Plaque commémorative : arrestation de membres de Défense de la France

Légende :

Plaque située au 68 rue Bonaparte, Paris 6e

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Archives Jean-Marie Delabre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : Mai 1991

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

A la rentrée de 1940 en Sorbonne, deux étudiants en philosophie, Philippe Viannay et Robert Salmon, liés par le refus de l'occupant allemand, formulent l'idée d'un journal clandestin. Soutenus par un industriel, Marcel Lebon, les étudiants recrutent deux jeunes femmes, animées des mêmes intentions. La bibliothécaire du laboratoire de géographie physique, Hélène Mordkovitch, et une étudiante en géographie, Charlotte Nadel. Ce noyau, que viendront rejoindre d'autres étudiants (Génia Gemähling, Jean-Daniel Jurgensen, Geneviève de Gaulle), forme le Comité directeur de "Défense de la France", caractérisé par la jeunesse et l'apolitisme. Pour la plupart appartenant à la bourgeoisie catholique, d'un patriotisme de droite anti-allemand, ces étudiants - à l'exception de Charlotte Nadel et d'Hélène Viannay, issues d'un milieu d'immigrés russes modestes - partagent des valeurs chrétiennes, démocrates-chrétiennes et patriotiques. Ce registre de valeurs apporte une lecture de la défaite marquée avant tout par le rejet de l'occupation allemande et du nazisme. Il oriente l'action de ces étudiants vers un engagement "moral" de mobilisation de l'opinion que concrétise la publication d'un journal clandestin. Peu disposés à l'action militaire, confiants dans la politique de Pétain (en particulier Philippe Viannay), ces étudiants ne cherchent ni à rejoindre de Gaulle, qu'ils ne soutiennent pas, ni à créer un réseau, et condamnent la lutte armée. Le mouvement recrute de façon homogène dans un milieu d'étudiants et de fonctionnaires ; rares sont les paysans et les ouvriers à y adhérer.

Comme tout mouvement, Défense de la France connaît une maturation de sa stratégie qui dépend étroitement de la chronologie et des événements scandant la clandestinité. Au début de l'année 1943 une partie du groupe d'étudiants parisiens dirigé par Jacques Lusseyran, les Volontaires de la Liberté, rejoint Défense de la France.

Le 20 juillet 1943, le mouvement est frappé par une série d'arrestations. En effet, la Gestapo française (la bande Bony-Laffont) a tendu une souricière dans la librairie de Mme Wagner "Au vœu de Louis XIII", 68 rue Bonaparte (VIe arrondissement), qui servait de boîte aux lettres au mouvement. Plus d'une cinquantaine de membres de Défense de la France sont arrêtés ce jour-là dont Jacqueline Pardon, Jacques Lusseyran, Maurice Lamy, Jean-Marie Delabre et Geneviève de Gaulle. Jacqueline Pardon est libérée par manque de preuves en décembre 1943. Tous les autres vont être déportés.

Non représenté au CNR, tout en restant loyal vis-à-vis du CFLN, Défense de la France adhère au début de l'année 1944 au Mouvement de Libération nationale, pour lequel il élabore un projet politique. Robert Salmon en est le représentant, ainsi qu'au sein du Comité parisien de libération. En février-mars1944 le mouvement crée des corps-francs et organise deux maquis FFI, dont un en Seine-et-Oise, dans les environs de Ronquerolles, commandé par Philippe Viannay qui se livre à des actions de sabotage et de guérilla en application du plan Vert. Les Allemands attaquent le maquis le 19 juin 1944 l'obligeant à se disperser. De nombreux éléments de Défense de la France participent aux combats de la Libération de Paris.


Cécile Vast in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004