Raphaël Finkler

Légende :

Membre du Mouvement national contre le racisme (MNCR) puis de la MOI, Ralph Finkler est en août 1944 l'un des fondateurs de la compagnie juive "Paul Frydman".

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Yad Vashem Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1944-1945

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Dordogne

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Contexte historique

Fils de Benjamin Finkler et de Ida Levitt, marchands forains, Raphaël Finkler, alias Achille (MNCR) puis Ralph (maquis), naît le 12 décembre 1924 à Paris (IVe arrondissement), de nationalité française. Ses parents, nés en Roumanie et naturalisés français en 1948, fuient le climat antisémite de la Roumanie et s’installent une première fois à Paris, où Ralph voit le jour, puis repartent en Roumanie. Face aux problèmes persistants, ils reviennent à Paris dans les années 1930 puis s’installent dans le Périgord où ils ont des connaissances. Raphaël a une sœur, Félicia, née en Roumanie en 1928, décédée de maladie à l’âge de sept ans.

Au début de la guerre, Ralph assiste à l’arrivée des réfugiés puis à la débâcle mais le moment déterminant est celui de la signature de l’armistice en juin 1940. Avec son ami Léon Lichtenberg, ils perçoivent brutalement que la France a perdu la guerre. Puis, au lycée Bertran-de-Born de Périgueux où il fait sa scolarité, il prend conscience de sa judéité face à l’antisémitisme de quelques professeurs.
En juin 1943, Ralph et Léon sont contactés par un ami originaire de Strasbourg, Wolf Ibram, alias Willy, un militant du Mouvement national contre le racisme (MNCR) en contact avec les directions de Lyon et de Toulouse. Ibram leur confie la responsabilité de créér un mouvement à Périgueux et de recruter d’autres jeunes. C’est ainsi que, avec un troisième lycéen, Georges Smolarski, ils décident de constituer, selon le système de base de la sécurité issu du parti communiste, un "triangle de direction". Rapidement s’ajoutent à l’équipe Paul Frydman (alias Dave), qui donna son nom à la future compagnie juive, mais aussi Maurice Bursztyn, Charles Charrier, Monette Leclercq (née Le Gac) et sa nièce, Marie-Louise Nicolas (dite Maryse), etc. Commençe alors une période pendant laquelle ils réalisent un programme de propagande et d’actions, collant ou distribuant des tracts et des revues, brisant les vitrines des collaborateurs et des miliciens.

A la fin de l’année 1943, les équipes sont repérées. Finkler, Lichtenberg, Frydman doivent s’effacer. Le mouvement, aux abois, se dissout en mars-avril 1944. Ralph, Léon et Paul, décident de rejoindre un maquis. Après un bref passage dans un maquis Roland AS cantonné à Vergt qu’ils jugent trop attentiste, ils réussissent à entrer dans un maquis périgourdin de la MOI, au lieu-dit le Got, sur la commune de La Trappe (aujourd’hui devenue Mazeyrolles). Ce groupe est décimé le 4 mars 1944, à Vaurez (commune de Belvès) au cours d’un accrochage avec des militaires allemands. Juan Gimenez, responsable départemental de la MOI Dordogne et chef du groupe, est tué avec deux de ses camarades, Giovanni Bagnara et Antonio Rabaneda. Ralph et Léon, qui n’étaient pas à Vaurez, rejoignent le maquis MOI de Veyrines-de-Domme, au lieu-dit Le Canadier, dirigé par José Florés Sanchez. Mais, le 16 mars 1944, la maison dans laquelle cinq maquisards dormaient, est encerclée puis attaquée par des Gardes mobiles français de Bergerac sous les ordres du capitaine Jean. José Florés Sanchez, Angel Poyo Munoz, Agustin Crespo Quevedo, y trouvent la mort en combattant. Desiderio Romero Platero, blessé, est fait prisonnier puis fusillé à Limoges le 25 avril 1944 après un simulacre de justice de la cour martiale de Vichy. Ralph Finkler, qui parvient à s’enfuir par une fenêtre et à échapper aux tirs des GMR, est le seul rescapé.

