Extraits du témoignage de Lucien Benoit évoquant le régime carcéral

Légende :

Régime carcéral en vigueur à Eysses en juillet 1943.

Type : Témoignage écrit

Source : © Archives privées Corinne Jaladieu Droits réservés

Détails techniques :

Retranscription sur un document .pdf.

Date document : Sans date

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Né à Paris le 5 décembre 1920, membre du Parti communiste français, Lucien Benoit est arrêté à l'été 1940 pour avoir diffusé l'appel de Maurice Thorez et Jacques Duclos. Il est condamné à deux ans de prison qu'il effectue au fort de Montluc de septembre 1940 à septembre 1942. À sa sortie, il est envoyé dans un camp de jeunesse disciplinaire où il poursuivit son action militante, ce qui lui vaut une nouvelle arrestation en décembre 1942. Interné à Saint-Paul-d'Eyjeaux, il s'évade. Il est repris en juin 1943 et incarcéré à Limoges puis à Eysses où il arrive le 25 juillet 1943. Il y reste à peine un mois puisque le 16 août 1943 il est renvoyé au camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux.


Sources : Nécrologie de Lucien Benoit, L’Humanité, 26 décembre 2005.

Contexte historique

Le 15 août 1940, Eysses passe sans transition d’un établissement destiné aux mineurs à une centrale de force destinée aux adultes considérés comme les plus dangereux. Alors que le nombre de détenus oscillait avant guerre autour de deux cents, en juin 1940, suite à la débâcle et à l’exode pénitentiaire, l’effectif atteint 7 à 800 détenus. Mais la prison ne comptera jusqu’au 30 septembre 1943 que 10% de politiques, comptant dans ses murs essentiellement des prisonniers de droit commun condamnés pour vols. Le régime carcéral qui s’applique est celui propre aux maisons centrales. Les premiers « politiques » (ils ne sont que 7) arrivent à Eysses en 1940 en provenance de la maison centrale de Poissy. Bagnards en tenue de bure, les quelques politiques demeurent mêlés aux droits communs. Dans la journée, les prisonniers travaillent dans les ateliers de la centrale. L’obligation de silence est de rigueur, de même que la marche au pas cadencé. L’alimentation de base est insuffisante, de façon à pousser le détenu à s’assurer un surplus grâce à son travail. Néanmoins, une instance est prévue permettant un dialogue entre surveillants et surveillés où les réclamations de ces derniers sont légales.


Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy. L’exemple des centrales d’Eysses et de Rennes, L’Harmattan, 2002. Amicale des anciens d’Eysses, Eysses contre Vichy, 1940-…, Editions Tiresias, 1992.