A Marseille, une rentrée des classes sous le signe de la patrie

Légende :

Le Petit Provençal rend compte de la première rentrée des classes à Marseille après la défaite de la France.

Genre : Image

Source : © archives privées Robert Mencherini Droits réservés

Date document : 3 septembre 1940

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Le Petit Provençal est le quotidien régional le plus lu avec un tirage de 245 000 exemplaires par jour. Il consacre un long article à la rentrée des classes des écoles primaires le 02 septembre 1940.

Le titre de l'article renvoie à une routine bien établie : en septembre, les écoliers retrouvent le chemin de l'école. Le sous-titre montre que des événements exceptionnels ont eu lieu et qu'ils impliquent une réflexion de tous y compris des plus jeunes. Il annonce aussi un des thèmes favoris de la Révolution nationale : la patrie.
Les quatre premiers paragraphes présentent les conditions matérielles de cette rentrée qui se veut la plus normale possible : enfants heureux de retrouver leurs camarades, bancs repeints à neuf. Il s'agit de montrer à l'opinion que le gouvernement offre à ses populations des conditions de vie proches de celles de l'avant-guerre. Deux paragraphes cependant évoquent les conséquences de la défaite : trente écoles sont devenues des centres d'accueil pour réfugiés venus de la zone occupée. Des enseignants aussi n'ont pu retrouver leur poste à temps faute de moyens de transport.
La seconde moitié de l'article se coule dans le moule de la communication gouvernementale : exaltation de la patrie incarnée par le maréchal Pétain. Le préfet et l'inspecteur d'académie ont tenu à vérifier sur place que l'idéologie du nouveau régime était dés la première heure enseignée aux enfants.
Aucun élément négatif ne vient ternir cette journée. La vie sous l' égide du maréchal reprend son cours et la jeunesse studieuse annonce un avenir régénéré.


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

La rentrée des classes s'effectue en septembre 1940 dans un pays bouleversé. Les Français ont assisté à la défaite de leur armée, l'effondrement de l’État et l'avènement d'un régime qui s'annonce d'emblée en réaction contre la troisième République. Marseille , éloignée des théâtres d'opération a cependant subi deux bombardements les 1er et 21 juin 1940. Surtout, la ville a vu affluer des centaines de réfugiés, français ou étrangers, qui ont fui l'avancée des troupes allemandes. Le Petit Provençal est avec Le Petit Marseillais un des deux quotidiens les plus lus de la région. Les deux journaux se conforment très vite à la nouvelle orientation politique et deviennent un instrument de la propagande du régime.

L'école est un enjeu majeur pour le gouvernement du maréchal Pétain. La jeunesse doit être façonnée de façon à garantir l'avenir du régime. Dés le premier jour de classe, y compris pour les jeunes enfants, les nouveaux principes sont enseignés dans le style doloriste de la Révolution nationale et du maréchal Pétain.


Auteure : Sylvie Orsoni