Jonas Geduldig

Légende :

Ancien volontaire des Brigades internationales, Jonas Geduldig rejoint le Deuxième détachement des FTP-MOI à Paris en avril 1942 puis le détachement dit des dérailleurs. Arrêté, jugé avec 23 camarades – dont Missak Manouchian - le 18 février 1944, il est condamné à mort et exécuté le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Jonas Geduldig est né le 22 janvier 1918 à Wlodzimierz (Pologne). A seize ans, il rejoint son frère aîné en Palestine et y trouve un emploi dans un atelier de construction mécanique. En 1937, passé en Espagne, il s'engage dans les Brigades internationales. Affecté à l'unité d'artillerie Anna-Pauker (bataillon Dimitroff), il est grièvement blessé sur le front d’Aragon, mais s'en sort. Avant-même sa guérison totale, il repart sur le front de l’Ebre et y combat jusqu’à la chute de la République.

Interné à Gurs et à Argelès, il s'évade et gagne Paris. Là, ses camarades lui procurent des papiers d'identité au nom de Michel Martiniuk. Il trouve un emploi d’électricien pour les autorités d’occupation jusqu’en novembre 1941 au fort d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Militant de la Main d’œuvre immigrée, il organise, après l’invasion de l’Union soviétique par les troupes nazies le 22 juin 1941, des actions de sabotage des machines dans de petits ateliers artisanaux de la fourrure. Selon David Diamant, il aurait été dans l’équipe qui protégea les participants d’une manifestation organisée par le mouvement Solidarité, rue de la Roquette (XIe) le 11 novembre 1941.

En avril 1942, en contact avec Abraham Lissner, il intègre le 2e détachement FTP-MOI. Le 16 mai, Lissner, Geduldig et Simon Peretzl mènent une action punitive contre un artisan juif du passage des Fours-à-Chaux qui faisait du commerce avec les Allemands. Ayant réussi à échapper à la vague d’arrestations de juillet 1943, il est affecté au détachement des dérailleurs. Au sein de cette équipe, il participe notamment, sous le pseudonyme de Jean, aux actions suivantes :
- le 24 septembre 1943, déraillement à proximité de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)
- le 20 octobre 1943, tentative de sabotage de la voie ferrée aux environs de Troyes (Aube)

Dès le mois de septembre 1943, Geduldig est filé par les inspecteurs de la Brigade spéciale 2 qui lui ont attribué le pseudonyme de « Pailleron ». Il finit par être identifié le 17 novembre 1943 sous sa fausse identité de Michel Martiniuk, né le 25 janvier 1918 à Wlodzimierz (Pologne), demeurant 17 villa Verlaine (XIXe) "mais résidant dans l’illégalité 109 rue Manin". En son absence, une perquisition est effectuée à cette dernière adresse. Le même jour, les inspecteurs de la BS sont informés que le nommé Martiniuk a été appréhendé par le SD de la rue des Saussaies.
Au cours de son interrogatoire, il ne révèle pas son identité et se déclare non juif arrivé de Roumanie en France en octobre 1939. Il signale avoir travaillé comme électricien jusqu’en novembre 1941 au fort d’Ivry-sur-Seine pour le compte des autorités allemandes. Il reconnaît avoir été mis en relation avec Léon Goldberg et Emeric Glasz et avoir intégré un groupe de dérailleurs. Il avoue également sa participation à « un déboulonnage de voies, une tentative et une reconnaissance ».

Jugé avec 23 camarades – dont Missak Manouchian - le 18 février 1944 devant le tribunal militaire allemand de la rue Boissy-d’Anglas, il est condamné à mort et exécuté le 21 février 1944 au Mont-Valérien.

Il fut le seul à ne pas écrire de lettre avant son exécution. Ceci pour deux raisons. La première était que le seul membre de sa famille encore en vie, son frère aîné, habitait la Palestine. Ni les autorités allemandes ni les services de Vichy n'expédiaient de courrier vers un territoire sous mandat britannique. La deuxième raison : les camarades de Geduldig lui avaient confectionné des papiers au nom de Michel Martiniuk. C'est sous ce faux nom qu'il avait été condamné à mort. En signant quoique ce fût de son vrai nom, il risquait de les compromettre. 


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police, BA 2298 – Exécutions par les autorités allemandes, dossiers individuels des fusillés ; GB 137, affaire Dawidowitz, Manouchian et autres.
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds David Diamant, carton n°6, notes biographiques sur Jonas Geduldig
David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, Paris, éditions Renouveau, 1961
David Diamant, Combattants héros et martyrs de la Résistance, Paris, éditions Renouveau, 1984.
Stéphane Courtois et Denis Peschanski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, Paris, 1989, 2e édition 1994.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Paris, Perrin, 2018