Jacques Bloch : les liaisons avec Londres

Légende :

Extrait du témoignage de Jacques Bloch, dans lequel il évoque les liaisons avec Londres, en février 2009

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:00:45

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Retranscription :

" On a eu, notamment pour cette histoire d'appel des avions, des postes émetteurs parachutés qui permettaient d'entrer en relation avec les aviateurs qui avaient quelque chose à demander. C'était des appareils spécifiques, si on peut dire. Je n'en ai plus, mais j'ai toujours la notice d'un appareil anglais qui s'appelait " Midget* ". Je ne sais plus où elle est. Grâce à cet appareil, on pouvait converser avec les avions qui venaient nous ravitailler.

On écoutait tous les soirs la radio anglaise... pour avoir le message, y compris celui que l'on attendait beaucoup. On ne savait pas ce que c'était, mais on savait que c'était très important... C'était le message du débarquement. "


* Le poste " Midget " est plus connu sous le nom de " récepteur MCR 1 " (Miniature Communication Receiver, poste récepteur miniature). Il était produit sous contrat par la firme Philco à Privale. A la fin de la guerre, Philco en a fabriqué plus de 30 000. Surnommé " biscuit " car emballé dans des boîtes de biscuits Huntley & Palmer de deux livres, il peut être utilisé grâce à l'électricité du courant secteur ou avec des batteries sèches et couvre une gramme de fréquences de 150 kHz à 15 MHz. Il a été originellement conçu pour la réception d'émissions radio ordinaires, mais couvre aussi les gammes porteuses des signaux du morse.
Le MCR 1 est parachuté en grande quantité en 1944, pratiquement un par terrain en service. L'Etat-major allié craint qu'à la suite des bombardements ou des sabotages liés au débarquement, le courant électrique ne soit coupé et qu'il devienne impossible d'écouter les messages de la BBC et donc, de réaliser les opérations de parachutage et d'atterrissage au moment où celles-ci sont les plus nécessaires. 


* Jean-Louis Perquin, Les opérateurs radio clandestins, éditions Histoire & Collections, Paris, 2011.

Contexte historique

Jacques Bloch est né le 7 juillet 1924, il a donc 15 ans lorsque la guerre éclate. Son père, mobilisé, est fait prisonnier de guerre. Il est libéré durant l'été 1941, avec les autres officiers de réserve anciens combattants de 1914-1918. Mais à son retour, le proviseur du lycée où il enseigne lui annonce qu'il est révoqué, parce qu'il est juif. Deux jours plus tard, c'est la mairie qui convoque le père de Jacques : les Allemands réquisitionnent sa maison. La famille a quelques heures pour quitter les lieux... Ils se réfugient dans leur maison secondaire en Touraine. Ils y habitent jusqu'en février 1942 : la famille est alors prévenue par des villageois que l'ordre a été donné de les arrêter. Ils fuient vers la Creuse, retrouver leur cousin, l'historien Marc Bloch.

Jacques soupçonne son cousin de faire partie de la Résistance et il est certain de pouvoir lui faire confiance : il lui propose donc son aide. Marc Bloch se donne le temps de la reflexion, puis le met en contact avec un camarade qui permettra à Jacques de prendre le maquis dans la région de Bourganeuf (Creuse), le 19 février 1944. Il devient " Jacques Binet ". Jacques et ses camarades apprennent à se servir d'armes. Jusqu'au Débarquement, la plupart des actions sont le sabotage et la réception de parachutages anglais et américains. La population, dans son ensemble, est de leur côté.

Le 7 juin 1944, les maquisards attaquent et libèrent Guéret... Mais la victoire est de courte durée : la terrible division SS Das Reich revient. Lors de ces combats, Jacques est blessé au bras. A l'hôpital, le chirurgien est obligé de l'amputer. Dénoncé par un milicien, Jacques est arrêté dans sa chambre d'hôpital par les Allemands et livré à la Gestapo, à Montluçon. Il y est interrogé pendant sept jours et sept nuits. Transféré à la prison militaire de Moulins, il reste trois mois " au secret ".

Jacques est déporté au camp de concentration de Buchenwald le 5 septembre 1944, alors que Paris est libéré. Les médecins SS hésitent sur son cas : c'est un jeune homme fort mais handicapé. Cela lui permet d'alterner entre le camp de travail et les blocks des invalides. Dans ces derniers, il rencontre Jacques Lusseyran.

Lors de l'évacuation du camp, il préfère s'évader et rejoint clandestinement les lignes américaines le 13 avril 1945. Moins de la moitié des personnes déportées à Buchenwald avec lui rentreront chez eux. A son retour en France, il suit des études de Droit puis travaille comme administrateur au Sénat. Il pratique quelques sports. Retraité, il vient raconter son histoire aux élèves.


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.