Compagnons de France sur un chantier à Barbières

Légende :

Groupe de Romans-sur-Isère.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc, extraite du journal Le Petit Dauphinois, date inconnue.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Barbières

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Analyse média

Les jeunes garçons, équipés de pioches, pelles, brouettes, aménagent un chemin sur la commune de Barbières, chantier qui leur a été attribué par le préfet.
La tenue consiste en une chemise à poches et pattes d’épaule et aux manches retroussées à l’intérieur, une culotte courte en été, un pantalon de golf en hiver, un béret bleu foncé, une cravate dont la couleur indique le grade atteint. L’insigne métallique représente un coq stylisé, blanc sur fond rouge.

La photographie est extraite du journal Le Petit Dauphinois, journal pétainiste qui a pris fin à la Libération.


Auteur(s) : Robert Serre

Contexte historique

Les Compagnons de France, créés le 25 juillet 1940, devaient être, selon le vœu du Maréchal, « les pionniers du redressement [du pays] par leur travail, leur ardeur généreuse, leur passion de servir ». Il s’agit, sur la base du volontariat, de mettre aux jeunes chômeurs « des souliers aux pieds, du pain à la bouche et de l’espoir au cœur », et de faire concourir ces « jeunes Français en friche » de 16 à 30 ans à l’aide aux réfugiés et aux prisonniers. Les jeunes Compagnons, organisés en compagnies, sont employés pendant six heures chaque jour à des travaux de forestage, de carbonisation, de terrassement, ou dans l’agriculture. Après le travail, l’éducation physique et la formation prennent le relais. Le compagnon est nourri, logé et reçoit un franc par jour. La bonne volonté ne manque pas, mais la pagaïe et la pénurie du moment limitent beaucoup les ambitions. Salut, cérémonie au drapeau, serment d’engagement confirment que l’on a affaire à un mouvement « ardemment pétainiste », qui « applique et fait appliquer les mesures de salut public prises par le gouvernement ».

Pourtant, les Compagnons vont prendre leurs distances avec le vichysme et on y verra des refus de la Relève et du STO, l’opposition au racisme et à l’antisémitisme. Dès la fin 1942, l’invasion de la zone Sud par les Allemands amène nombre de compagnons à passer dans la Résistance. D’octobre à décembre 1943, le maquis Bozambo s’installe à l'école des cadres des Compagnons de France au château de la Pérouze sur la commune de Saint-Sorlin-en-Valloire, avec l'accord du directeur de l'école, Jean Drouot, futur responsable départemental de l'Armée secrète puis des FFI de la Drôme (« L’Hermine »). Soupçonnée d'être proche des idées résistantes, l'école est dissoute par Vichy.

À côté du mouvement se créent en septembre 1941, les Compagnons de la Musique, animés par Jean-Louis Jaubert et qui deviendront les « Compagnons de la Chanson ». Ils donnent des séances musicales en janvier 1943 dans la Drôme à Romans, Montélimar, Nyons, Livron, Saint-Vallier, Crest au profit de l'œuvre des « beaux jeudis ». À Crest, le 27 janvier, à l'occasion du repas que les Compagnons de Crest offrent au Joubernon aux « Compagnons de la musique », Brentrup, instituteur, responsable des Alsaciens-Lorrains réfugiés, futur chef de compagnie, et Coureaud, Romanais responsable des Compagnons, assistant de Barbu à la communauté Boimondau, décident d'unifier leur action. En mars 1943, Arnaud-Denis chargé de l’Organisation de Résistance de l’armée (ORA) du département, intègre cette compagnie des Compagnons de France de Coureaud et Brentrup, avec 250 hommes. En juillet 1943, Jean Isnard, des Compagnons de France, va former autour de lui, à Blacons, une petite équipe qui rejoindra le maquis le 6 juin 1944.

En janvier 1944, Coureaud échappe de peu à l’arrestation, prévenu par un milicien qui avait été son camarade d'enfance. La Milice et la Commission d'armistice allemande le suspectent. Le 20 janvier 1944, les bureaux valentinois des Compagnons sont " déménagés " et la Milice décide d'arrêter Gustave Coureaud et de surveiller étroitement les chefs Compagnons de Valence. Le même jour, Laval dissout le mouvement, qu’il juge « pénétré par de nombreux agents ennemis ». On ne parlera plus alors que d’anciens Compagnons, le plus souvent repérés pour un fait de Résistance.

Les Allemands, le 6 mai 1944, font une descente au Secrétariat de la Jeunesse, rue des Alpes à Valence, où ils arrêtent, grâce à une dénonciation, Juliette Granier, ancienne secrétaire pour des Compagnons de France. Elle s'occupait des fausses cartes, des liaisons et du secrétariat pour la Résistance. Juliette Granier est déportée.


Auteur(s) : Robert Serre
Sources : AN, 3AG2/478-171Mi189. Archives BCRA SHAT, 13 P 48. ADD, 97 J 91, 1920 W, 11 J 38, 11 J 39. Gerland, La Résistance en Drôme Centrale, page 42. Lucien Micoud, Nous étions cent cinquante maquisards, p. 24-25, 30, 38, 41, 46-48, 192, 193 (notes de fin). P. P. Lambert et G. Le Marec, Organisations, mouvements et unités de l’État français, Vichy 1940-1944, J. Grancher Paris 1992, réédition Le grand livre du mois, 2002. Pierre Giolitto, Histoire de la jeunesse sous Vichy, Perrin Paris 1991. Jeanne Deval, Les années noires, éd. Deval, Romans, 1984.