Jardin de la Mémoire

Légende :

Ancien cimetière de Vassieux-en-Vercors devenu jardin de la Mémoire.

Genre : Image

Type : Jardin

Producteur : cliché Alain Coutaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique couleur des grandes lames de verre (73 au total) qui composent le Jardin de la Mémoire.

Date document : 2004

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

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Analyse média

Sur le talus limitant, au nord, le village de Vassieux-en-Vercors, était implanté le vieux cimetière. Il jouxtait également l'église. Un nouveau cimetière a été aménagé à quelques centaines de mètres au nord, en bordure de la route qui conduit à La Chapelle-en-Vercors. Il est proche de la nécropole nationale. Dans le vieux cimetière a été aménagé le jardin de la Mémoire dont les éléments essentiels sont des grandes lames de verre au nombre de 73. À cause des intempéries, du vent, des rigueurs du climat du Vercors, ces lames ont été déposées. Actuellement, il ne subsiste que les vestiges des anciennes tombes.

Au second plan, on aperçoit le clocher de l'église de Vassieux, pratiquement le seul élément non détruit lors de l'incendie causé par les combats de juillet 1944.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

Le jardin de la Mémoire a été co-financé par le Ministère de la Culture et le Parc naturel régional du Vercors. Le renouveau de la commande publique après 1945 permet aux artistes de produire des œuvres de plus en plus symboliques, rompant ainsi avec la « statuomanie » (Maurice Agulhon) du XIXe et surtout du XXe siècle avec les monuments aux morts commémorant le conflit de 1914-1918.  « cadavres domestiques, en bronze ou en marbre, de nos places publiques » (Picabia). Œuvre d'Emmanuel Saulnier, artiste parisien, le Jardin de la Mémoire a été inauguré en juillet 1994. De concert avec les pierres tombales les plus représentatives, les 73 lames de verre traduisent la volonté de rendre hommage aux victimes civiles des événements dramatiques de juillet 1944 quand la 157e division allemande a investi le Vercors. Le 21 juillet un groupe aéroporté atterrit à Vassieux. De durs combats, dans le village même, entraînèrent sa quasi-destruction, complétant celle du bombardement du 14 juillet. L'artiste exprime le sens de son œuvre :

« De la vallée, je regarde le paysage dégagé alentour; les montagnes, les forêts, le ciel - au loin j'aperçois le Mémorial qui marque et édifie le souvenir. Je pense à ces femmes et à ces hommes qui furent martyrisés parce qu'ils décidèrent justement d'être présents et de rester de toute façon - Je comprends la réelle parenté de ces mots qui transparaissent ici clairement dans ce lieu RESTER – RESISTER. Dans l'ancien cimetière de Vassieux émergent du sol soixante treize stèles de verre nues, verticales, au regard et en vue du Mémorial. Dans un mouvement ascendant, au plus haut de ce lieu, se tiennent les stèles les plus grandes. Elles sont au seuil maximal de leur hauteur; deux mètres chacune sur quatre vingt dix centimètres de large. Chacune se dresse formant un bouclier transparent. Elles abritent la vue et rendent visible le paysage. Puis, de façon progressive viennent les autres stèles, les plus nombreuses, très basses mais toutes se dégageant du sol. Une étroite bande de granit [granite] traverse à plat les plus hautes stèles; en une ligne continue de vingt six mètres, elle porte gravés soixante treize noms. Du haut du Mémorial, le cimetière de verre est nettement perceptible, les stèles réfléchissent la lumière naturelle par éclats ». Les lames de verre sont le symbole de la fragilité de la vie, vite brisée, de la pureté, de l'idéal des martyrs ; symbole aussi de la transparence à travers laquelle l'image du massif, de ses pierres, du vent, raconte une terrible histoire.

Le mémorial cité par l'artiste est celui du col de La Chau situé 300 mètres plus haut et dominant la val de Vassieux. Par temps ensoleillé, on pouvait apercevoir du mémorial ces lames de verre. Leur dépose, pour raisons de sécurité, a supprimé ces jeux de lumière. Actuellement, en 2011, ce lieu de mémoire a perdu une grande partie de son intérêt.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Prost Antoine, Les monuments aux morts, dans Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, tome 1, page 199, Quarto Gallimard, 1997, 1643 pages.