Visa et cachet du censeur sur le n° 2292 du Crestois du 11 mars 1944

Légende :

Pour maîtriser l'information, la censure est largement utilisée par le régime de Vichy.

Genre : Image

Type : Presse officielle

Source : © Collection Le Crestois Droits réservés

Détails techniques :

Coupure de journal. Diamètre du cachet : 36 mm.

Date document : 11 mars 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

Coupure du journal Le Crestois portant le visa du censeur chargé de contrôler le contenu des articles.
Le Crestois est un hebdomadaire. Avant chaque parution, les services de la censure font contrôler par un de leurs agents la conformité des articles avec la législation en vigueur.


Auteur(s) : Jean Sauvageon

Contexte historique

Le Crestois, à l'époque très catholique, a toujours eu une attitude favorable à la Résistance, ne publiant qu'à la dernière extrémité et après plusieurs mises en demeure les articles imposés par Vichy. M. Claude Pluvy, directeur du journal, a été en lutte constante avec la censure de Valence. Au mois de mai 1943, le gouvernement de Vichy a présenté un contrat obligeant à suivre l'orientation donnée par le gouvernement et invitant à publier des articles destinés à soutenir l'action gouvernementale. Le directeur a refusé de signer un tel contrat. Le journal a néanmoins continué à paraître grâce à un inspecteur du ministère de l'Information. M. Pluvy a été membre du Comité de Libération de Crest.

Autres journaux locaux soumis à la censure :

Le Petit Valentinois, « organe républicain de la Drôme et de l'Ardèche » s'est borné à insérer quelques articles imposés par Vichy et a adopté une attitude résistante, procurant des fausses cartes d'identité à de nombreux jeunes gens. 

La direction politique de Valence républicain et Le Journal de la Drôme est confiée à M. Henry de Gailhard-Bancel, président de la Corporation paysanne. Ces deux affaires ont été placées sous séquestre le 15 février 1945 par l'administration des Domaines.

À Nyons, le journal Le Pontias paraissait hebdomadairement avant 1939 et publiait surtout des annonces légales et des informations locales. N'ayant pas signé le contrat du gouvernement de Vichy, l'imprimerie n'avait pas d'attribution de papier et la parution devint mensuelle. De nombreuses fois, il a été dans l'obligation d'insérer des extraits des « feuilles roses » envoyées par Vichy et intitulées « Documents réservés à la presse ». Il a, à plusieurs reprises, été en butte avec le censeur de Valence, Il a imprimé clandestinement des tracts pour la Résistance.

Le Bonhomme Jacquemart, journal hebdomadaire romanais, est dirigé par Albert Gerin. Il a publié des articles favorables à la politique de Vichy. Pour sa défense, Albert Gerin déclare le 13 mars 1946 : « Pendant l'Occupation, comme tous les journaux, j'étais obligé de faire paraître des articles qui m'étaient inspirés par les fiches de documentation ». Mais sous cette couverture de journal plutôt collaborationniste, l'imprimerie Gerin a participé à l'impression clandestine de documents favorables à la Résistance. En 1943-44, il a imprimé des milliers de cartes d'identité et fourni des faux tampons. En 1944, il a imprimé La Drôme en armes, Les Étoiles, Franc-Tireur, des tracts et des romans de la Bibliothèque française.

Il est difficile de dénouer la part de collaborationnisme, d'opportunisme, de souci de perdurer, de nécessité de percevoir le papier contingenté, mais aussi de la couverture officielle qui permettait d'imprimer des tracts, des journaux, des documents clandestins.


Auteur(s) : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.