Yves Farge

Légende :

Yves Farge, président du Comité d'action contre la Déportation (CAD) et Commissaire de la République pour toute la région lyonnaise

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

 

Voir aussi :

Une idée de dimension stratégique : le projet Montagnards (G. Giraud)


Contexte historique

Yves Farge est né le 19 août 1899 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) dans une famille d'universitaires. Avant la guerre, il est journaliste au Progrès de Lyon où il dirige la rubrique de politique étrangère. Aide-infirmier pendant la guerre 1914-1918, ce militant socialiste est devenu dans l'entre-deux-guerres objecteur de conscience et pacifiste. Il n'en a pas moins alerté les lecteurs de La Dépêche Dauphinoise, dans les années Trente, contre le péril fasciste, et s'est montré hostile aux accords de Munich.

Après l'armistice, Farge s'oppose comme l'ensemble de l'équipe du Progrès de Lyon au régime de censure de la presse imposé par le maréchal Pétain. Le journal, où il partage le bureau de Georges Altman, devient rapidement un lieu de rencontre pour les opposants à Vichy et les antinazis.

Dès 1941, il collabore aux premiers journaux de la Résistance et contribue à la fondation du mouvement Franc-Tireur avec Antoine Avinin et Jean-Pierre Lévy. Il rédige avec Altman la plupart des éditoriaux du Père Duchesne, journal satirique créé par Franc-Tireur, devient un des membres de l'équipe du Bulletin de la France combattante - organe du Bureau d'information et de presse (BIP) crée par Jean Moulin -, écrit pour Les Editions de Minuit et Les Lettres françaises.

C'est dans son bureau qu'il rencontre Jean Moulin en 1942 et qu'il se voit chargé par lui de la mise au point du projet d'organisation militaire du massif du Vercors. Il est également membre du 1er état-major de l'Armée secrète (AS) commandée par le général Delestraint, alias "Vidal", et membre du comité directeur du Front national.

Après les arrestations de "Vidal" et de Jean Moulin en juin 1943, traqué par la Gestapo et la police de Vichy, Yves Farge monte à Paris où il est chargé, au nom du Conseil national de la Résistance (CNR), de présider le Comité d'action contre la Déportation (CAD). Le CAD a en charge de renseigner la Résistance sur les intentions allemandes en matière de déportation dans le cadre du STO, de faire fabriquer et distribuer de fausses cartes de travail et d'alimentation, de collecter des fonds et de les distribuer aux maquis.

Au mois d'avril 1944, sur proposition du CNR et du Front national, Yves Farge est nommé, par le général de Gaulle, Commissaire de la République pour la région Rhône-Alpes. Il a sous sa responsabilité huit départements : l'Ain, l'Ardèche, la Drôme, la Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère, la Loire et le Rhône. Il doit alors jeter les bases de la future administration, désigner et mettre en place les préfets, maintenir les liaisons avec les maquis, relancer la reprise économique et assurer le ravitaillement avant même la libération complète du territoire.

Parcourant nuit et jour sa région, ne relâchant jamais son effort, il donne tout son appui au maquis du Vercors jusqu'en juillet 1944 et organise les secours après la terrible invasion du plateau et de Vassieux-en-Vercors par les parachutistes allemands, le 21 juillet 1944. Le 21 août 1944, douze jours avant la libération de Lyon, il parvient à se faire remettre les clés du Fort Montluc par le général allemand qui tient la garnison de la ville, sauvant ainsi, in extremis, 800 otages risquant d'être fusillés.

Après la Libération, le 3 septembre 1944, il assure pendant un an ses fonctions de Commissaire de la République avant de reprendre son métier d'écrivain et de journaliste. En 1946, il est envoyé comme délégué du gouvernement pour assister aux expériences atomiques qui se déroulent sur l'atoll de Bikini. La même année, il est nommé ministre du Ravitaillement. En 1947, il fonde le Mouvement des combattants de la Paix et de la Liberté.

Yves Farge est décédé le 31 mars 1953 à Tbilissi en Géorgie dans un accident automobile. Il a été inhumé à Nice.

Décorations :
Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945

Principales publications :
Toulon, Les Editions de Minuit, Paris, 1943 • Giotto et le destin de la peinture, les Ecrivains réunis, Lyon, 1943 • Vent des fous, Éditions Raisons d'être, Paris, 1946 • Rebelles, soldats et citoyens, Carnet d'un commissaire de la République, Grasset, Paris, 1946 • Le Pain de la corruption, Editions du Chêne, Paris, 1947 • La Guerre d’Hitler continue, La bibliothèque française, Paris, 1948 • Gagner la Paix, Éditions Raisons d'être, Paris, 1949 • La République est en danger, les Éditeurs français réunis, Paris, 1950 • Le Sang de la corruption, les Éditeurs français réunis, Paris, 1951 • Témoignage sur la Chine et la Corée, les Éditeurs français réunis, Paris, 1952 • Un simple mot, les Éditeurs français réunis, Paris 1953.


Vladimir Trouplin, " Yves Farge ", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004 et Site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération.