Stèle dédiée à l'état-major régional R1 de l'Armée secrète, Saint-Julien-en-Vercors (Drôme)

Genre : Image

Type : Monuments et plaques

Producteur : Didier Gachon

Source : © Cliché Didier Gachon Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : Juillet 2020

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Julien-en-Vercors

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Contexte historique

Le 18 mars 1944, vers 6 heures, à Saint-Julien-en-Vercors, une vingtaine de camions chargés de soldats allemands, un autocanon et une automitrailleuse cernent le village et se dirigent vers la ferme de la Matrassière. Les Allemands détruisent le PC de l'état-major de l'AS de Lyon replié sur Saint-Julien-en-Vercors. Descour (« Bayard »), absent, échappe à l'attaque. Le lieutenant Guigou prend immédiatement ses dispositions pour que deux hommes emportent tout le courrier confidentiel et les papiers secrets de l'état-major. Pour assurer leur repli, armé d'un fusil-mitrailleur, Guigou et trois hommes se portent au devant des Allemands et ouvrent le feu. Ils sont tous les quatre tués. Léon Borel, fermier à Saint-Julien-en-Vercors, au hameau des Domarières, est fusillé devant sa famille par les Allemands parce qu'il avait caché un réfractaire qui essayait de s'échapper. Le réfractaire meurt brûlé dans la ferme plutôt que de se révéler. Alors que les Allemands s'apprêtent à fusiller sa femme, madame Julien Collet s'interpose et lance à l'officier ennemi : « Vous avez déjà tué son mari. Vous allez laisser cette femme tranquille ». Le bilan est lourd. Six résistants, entre 20 et 40 ans, sont tués ainsi que deux hommes et une femme du pays. Neuf fermes sont incendiées. Quatre otages dont trois Lorrains sont emmenés. Les Allemands reviennent le 23 mars pour récupérer les vaches des fermes pillées et incendiées. La facilité avec laquelle les Allemands découvrent et attaquent le PC de la Matrassière laisse supposer qu'ils sont bien renseignés. Le récit de Pierre Lassalle confirme cette hypothèse. Lassalle entend des bruits de détonations et de moteurs dans la matinée. Il se dissimule dans un bois. Dans l'après-midi, le silence revient. Il se dirige vers Saint-Martin-en-Vercors. En chemin il rencontre le lieutenant Pérol (« Jacques ») qui lui raconte que les Allemands sont arrivés par Saint-Julien-en-Vercors. « Le dispositif de sécurité pour alerter n'a pas fonctionné. Ils étaient bien renseignés et sont arrivés à la Matrassière où ils ont tué le lieutenant Guigou, incendié des maisons, tué le père Borel devant les siens dans la cour de sa ferme. Un maquisard, caché dans une grange, a été carbonisé. Une vieille femme grabataire est morte dans sa maison qui a brûlé. Le détachement allemand, environ 150 hommes de la Wehrmacht, a emprunté la route de la vallée de la Bourne. Il a été arrêté au pont de la Goule Noire par le feu d'un groupe de maquisards aux ordres du capitaine Dubois. Les défenseurs, trop peu nombreux, ont été manœuvrés par une troupe agressive et bien entraînée. Le capitaine et plusieurs de ses hommes ont été tués. Un peu plus loin, le conducteur d'un car assurant la liaison avec Grenoble a mis son véhicule en travers de la route dans un passage resserré afin de retarder le convoi. Il a été rudement houspillé, les Allemands refusant de croire à une erreur de manœuvre due à l'émotion. Malgré ces deux tentatives d'interception, l'arrivée des véhicules ennemis, qui ont ensuite traversé Saint-Julien-en-Vercors, a été une surprise totale pour ceux de la Matrassière. Les voyageurs parlent aussi de plusieurs victimes, de militaires abattus les armes à la main, de civils froidement exécutés. Tous se posent des questions concernant la précision de l'attaque ».

Cette attaque du 18 mars représente une date pivot dans la chronologie locale de la guerre. Les Allemands ont pénétré au cœur du Vercors considéré jusqu'alors comme impénétrable. Les résistants n'en tiendront guère compte. Malgré son importance, cette journée n'est pas commémorée.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Lassalle Pierre, La liberté venait des ondes, 1942-1944, Paris, Gracher, 2001.