Témoignage de Gaston Dumas, surveillant à la maison centrale d’Eysses

Légende :

Extrait du disque 33 tours « Eysses, de la Résistance à la déportation » réalisé en 1962.

Genre : Son

Type : Disque

Producteur : Amicale d’Eysses

Source : © Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysses Droits réservés

Détails techniques :

Durée totale : 27 minutes 40 secondes. Durée de l’extrait : 00 :00 :30s. Emplacement de l’extrait : 00 :07 :23s.

Date document : 1962

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

« Ce disque a été réalisé à partir de la bande enregistrée, mise gracieusement à la disposition de l’Amicale, après avoir été diffusée par Europe 1 dans l’émission « La Marche du Temps ». Texte de Claude Dufresne. Récitant Julien Bertheau, ancien Sociétaire de la Comédie française. Les témoignages ont été recueillis à l’occasion d’une cérémonie commémorative, sur les lieux des événements, par Jean-Pierre Chapel. » (texte extrait du verso de la pochette du disque).

Retranscription du témoignage de Gaston Dumas : « Mon rôle à moi a été un petit peu à part. C’est moi qui dirigeait l’atelier de menuiserie de la centrale d’Eysses et j’avais contacté certains camarades, en l’occurrence notre camarade qui a été fusillé Auzias, pour qu’il m’affecte des détenus à l’atelier. Nous sommes arrivés à créer vraiment un lien de fraternité et c’est ce qui a permis que le travail insurrectionnel qui devait se faire à la centrale d’Eysses s’est fait.»


Sources : Disque 33 tours « Eysses, de la Résistance à la déportation »

Contexte historique

Gaston Dumas, chef de l’atelier de menuiserie, est un personnage- clef de la centrale. Entré à Eysses en 1938 en qualité de moniteur menuisier, engagé syndicalement en 1939, il serait devenu l’homme de confiance du directeur. Sa fonction est d’une grande utilité pour la Résistance, car il possède les clefs d’une partie de la détention, et effectue des liaisons ; sous prétexte de livraisons, il arrange des rendez vous entre la résistance extérieure et intérieure, organise l’évasion d’un politique, fait entrer des armes. C’est lui qui assure la liaison avec le mouvement Libération de Villeneuve sur Lot, dirigé par G. Bouvard, et dirige le Front national des gardiens qui comprendra quinze membres (sur 134 surveillants) au plus fort de l’organisation début 1944. Si l’on y ajoute deux gardiens appartenant au mouvement Franc-Tireur, et un gardien que l’on peut qualifier de résistant isolé, on arrive à un total de dix- huit gardiens, soit 14% du personnel de surveillance. Minorité certes, mais imposante eu égard aux risques encourus.

Cet engagement est en partie le résultat d’un prosélytisme de la part des politiques. Il s'agit d'un engagement par des mots, d'une résistance idéologique, dont le premier but est de faire prendre conscience aux gardiens que leur mission de maintien de l'ordre ne doit pas se confondre avec la répression politique d'un Etat dictatorial.


Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2007. Corinne Jaladieu, Les centrales sous le gouvernement de Vichy : Eysses, Rennes, 1940-1944, thèse de doctorat (non publiée), Histoire, Rennes 2, 2004.