Questionnaire à tous les chefs de région FFI

Légende :

Document national du chef de l’État-major national, « Joinville », à tous les chefs de région FFI.

Genre : Image

Type : Questionnaire

Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l’AERI Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié d’une page. Format A4.

Lieu : France

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Contexte historique

Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont créées le 29 décembre 1943 : un accord est signé Pierre Dejussieu, « Pontcarral », pour l’Armée secrète (AS), par le colonel Beaufils, « Latour », au nom des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et par Louis-Eugène Mangin pour le Comité français de la Libération nationale. Le but est d’unifier les commandements au niveau départemental, régional et national, les unités conservant leur indépendance. Le 26 février 1944, l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) est intégrée aux FFI.

En fait, il faudra du temps pour les mettre en place, en particulier, dans la région R4. Serge Ravanel ("Verdun", "Hexagone", "Brotteaux") est chargé tardivement de cette mission. Une lettre de Malleret ("Joinville") du 17 mai 1944 fait de lui le " représentant désigné des FFI pour la région de Toulouse, titre (qu'il) cumule avec celui de chef régional CFL ". Un peu plus tard, le 6 juin 1944, un télégramme du général Koenig, adressé à " Hexagone ", confirme cette nomination. Reste à la faire accepter. Or, Pommiès, le chef du Corps Franc, la conteste, car Londres, interrogé, nie toute désignation concernant..."Verdun". Mais c'est une réponse normale, puisque c'est sous le nom d' " Hexagone ", autre pseudonyme de Serge Ravanel, que celle-ci a été faite. La situation est en fait très complexe. La création des FFI suppose une bonne coordination entre des groupements qui se sont développés séparément, et qui sont différents pour tout ce qui touche l'action et les objectifs. Il faut surmonter les particularismes, les différences d'orientation et de stratégie, le climat de méfiance ou de rivalité qui a pu exister jusque-là. A cela s'ajoutent des oppositions de personnes et des rivalités de pouvoir. Cependant, petit à petit, les choses avancent. Comme l’explique Ravanel, il a fallu " convaincre (plutôt que) de donner des ordres ". Aux CFL viennent se joindre, sans trop de difficultés, les FTPF, les guérilleros, le bataillon de l'Armagnac (groupe Parisot du Gers). Avec l'ORA, un accord définitif est signé fin juillet-début août, mais... Pommiès ne l'accepte pas. Il refuse toute mission autre que militaire et, ayant l'impression d'être mis devant le fait accompli, il préfère démissionner de son poste de chef régional ORA... sans pour autant rompre les ponts avec le commandement FFI. Les relations n'en restent pas moins difficiles.

C'est aussi le cas du CFMN. Situé dans la Montagne noire aux limites des régions R4 et R3, celui-ci constitue une force bien équipée mais vulnérable, autonome, et qui refuse " d'appliquer la tactique préconisée de la guérilla ". Aux dires de Ravanel c'est la seule formation à avoir vraiment " refusé l'intégration dans les FFI " en R4. A la veille de la Libération on peut dire qu'il existe bien une force FFI en R4, notamment en Haute-Garonne. On a évalué à 7 342 le nombre des AS-CFL dans ce département, à 2 730 celui de l'ORA et à seulement 1 484 celui des FTPF. Ce sont des chiffres sans doute partiels, mais des ordres de grandeur tout de même. Le chef de l'AS et des CFL, Jean-Pierre Vernant, est devenu le chef départemental FFI. Il dispose d'un état-major où sont représentés, tout à la fois, les CFL (avec Jean Miailhe), les FTPF (avec "Le Mineur") et l'ORA (avec le commandant Dubié). Au niveau régional, Ravanel est en principe à la tête d'une force totale de 43 648 FFI (dont 15 933 FTPF, concentrés surtout dans le Lot et en Ariège, 14 254 AS-CFL et 9 402 ORA). Dans son état-major on trouve des représentants de l'AS-CFL avec Cartier-Bresson (" Vincent "), des FTP avec Delcamp (" Greno "), de l'ORA avec de Bermond de Vaulx (" Graves "). Des liaisons existent avec le Corps Franc Pommiès grâce à Sarrazin (" Tavernier "), avec le bataillon de l'Armagnac (groupe Parisot), avec les guérilleros et avec les groupes Veny qui sont présents surtout dans le Lot. Le bilan n'en reste pas moins nuancé et contrasté. La situation des groupements FFI est très inégale. L'afflux des volontaires dans les maquis, après le 6 juin, accentue les problèmes de formation, d'encadrement et d'armement. Malgré des demandes incessantes, les moyens envoyés par Londres et Alger restent insuffisants. Quant à la réalité de l'unification ou, plus simplement, de la coordination entre les groupements, elle est encore pour le moins incertaine, si on en croit ce qu'écrit le responsable régional SAP, Henri Guillermin (" Pacha "), dans son courrier du 2 août adressé au BCRA : " Les FFI n'existent que sur le papier. La fusion n'est pas faite, et tout laisse prévoir qu'elle sera longue à réaliser. " Il parle même de l'existence de " rancunes et (de) haines locales " qui ne peuvent que retarder le mouvement. 


Sources : Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 2006. Michel Goubet, in cédérom sur la Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2009.