Edmond Grasset

Légende :

Edmond Grasset, responsable départemental de Libération-Nord pour la Charente-Maritime

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Fédération départementale de la Résistance de Charente-Maritime Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc extraite du CD-ROM La Résistance en Charente-Maritime AERI, 2010.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Edmond Grasset, alias "Yvon Deschamp", "Delorme", est né le 8 décembre 1894 à Angoulins-sur-Mer et il est assassiné par la Milice le 8 mai 1944 à Paris.
Il fait partie de Libération-Nord, et d'Honneur et Patrie.
Il est socialiste et franc-maçon.

Il fait ses études à l'école normale d'instituteurs dont il sort breveté en 1914.
Mobilisé la même année, il est blessé au chemin des Dames, puis gazé. Il est déclaré invalide à 100% et pensionné.
A partir de 1918, il se consacre au service d'aide aux soldats que la guerre a rendus fous.
Il fonde la Ligue des droits de l'Homme en Charente-Maritime et en est le secrétaire.
Il s'oriente vers la politique. En 1920, il participe au Congrès de Tours et choisit de suivre Léon Blum. De 1920 à la Deuxième Guerre mondiale, il est le secrétaire général de la SFIO.
Il est également journaliste, engagé à La Voix socialiste.
Il devient conseiller municipal d'opposition à La Rochelle, puis conseiller général de La Rochelle Sud.

Dès l'été 1940 il s'engage dans la Résistance et forme un petit groupe avec son voisin à Angoulins-sur-Mer, le commandant Lisiack et le général Bruncher, retraité à Fouras. Ils renseignent les services secrets anglais utilisant probablement un poste émetteur retrouvé 50 ans plus tard, enfoui dans la cave de la famille Lisiack. Aucun élément ne permet de savoir si le groupe était plus important. Ses activités politiques et journalistiques ont, depuis longtemps, attiré sur lui l'attention des services de police. Dès 1941, il se sait repéré. En effet, cette même année, lors d'une rencontre fortuite, son condisciple François Sidos, le futur délégué régional aux sociétés secrètes, le lui fait bien comprendre : "Comment Grasset, vous êtes encore là ? Moi à votre place, avec votre passé politique, je serai loin". Avertissement sans effet sur sa volonté de combattre Vichy et l'occupant.
Fin février 1941, il fonde à La Rochelle le Comité d'action socialiste clandestin (CASC) avec Léopold Robinet et Raymond Bouchet. Le Comité, composé de militants socialistes et syndicalistes, se rattache au mouvement national Libération-Nord de Christian Pineau dont Edmond Grasset devient le responsable départemental.
Le groupe rochelais entretient des relations suivies avec les sections dispersées dans le département. Outre les réunions clandestines à La Rochelle, les militants se retrouvent à Saintes chez Marcel Guillot ou à Pons chez Germaine Martin-Combes.
En novembre 1942, Edmond Grasset s'engage dans le groupe Honneur et Patrie aux côtés de son ami Léopold Robinet et assure les liaisons avec Libération-Nord via Niort dans les Deux-Sèvres. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1943, il participe au parachutage de Luché dans le nord du département.
Dans le cadre de l'organisation de la Résistance départementale mise en place dans la première moitié de l'année 1943, il devient responsable de la collecte des renseignements sur le nord du département transmis à l'OCM à Bordeaux mais également par ses soins à Emile Bèche chef régional de Libération-Nord, à Niort, et agent de liaison du réseau CND-Castille. C'est ainsi que dans la nuit du 28 au 29 février 1942, "Rémy", l'agent de CND, peut emporter à Londres les plans de la base de sous-marins de La Pallice.
En janvier 1943, Edmond Grasset prend contact, avec Clément Juchereau et Guy Joris du Front national. Il les informe qu'Henri Ribière (membre du CNR) l'a nommé chef départemental du mouvement Libération-Nord sous le pseudonyme de "Delorme".

En septembre 1943, la Gestapo réalise un beau coup de filet dans le département. L'Etat-major départemental est décapité. Edmond Grasset, également recherché, réussit à s'enfuir et se réfugie à Paris où, par la suite, sa famille le rejoint. Il mène alors une vie de clandestin, changeant fréquemment de logement avec sa femme et sa fille. Très touché par l'exécution de ses amis d'Honneur et Patrie en janvier 1944, il connaît une période de dépression. Dans Paris, souvent accompagné de sa fille Christiane, il circule, en général, sous sa véritable identité car il sait que, lors des contrôles d'identité, la police ne retient pas les invalides de guerre.

A Paris, il est rattaché à l'état-major national de Libération-Nord et poursuit son action résistante en tant qu'agent de liaisons qu'il assure au plus haut niveau. Il circule de la capitale à la frontière espagnole, se rendant dans les maquis de Savoie et du Massif central sous diverses identités.
A plusieurs reprises, il prend le risque de revenir dans le Poitou-Charentes, en Vendée et même à La Rochelle. C'est ainsi qu'en novembre 1943, il participe avec René Guillot à une réunion de Libération-Nord à La-Roche-sur-Yon et, en janvier 1944, accompagné de Clément Juchereau et de Guy Joiris, il rencontre des membres du Front national et un délégué du Parti communiste dans une maison abandonnée sur la route de Dompierre.
Entre-temps dans la capitale, il assiste à de nombreuses réunions, rencontre le général Bruncher soucieux comme lui de l'avenir de la Charente-Maritime.

Fidèle à ses choix politiques, Edmond Grasset est membre du bureau politique national du Parti socialiste. En raison de ses services, de ses qualités, sur proposition de son ami Roger Faraud, il est choisi comme préfet de la Libération en Charente-Maritime.
Le 8 mai 1944, veille du jour où il devait rejoindre son poste, il est abattu sans sommation par la Milice française devant le siège clandestin du Parti socialiste, rue Thiénard où il avait rendez-vous avec Henri Ribière. Il revenait d'une rencontre avec le commandant Thibaudeau, chef des FFI en Charente-Maritime au cours de laquelle ils avaient échangé les dernières instructions.
Ce jour là, Edmond Grasset avait sur lui ses vrais papiers d'identité et son adresse à Paris, mettant en danger sa famille. De nouveau cette dernière a dû fuir et s'est réfugiée en Savoie, renonçant à assister aux obsèques.

Déclaré mort d'une crise cardiaque par les Allemands, il est enterré au cimetière de Thiey sur leur ordre et en leur seule présence. Ils espéraient y trouver quelques-uns de ses compagnons de combat ou sa famille.


Nicole Proux, " Edmond Grasset " in CD-ROM La Résistance en Charente-Maritime, AERI, 2010.