"Les Allemands fusillent des étudiants à Paris", France, 21 novembre 1940

Légende :

Article extrait du journal France du 21 novembre 1940, quotidien paraissant à Londres avec le patronage de l'Association des Français de Grande-Bretagne

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Détails techniques :

Imprimé 

Date document : 21 novembre 1940

Lieu : Angleterre

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le silence total est imposé à la presse sur la manifestation du 11 novembre 1940, celle-ci n’étant qu’évoquée furtivement à partir du 16. Du coup se développent des rumeurs, d’autant que des coups de feu ont bien été entendus et que la fermeture de l’Université annoncée le 13, est assortie du renvoi en province d’étudiants provinciaux dont on est sans nouvelles. On sait en outre qu’il y a eu un nombre inconnu d’arrestations, les arrêtés étant au secret.

Le président de l’UNEF, basé à Clermont Ferrand, mais informé par une secrétaire parisienne, croit pouvoir fin novembre parler de six fusillés (quatre Allemands étant tués) et deux cents déportés. Chez les anciens combattants, dont certains furent à l’Etoile, le bruit court alors de 11 morts, dont des soldats allemands. Carcopino dans ses mémoires dit avoir demandé plusieurs fois au préfet de police d’interroger les autorités allemandes pour faire cesser les rumeurs ; sans résultat. Le premier démenti vient seulement le 8 décembre, de Vichy, publié dans le presse parisienne : démentant les 11 morts annoncés, il donne le premier chiffre officiel des arrestations.

Difficilement informée, la France libre cède également aux rumeurs : Le journal France, imprimé à Londres, évoque le 21 novembre plusieurs manifestants exécutés sur place, et la radio de Londres parle le 28 novembre de 11 morts et cinq cents déportés. Un mois plus tard, le Times du 17 décembre [voir album lié], citant l’agence Reuter, affirme que cinquante manifestants vont être déférés à un tribunal militaire allemand, les autres, les cas les moins graves n’étant finalement pas poursuivis. La rumeur persistera dans plusieurs écrits et discours après la Libération.


Alain Monchablon