vous toujours comme mobilisés et répandez autour de vous l'esprit de RÉSISTANCE. » Gaulliste de la première heure, il annonce pour son prochain numéro le texte du discours de de Gaulle du 11 novembre et termine : « Si ce petit journal vous intéresse reproduisez-le et passez-le à vos amis. »



Contexte historique

Rédigé par un groupe de six étudiants, diffusé à un millier d'exemplaires à Nantes et dans une partie de la zone nord, En captivité est une expression des tout premiers engagements résistants, à la charnière des tracts éphémères de 1940 et des grands périodiques créés en 1941. Son combat est essentiellement moral et sa fonction est double : défendre des valeurs menacées par l'occupation allemande et le nazisme, et mobiliser l'opinion publique. 
Les rédacteurs d'En captivité militent avant guerre dans des mouvements de tendance démocrate-chrétienne, Nouvelles équipes françaises et Amis du Temps présent. Le fondateur du journal clandestin, Pierre le Rolland, lecteur de la revue protestante Le Semeur, est marqué par la pensée du théologien Karl Barth. 

Patriotes, les rédacteurs d'En captivité dénoncent aussi les dangers de l'idéologie nazie. Cet antifascisme chrétien ressemble à celui que développera Témoignage chrétien. A cet égard, En captivité peut être considéré comme un précurseur du journal du père Chaillet, l'équivalent en zone nord de Vérités d'Henri Frenay et de Liberté de François de Menthon, avec toutefois une différence fondamentale, l'antivichysme et le rejet de la Révolution nationale. De fait, les articles du journal nantais dénoncent précocement la collaboration, Vichy puis le maréchal Pétain. Enfin, En captivité, à l'image de l'opinion d'une région côtière de la zone occupée, est un journal anglophile et profondément gaulliste. 

En mai 1941, Pierre le Rolland quitte la rédaction de l'hebdomadaire et s'engage à Paris dans des activités de renseignements au sein du mouvement Combat. Pierre le Rolland est arrêté avec Henry Ingrand le 29 juin 1942 par la Sipo-SD ; envoyé en Allemagne, il est jugé avec d'autres membres de Combat par le tribunal du peuple de Sarrebrück, puis déporté NN au camp d'Orianenburg-Sachsenhausen. 

A Nantes, les cinq autres membres de En captivité poursuivent la publication du journal clandestin jusqu'à la fin du mois de juillet 1941. Surveiléls, quatre d'entre eux sont arrêtés ; jugés pour des motifs obscurs et qui ne tiennent pas directement à l'existence de En capitivité, ils sont emprisonnés sept mois au fort du Hâ à Bordeaux. L'un d'entre eux, victime de privations, décède en novembre 1942. 


Cécile Vast, « En Captivité » in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, page 715.

Cécile Vast, « En Captivité » : étude d’un journal clandestin (juillet 1940- novembre 1941) , Mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Franche-Comté, 1996