L'Union de la jeunesse juive (UJJ)

Légende :

Texte fondateur de l'Union de la Jeunesse juive édité en 1943.

Type : Tract

Source : © Mc Master Univeristy : World War, 1939-1945, Jewish Underground Resistance Collection Droits réservés

Détails techniques :

Tract ronéotypé de trois pages

Date document : 1943

Lieu : France

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Contexte historique

L’Union de la jeunesse juive (UJJ) est créée au printemps 1943 à l’initiative et sous la responsabilité de communistes juifs. L’UJJ se développe en zone Sud, d’abord à Lyon et à Grenoble, et regroupe quelques centaines de militants. Cette structure a pour objectif d’unir les jeunes juifs qu’ils soient sionistes ou communistes, croyant ou non, dans la lutte contre l’occupant et ses collaborateurs.
L’UJJ prend sa source dans des structures préexistantes. Les organisations communistes juives concentrent d’abord leurs efforts à Paris en zone occupée. La zone Sud dite « libre » jusqu’en novembre 1942 voit affluer bon nombre de réfugiés mais les organisations sont plus lentes à se mettre en place. La lutte apparaît moins évidente même si Vichy fait interner les Juifs étrangers dans des camps et des centres d’accueil. En mai 1941, trois émissaires juifs communistes, dont Jacques Ravine, sont envoyés en zone Sud pour mettre en place des structures de solidarité et de propagande.

A partir du milieu de l’année 1942, Jacques Kott est désigné comme le responsable de la jeunesse pour la zone Sud. Il dépend des "adultes" Jacques Ravine, Szmulek Cynamon, et Charles Lederman. Jacques Kott prend des contacts à Lyon. Le recrutement s’accélère à partir de novembre 1942 quand la zone Sud est occupée par l’armée allemande suite au débarquement allié en Afrique du Nord et à la multiplication des rafles. En novembre 1942, Irène Mendelson arrive à Grenoble. Elle est chargée par Jean Halpern de mettre sur pied une organisation de jeunesse. Elle est aidée par la suite par Jules Borker. Le recrutement se fait parmi les lycéens, et surtout parmi les jeunes réfugiés parisiens dont beaucoup travaillaient dans les métiers de la confection. Cette organisation s’appelle « Jeunesse patriotique » et recrute aussi des Français non juifs dont il faudra se séparer au grand damne d’Irène Mendelson lors de la création de l’UJJ. Ces Français non juifs iront rejoindre les rangs des Jeunesses communistes. Irène Mendelson est en contact avec Jacques Kott et l’un des responsables "adultes" Szmulek Cynamon.

En mai 1943, est décidée la création de l’Union de la jeunesse juive, organisation dite de masse animée par des jeunes communistes juifs et regroupant des sympathisants plus ou moins proches. C’est sous cette appellation que sont dorénavant désignés les groupes de jeunes juifs qui ont été constitués à Lyon, Grenoble, Marseille, Toulouse et une dizaine d’autres villes. L’UJJ fait partie de l’UJRE (Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) qui chapeaute les diverses structures mises en place par les communistes juifs (les sections juives du Secours populaire, l’Union des femmes juives, l’Union de la jeunesse juive…) pour organiser la solidarité et la lutte contre les Allemands et Vichy. Au cours de l’été 1943, des arrestations touchent les organisations communistes juives de Paris. Il est alors convenu de renforcer l’organisation de la zone Sud. Des cadres arrivent à Lyon parmi lesquels Adam Rayski qui devient le responsable de la totalité des organisations communistes juives pour la zone Sud, Charles Feld, Arek Kowarski. La direction de l’UJJ est ainsi renforcée avec Robert Burstyn, Michel Tartakowski, Jacques Kott et Julien Zerman. Les membres de l’UJJ répondent à des règles de cloisonnement strictes pour éviter les arrestations en cascade. Chaque militant est membre d’un triangle (un technicien, un agent de liaison, un responsable) en principe isolé, puis chaque responsable des groupes de trois forme un autre triangle de direction. Mais leur isolement est assez théorique car les liens amicaux ou familiaux existent bel et bien.

Les membres de l’UJJ mènent des actions de propagande. Ils tractent, collent des papillons et inscrivent des graffitis sur les murs. Ils organisent des prises de parole devant les usines pour inciter les ouvriers à rejoindre leur mouvement. A partir du printemps 1943 et jusqu’à la Libération, le journal clandestin de l’UJJ Jeune combat est publié sous la responsabilité de Jacques Kott. Certains militants de l’UJJ se lancent aussi dans la lutte armée en intervenant dans les groupes de combat de l’UJRE et parmi les Francs-tireurs et partisans de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) : actions de récupération d’armes sur des soldats allemands, des policiers ou miliciens français ; actions de sabotage contre des usines ou des voies de communication pour nuire à l’effort de guerre allemand et contre Vichy.

À la Libération, le Parti décide qu’une organisation de jeunesse juive n’a plus de raison d’être. Il lui est demandé de se dissoudre dans la structure d’organisation des jeunes mise en place à l’époque par le PCF, c’est à dire l’UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France).


Auteur : Hélène Staes

Sources et bibliographie
- Claude Collin, Jeune Combat. Les jeunes juifs de la MOI dans la Résistance, Grenoble, PUG, 1998.
- Claude Collin, "Aux origines de l’UJJ (Union de la jeunesse juive). Contribution à l’histoire des organisations juives de Résistance" (texte non publié).
-Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Paris, Denoël, 1986.