Le détachement juif "Julien Zerman"

Légende :

Le 22 septembre 1944, le quotidien Centre libre rend compte des obsèques célébrées à Oradour-sur-Glane puis à Limoges de Sarah Jakobowicz, l’une des victimes du massacre perpétré par les Allemands à Oradour-sur-Glane. La cérémonie est organisée par l’Union de Résistance et d’Entraide des Juifs de France (UREJF) qui fait réaliser un film à cette occasion. Ce reportage constitue la seule trace visuelle de l’existence d’une compagnie juive dénommée "Julien Zerman" en hommage au fondateur de l’Union de la jeunesse juive (UJJ) tué à Grenoble le 16 décembre 1943.

Voir en particulier la séquence vidéo débutant à 6 minutes qui montre le ruban portant l'inscription "Détachement militaire Julien Zerman" et celle commençant à 10 minutes où l'on voit le détachement à Oradour.

Genre : Film

Type : Reportage

Source : © Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine Droits réservés

Détails techniques :

Durée totale : 15 minutes 

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Limousin) - Haute-Vienne

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Contexte historique

Le 22 septembre 1944, le quotidien Centre libre rend compte des obsèques célébrées à Oradour-sur-Glane puis à Limoges de Sarah Jakobowicz, l’une des victimes du massacre perpétré par les Allemands à Oradour-sur-Glane, âgée de 16 ans et dont le frère David est membre des FTP de Limoges. La cérémonie est organisée par l’Union de Résistance et d’Entraide des Juifs de France (UREJF) qui fait réaliser un film à cette occasion. Ce reportage constitue la seule trace visuelle de l’existence d’une compagnie juive dénommée "Julien Zerman" en hommage au fondateur de l’Union de la jeunesse juive (UJJ) tué à Grenoble le 16 décembre 1943. 

Un entretien avec le commissaire aux effectifs de cette unité publié dans l’édition Centre-Ouest de Droit et Liberté début octobre 1944 signale que le "1er bataillon juif de Limoges" portant le nom de Julien Zerman, "jeune martyr de la liberté", "attend avec une grande impatience le jour où il pourra se battre contre le nazi, dans son propre pays". Le souhait de ces combattants est "de montrer au monde entier que les juifs sont capables de se battre et se battent bien".

Dans son numéro 1 du 12 novembre 1944, Liberté, journal de l’Union de Résistance et d’Entraide des Juifs de France, fait un compte-rendu de la cérémonie à laquelle assistent notamment des représentants des FTP de Limoges et de l’Organisation juive de Combat (OJC) de Toulouse. Le journal reprend également le discours prononcé par le délégué de l’UREJF.

Nous n’avons pu retrouver d’autres éléments concernant cette unité juive. C’est pourtant au sein de cette compagnie qu’André Schwarz-Bart –il s’y engage après la libération de Limoges- fait la connaissance d’Ernie Levy, dont il empruntera le nom et quelques éléments biographiques pour son roman Le dernier des Justes, prix Goncourt en 1959.
Dans une lettre du 30 juillet 1975 adressée à l’historienne Francine Kaufmann, André Schwarz-Bart évoque son passage au sein de la compagnie Zerman : "La compagnie Julien Zerman, formée uniquement de Juifs volontaires, français et étrangers, fût créée à Limoges après la Libération. De même était stationnée à Coulommiers, non loin de Paris, une autre compagnie juive qui portait le nom de Marcel Rayman, une des figures de la célèbre Affiche rouge. Voyant qu’on ne nous envoyait pas au front, je demandai à être muté pour la compagnie Rayman, qui devait incessamment partir pour l’Alsace. Puis arrivé à Coulommiers, et voyant qu’il en serait de même qu’à Limoges, je désertai pour gagner le front de la Pointe de Graves, où j’avais des amis qui régularisèrent ma situation militaire. Ce point de détail pour souligner que je voulais d’abord me battre comme Juif, et qu’il ne dépendit pas de moi si les choses se passèrent autrement. En effet, aucune des deux compagnies ne fût dirigée vers le front. On n’avait pas voulu que les Juifs se battent comme tels : c’est pour moi une certitude."


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie
Archives départementales de Haute-Vienne 993W225.
Archives départementales de Dordogne, PER 223 : Droit et Liberté, édition Dordogne - Corrèze.
Bibliothèque francophone multimedia- ville de Limoges : DL 155411 - Liberté, journal de l’Union de Résistance et d’Entraide des Juifs de France, n°1, 12 novembre 1944.
Archives privées Francine Kaufmann.

Jean-Jacques Fouché, Oradour, Paris, Liana Levi, 2001, réédité en 2013.
Francine Kaufmann, "La non-vocation d’André Schwarz-Bart", Continents manuscrits [En ligne], 10 | 2018, mis en ligne le 15 mars 2018, consulté le 07 septembre 2021.