Otto Giniewski

Légende :

Otto Giniewski dans son laboratoire de l'université de Grenoble en 1943

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © United States Holocaust Memorial Museum Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Grenoble

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Contexte historique

Fils de Josef Giniewski, entrepreneur spécialisé dans la production de textiles hygiéniques, et Sarah Kessler, Otto naît le 14 février 1920 à Vienne (Autriche). La montée du nazisme conduit la famille à se réfugier en Belgique en juillet 1935. Otto poursuit ses études à Bruxelles tout en devenant un militant actif de la jeunesse sioniste. En 1938, étudiant en physique-chimie à l'Université de Bruxelles, il est élu président de la Jeunesse estudiantine sioniste. Le 10 mai 1940, suite à l’invasion allemande en Belgique, Otto et son père sont arrêtés à Bruxelles comme « ressortissants allemands », transférés en France et internés au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales).

Après sa libération, il reprend en 1941 ses études à l'université de Montpellier et fonde un groupe (gdoud) de jeunesse sioniste. Avec le rabbin Schilli, il met en place des cercles d’études intellectuelles destinés à la jeunesse juive. En mai 1942, il est l’un des organisateurs du congrès de la jeunesse sioniste à Montpellier qui donne naissance au Mouvement de Jeunesse sioniste (MJS). Otto Giniewski intègre le comité exécutif du Mouvement aux côtés de Simon Levitte. Sous le pseudonyme de Toto, il est chargé du travail clandestin et notamment du sauvetage des Juifs par la fourniture de faux-papiers et par leur évacuation vers la Suisse ou l’Espagne.

Après l’invasion de la zone Sud par les Allemands le 11 novembre 1942, Otto Giniewski disperse le gdoud de Montpelier et prend la direction régionale du MJS à Grenoble, alors en zone d’occupation italienne. Comme responsable régional, il établit des relations permanentes avec les groupes de Lyon et de Nice et leur fournit du matériel. Simon Levitte se charge des liaisons entre ces différents groupes. Reprenant son doctorat à l’université de Grenoble, il établit le quartier général de son organisation au sein-même de l'Institut d'électrochimie où il étudie. Grâce à son action, le gdoud de Grenoble devient l’un des plus important centres d'activité sioniste et d'opérations de sauvetage pendant la guerre. Son frère Cadet, Paul, est également un membre actif du MJS à Grenoble.

Otto Giniewski entre également en relation avec l’Armée juive à Toulouse par l’entremise de Sam Segal et prête serment à cette organisation de résistance armée. C’est par l’intermédiaire de l’AJ que des jeunes du MJS de Grenoble et de la région sont envoyés dans les maquis juifs des Eclaireurs israélites ou à celui de la Montagne noire.

En parallèle des activités de résistance, de sauvetage, de réalisation de faux-papiers, il maintient les activités culturelles et spirituelles. Il loue pour cela un chalet aux Michalons, sur la route de Saint-Nizier, où il organise conférences et cours d’hébreu ainsi que des séances de gymnastique camouflant une instruction militaire.

En janvier 1944, après une descente de la Gestapo à l'Institut d'électrochimie où il a caché une importante partie du matériel de fabrication de faux papiers, Otto parvient à fuir non sans avoir au préalable confié la responsabilité du gdoud à Georges Schnek. Otto et sa femme Lily née Sytner – ils se sont mariés le 7 mars 1943 sous une fausse identité - se réfugient à Caussade près de Montauban où ils restent jusqu’à la Libération.

Devenu docteur en chimie de l’université de Montpellier en novembre 1944, il n’en poursuit pas moins ses activités sionistes. Elu secrétaire général du MJS en mars 1945, il en démissionne rapidement en raison de différends politiques avec des représentants du mouvement en Palestine. En juillet 1945, la famille émigre en Palestine. Otto Giniewski intègre en 1947 la faculté du département de chimie de l'Université hébraïque. En 1948, il est mobilisé au service scientifique de Tsahal, l'armée de l'État d'Israël.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-31, témoignage non signé d’Otto Giniewski
Paul Giniewski, Une résistance juive. Grenoble 1943-1945, Le Coudray-Macouard, Cheminements, 2009.
Eytan Guinat, Paul Giniewski, Un Juif simplement bleu-blanc : 1920-2010, Genève, éditions du Tricorme, 2014.
Georges Loinger, Les résistances juives pendant l'Occupation, Paris, Albin Michel, 2010.