Baruch Bruhman (dit Boris Holban)

Légende :

Photographie extraite de l'autobiographie de Boris Holban, Testament (Calman-Levy, 1989).

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Boris Holban, Testament, Paris, Calman-Levy, 1989 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie en noir et blanc

Date document : Vers 1944-1945

Lieu : France

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Contexte historique

Né le 20 avril 1908 à Cucauca (Ukraine) dans une famille juive modeste, Baruch Bruhman alors étudiant adhère au parti communiste roumain vers 1924. Devenu professeur suppléant à Blezi, il occupe l’essentiel de son temps à la propagande en faveur de son parti qui lui confie la charge du service technique (rédaction, impression et diffusion des tracts).
Le Parti communiste roumain étant interdit, Boris Bruhman est arrêté en septembre 1930 puis condamné à six ans de prison par le tribunal de Soroca. Il bénéficie d’une réduction de peine en mars 1932 mais est obligé d’effectuer son service militaire. Il reprend contact avec le parti communiste, devient membre du rayon de Bessarabie du Nord et déserte. Fuyant la police, il mène une vie de clandestin. Arrêté une nouvelle fois en février 1934, il est condamné à un mois de prison pour propagande pro-communiste. À la fin de sa peine, il est envoyé dans un régiment disciplinaire où il est à nouveau condamné à six mois de réclusion par le conseil de discipline du 18e régiment d’infanterie pour désertion.
En 1937, il part en Tchécoslovaquie pour terminer ses études que son activité de militant avait arrêtées. Il est déchu de sa nationalité roumaine en 1938 en raison de lois antisémites. Il décide alors de s’installer en France où vit déjà un de ses frères. Arrivé à Paris en juillet 1938, il souhaite rejoindre les Brigades internationales mais les communistes roumains installés à Paris lui confient la direction du Comité d’aide aux volontaires roumains en Espagne.

Le 18 octobre 1939, il souscrit un engagement volontaire dans la Légion étrangère (21e régiment de marche de volontaires étrangers). Fait prisonnier le 25 juin 1940 à Bainville-sur-Madon (Meurthe-et-Moselle), il s'évade en janvier 1941 du fort de Queuleu près de Metz grâce à sœur Hélène, une religieuse de Metz qui avait organisé un réseau pour les prisonniers de guerre. De retour à Paris en février 1941, il est démobilisé.

En mai 1941, il entre dans la Résistance et réalise sa première action fin juin 1941 en faisant dérailler des wagons à Vincennes. En septembre 1941, il devient responsable de l'ensemble des groupes de combat de la main d'oeuvre immigrée (MOI). Jacques Kaminski le charge alors de participer à la mise sur pied d’une nouvelle organisation qui rassemblerait les groupes de combat de la MOI et ceux de l’Organisation Spéciale créés par le parti communiste. La fusion est effective en avril 1942 avec la formation de détachements FTP-MOI. En juin 1942, Boris Bruhman est promu au commandement des FTP-MOI de la région parisienne. En désaccord avec la nouvelle tactique de guérilla urbaine prônée par ses chefs qu’il juge trop risquée, il est relevé de ses fonctions, remplacé par Misaac Manouchian et envoyé dans le Nord-Est où il organise une nouvelle filière d’évasion de prisonniers de guerre soviétiques affectés aux mines du Nord-Pas-de-Calais.
Rappelé à la tête des FTP-MOI de l'Ile-de-France en décembre 1943, à la suite de l'arrestation de Manouchian, il en garde le commandement jusqu'à la Libération. Il prend également la direction militaire de la zone Nord. A ce titre, il organise et prend part à des sabotages et à des attentats contre les Allemands.

Après la libération de Paris, il commande le bataillon Liberté du 1er régiment de Paris en septembre 1944. Rappelé au ministère de la Guerre (1er bureau) de novembre 1944 à mars 1945, il reprend ensuite le commandement du Bataillon 51/22 (ex bataillon Liberté) dissous le 8 juin 1945. Il est alors versé au 14e groupement de Pionniers étrangers de la 18e région puis démobilisé en septembre 1945.

Revenu en Roumanie à l'été 1946, il intègre la section militaire du comité central du parti ouvrier roumain (ex parti communiste qui a changé de nom pour jouir d'une plus grande audience). C'est là qu’il change son nom de Bruhman pour Holban. A la suite de l'abdication du roi Michel en 1947, la Roumanie devient une république populaire. Boris Holban est alors chargé des représentants étrangers accrédités à Bucarest. Il est affecté au ministère des Affaires étrangères puis rejoint l'Armée avec le grade de lieutenant-colonel. Promu colonel en 1948 puis général-major en 1949, il est limogé en mai 1950, victime des purges staliniennes. Il retourne alors à la vie civile en qualité d'ingénieur dans une usine textile de Bucarest. Il prend sa retraite en 1970 et revient en France en 1984.

Titulaire de la médaille de la Résistance française (décret du 31 mars 1947), d’une citation du général Koenig à l’ordre de la division du 11 décembre 1945 et d’une seconde à l’ordre de l’Armée (14 janvier 1948), le titre de combattant volontaire de la Résistance lui est attribué le 26 août 1980. Une proposition d’attribution de la Légion d’honneur est refusée en novembre 1948 par la commission départementale de la Seine pour le motif suivant : "Pas de titres suffisants pour être nommé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur, mérite cependant une citation à l’ordre du corps d’armée pour faits de résistance". Il faut attendre le 8 mai 1994, pour que le Président de la République, François Mitterrand, remette à Boris Holban, sous l’Arc de Triomphe, les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur.

En 1985, à l’occasion de la diffusion du film Des terroristes à la retraite, Méliné Manouchian l’accuse d’avoir indirectement provoqué la mort de Missak Manouchian en refusant le repli en zone Sud aux militants qui étaient repérés. C’est pour démentir ces accusations que Boris Holban publie en 1989 ses mémoires sous le titre Testament. La publication de ses mémoires, les travaux des historiens Stéphane Courtois et Denis Peschanski – Le sang de l’étranger, Fayard, 1989 – et son témoignage dans les Brûlures de l’Histoire l’ont blanchi de ces accusations. Boris Holban décède le 27 juin 2004 à Etampes.

Décorations
Chevalier de la Légion d'honneur
Médaille de la Résistance française
Croix de guerre 39-45 avec palme
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Croix du Combattant
Médaille des évadés


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 93906
SD ONAC de Paris, dossier de demande de carte de combattant volontaire de la Résistance.
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds de liquidation OS-FN-FTP (dossier Boris Holban).
Ordre de la Libération, commission nationale de la médaille de la Résistance française (mémoire de proposition de Boris Holban).
Mémorial de la Shoah, Paris : MDXXXII (fonds Holban).

Boris Holban, Testament. Après 45 ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle, Paris, Calman-Levy, 1989.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, Paris, Fayard, 1994.
Stéphane Courtois. « Portrait de Boris Holban », In: Hommes et Migrations, n°1276, novembre-décembre 2008
« Exclusif : Holban parle », Le Matin, 17 juin 1985
Notice HOLBAN Boris [BRUHMAN Boris, dit], par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 24mars 2010, dernière modification le 24 octobre 2019.