Ladislas Mandel

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Coll. André Magne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Ladislas Mandel (alias Lucien Mandel) naît le 26 mai 1921 dans une famille juive à Oradea, en Transylvanie, région appartenant à la Hongrie avant la guerre de 1914, mais rattachée à la Roumanie par le traité du Petit Trianon. A 12 ans il entre dans les Pionniers, organisation communiste pour les enfants. En 1936, empêché de s’inscrire à l’École des Beaux-arts à Bucarest en raison du numerus clausus limitant l’accès des Juifs, il rejoint un de ses frères à Rouen. Il poursuit ses études à l’École des Beaux-arts de Rouen puis l’année suivante à Paris.

A Paris, il milite au Parti communiste et au groupe de langue hongrois de la Main d’œuvre immigrée (MOI). Trop jeune pour participer à la Guerre d’Espagne, il héberge des Hongrois qui en reviennent. Lors de la Débâcle de juin 1940, il quitte Paris pour Sarlat (Dordogne) puis Arles (Bouches-du-Rhône) où il participe aux vendanges. Bruno Razzoli, membre du Parti communiste italien clandestin (PCI), le met en contact avec d’autres responsables italiens basés à Arles. Au cours de l’été 1941, craignant d’être arrêté, il se réfugie dans la famille de son frère près de Limoges. Arrêté en septembre 1941 à Limoges au cours d’un banal contrôle de police, il est envoyé au Groupement de Travailleurs Étrangers de Mauriac (Cantal) affecté à la construction du barrage de l’Aigle (Corrèze). Apprenant qu’un contingent a été sélectionné pour partir travailler en Pologne, il réussit à s’évader muni de faux papiers fabriqués par des compagnons espagnols.

De retour à Arles en septembre 1942, il rencontre Felice Platone, ancien chef d’état-major de la 12e brigade Garibaldi pendant la Guerre d’Espagne et cadre important du PCI clandestin pour la zone Sud. Platone deviendra le premier commandant militaire des FTP-MOI de la Zone sud de novembre 1942 à septembre 1943.
En janvier-février 1943, Ladislas Mandel est envoyé par Platone à Agen pour organiser des réunions parmi de jeunes Italiens antifascistes afin de les inciter à entrer dans l’action armée au sein des FTP-MOI. C’est à ce moment-là que nombre d’Italiens déjà organisés par le PCI clandestin du Lot-et-Garonne sont versés dans la 35e Brigade FTP-MOI dont le commandement est à Toulouse. Les relations avec les familles italiennes se tendent, on accuse Ladislas Mandel de mettre en danger les jeunes recrues mais aussi les familles.

En janvier 1944, il est muté à Toulouse. Il est présenté à Victor Bardach (alias Jan Gherard), commandant militaire interrégional, qui lui confie sa première mission de combat : exécuter un soldat allemand. En compagnie d’Enzo Godeas, qu’il avait recruté à Castelculier près d’Agen, il réalise avec succès cette opération courant janvier à Toulouse. Il participe à des sabotages divers et des déraillements de trains. Jan Gerhard lui confie la responsabilité d’un groupe puis d’un détachement. Il est enfin nommé commandant militaire régional en remplacement de Robert Lorenzi (alias Robert le blond) fin mars, début avril 1944.

Le 4 avril 1944, en gare Matabiau de Toulouse, il réussit à passer un contrôle de police qui aboutit à de nombreuses arrestations. Il rejoint Montauban et est mis à l’abri chez des Espagnols en attente d’une nouvelle affectation. Convoqué à Lyon, présenté au responsable militaire interrégional, Georges Grünfeld (alias Lefort), Juif d’origine hongroise comme lui, il redevient homme de base.

Fin mai-début juin 1944, il est envoyé dans un maquis FTP-MOI constitué dans la banlieue de Lyon, à La Croix du Ban, dont le commandant militaire est Ignaz Krakus (alias Roman), Juif polonais. Après diverses actions il est nommé responsable du maquis et le 14 juillet 1944, organise la fête nationale dans le village de Saint-Pierre-la-Palud. Il est rappelé à Lyon pour y prendre le commandement d’un détachement urbain. Il doit d’abord rencontrer Michel Frey, responsable militaire régional FTP-MOI pour le Rhône. Le 25 juillet 1944, dans le Parc de la Tête d’Or à Lyon, ils tombent dans un guet-apens tendu par la Gestapo. Michel Frey est arrêté tandis que Ladislas Mandel s’échappe malgré les tirs nourris des policiers allemands. Ladislas Mandel succède à Michel Frey et commande les détachements FTP-MOI qui vont participer à la libération de la ville (conclue le 3 septembre 1944).

Après une brillante carrière dans le milieu de la typographie, il meurt le 21 octobre 2006.


Auteur : André Magne

Sources et bibliographie :
Service Historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 388810 (dossier individuel)
Service Historique de la Défense, Vincennes, GR 19 P 31, 35e Brigade FTP-MOI
Jean-Yves Boursier, La guerre des partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944, la 35e brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.
Claude Collin et Ladislas Mandel, "Ladislas Mandel dans les rangs des FTP-MOI", in Guerres Mondiales et Conflits Contemporains, n° 234, pp. 87-117, 2009.