Au sein de la MOI, Finkler exerce successivement le rôle de chef de groupe, puis de détachement puis celui d’adjoint-technique de la brigade MOI. Ralph et Léon et rejoignent alors un autre maquis de Carlos dans la forêt de la Bessède. Carlos Enrique Ordeig Fontanals, dit Carlos, capitaine de l’armée républicaine espagnole, arrivé en janvier 1944 à Groléjac (Dordogne) pour organiser des groupes MOI, avait été nommé pour remplacer Juan Gimenez après sa disparition le 4 mars. Ralph Finkler s’engage dans des activités intenses de sabotage de ponts, de voies ferrées, d’usines de production pour les Allemands.

Lorsque approche la Libération, alors que les Espagnols s’organisent dans l’espoir de renverser Franco, la plupart des résistants de la MOI sont intégrés dans le 4e régiment FTPF de Soleil, cantonné à Villefranche-du-Périgord. A cette occasion, Ralph est nommé chef de compagnie. A la mi-août 1944, la section juive nationale de la MOI demande à tous les responsables militaires et politiques des FTPF de constituer des détachements juifs. En Dordogne, Yves Péron, membre de l’état-major départemental FTP et futur député communiste du département, demande à Léon Lichtenberg et à Raphaël Finkler de créer un détachement juif. Ralph Finkler continue d’être reconnu et confirmé dans son autorité puisque, en octobre-novembre 1944, parti sur le front de La Rochelle au sein de la brigade Demorny, il est devenu adjoint militaire de bataillon, avec la responsabilité de 350 hommes.

Revenu du front, Ralph fréquente, de février à l’été 1945 une école de cadres, à Bergerac, Brive (Corrèze), Magnac-Laval (Haute-Vienne). Il est démobilisé le 10 août 1945 à Périgueux. Après la guerre, Ralph Finkler devient photographe puis représentant.

Ses parents furent cachés en mai 1944 et ainsi sauvés chez les parents de Marie Louise Nicolas, Louis Nicolas et Méliane Nicolas née Le Gac, reconnus Justes parmi les Nations. Mais le restant de sa famille, réfugiée à Périgueux, fut déporté ou fusillé. Alfred Levensohn, Lilly Levensohn née Finkler, Liliane Levensohn, leur fille, née en 1935 à Paris, Rosina Kornblitt née Levensohn, Danielle Kornblitt, sa fille, née en 1942, furent arrêtés à Périgueux et déportés à Auschwitz par le convoi n° 72 d’où seule Rosina Kornblitt revint. Martin Kornblitt, époux de Rosina, fut arrêté par les Allemands et fusillé à Périgueux le 12 août 1944.

Après la guerre, il consacre sa vie au devoir de mémoire. Membre de l'Association nationale des anciens combattants de la résistance, décoré de la Légion d'honneur en 2015, il multiplie les interventions dans les écoles, les collèges et lycées. Il décède le 6 février 2021 à Périgueux.


Auteur : Bernard Reviriego

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 224448, dossier Raphaël Finkler. 
Témoignages de Ralph Finkler collectés par les Archives départementales de la Dordogne, 7 AV 69 à 72 et 7 AV 84 (en ligne sur le site des Archives départementales de la Dordogne).
Ralph Finkler, "Les légaux ou la résistance des obscurs", in Anacr Dordogne, De 1939-40 à 1945 en Dordogne. La Résistance contre le nazisme et le régime de Vichy. Récits, témoignages et documents, Périgueux, Imprimerie Moderne, 1996, p. 216-219.
Ralph Finkler, "Il y a 57 ans, l’insurrection du ghetto de Varsovie", in La voix de la Résistance en Dordogne de l’Anacr, juin 2000, n° 57, p. 16.
Notice nécrologique de Monette Leclercq, in La voix de la Résistance en Dordogne de l’Anacr, juillet 1997, n° 49, p. 23.
Clément Aubisse, "Finkler Raphaël, Expérience personnelle d’un jeune périgourdin dans les années 1930 jusqu’à la fin de la guerre [entretien mené par Aubisse Clément, 20 avril 2014", in L’activité préfectorale en Dordogne durant la Seconde Guerre mondiale, université de Bordeaux, thèse soutenue le 26 mars 2021, p. 524-544.
Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne. 1939-1944, Archives départementales de la Dordogne – Editions Fanlac, 2003, p. 76-80, 384, 392.

Pour Eliseo Martinez et Carlos Ordeig. https://www.rahmi.fr/histoire/centres-de-resistances-republicaines.