Mise en disponibilité d'un enseignant franc-maçon, lycée Thiers Marseille

Légende :

Procès-verbal d'installation d'un enseignant en remplacement d'un collègue mis en disponibilité pour appartenance à la Franc-maçonnerie, Lycée Thiers, janvier 1941

Genre : Image

Type : document officiel

Source : © archives départementales des Bouches-du-Rhône, 122 W 1 Droits réservés

Date document : 6 octobre 1941

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Le procès-verbal établi le 6 octobre 1941 par le proviseur du lycée Thiers montre l'éviction d'un enseignant de mathématiques en application de la loi du 13 août 1940 interdisant les « sociétés secrètes » en l'occurrence la franc-maçonnerie. Le fonctionnaire est mis en disponibilité et non révoqué comme ses collègues frappés par le Statut des Juifs.


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

Francs-Maçons et Juifs constituent une des obsessions de l'extrême-droite et plus largement des conservateurs. Considérés par Charles Maurras comme les piliers de « l'Anti-France », ils sont rendus responsables des maux qui frappent le pays. L'Église catholique se montre particulièrement hostile à la franc-maçonnerie et interdit à ses membres d'y adhérer. Les rituels mystérieux de leurs réunions réservées aux seuls initiés alimentent tous les délires complotistes. Lieu d’une sociabilité majoritairement masculine, les loges maçonniques qui se développent à la fin du XIXe siècle regroupent les partisans d'une république laïque, souvent radicaux ou socialistes modérés. Le médecin, l'instituteur, le commerçant dans les petites villes et les villages s'opposent aux curés et aux notables conservateurs. En conséquence, le gouvernement de Vichy fait de l'éradication de la franc-maçonnerie une de ses priorités.

Aussi dès le 13 août 1940, à peine un mois après l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, une loi interdit « les sociétés secrètes ». Si le mot n'est pas prononcé, c'est la franc-maçonnerie qui est visée. Un décret du 19 août 1940 lève toute ambiguïté en prononçant la dissolution de deux obédiences maçonniques, la Grande Loge de France et le Grand Orient de France. Les fonctionnaires doivent s'engager par écrit à rompre tout lien avec la franc-maçonnerie, s'ils en ont fait partie et à ne pas y adhérer à l'avenir. Un refus ou une dissimulation entraîne la révocation. Les fausses déclarations sont punies de peines de prison et d'amendes. Immédiatement les préfets doivent veiller à l'application de la loi dans les administrations et services publics sous leur autorité.


Auteure : Sylvie Orsoni

Sources

Echinard Pierre, Orsoni Sylvie, Dragoni Marc, Le lycée Thiers, 200 ans d'histoire, Aix-en-Provence, Edisud, 2004.
Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2. Paris, Syllepse, 2009.
Paxton O. Robert, La France de Vichy. 1940-1944, éditions du Seuil, Paris, 1973.
Rémy Dominique, Les lois de Vichy. Actes dits « lois » de l'autorité de fait se prétendant « gouvernement de l'Etat français », éditions Romillat, Paris, 1992.
Rossignol Dominique, Vichy et les francs-maçons. La liquidation des sociétés secrètes,1940-1944, Paris, JC Lattès, 1981.