Maquis et parachutages en Corse (carte)

Légende :

Carte montrant les principaux lieux de parachutage et maquis en Corse

Genre : Image

Type : Carte

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Lieu : France - Corse

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Analyse média

L'approvisionnement de la Résistance intérieure par voie aérienne est possible en 1943, grâce au travail de préparation fait par les deux réseaux : R2 Corse (mission Sea Urchin) et Pearl Harbour. Liaisons et réceptions sont en grande partie assurées de l'intérieur par Jean Nicoli et par Maurice Choury.

On compte 65 terrains de parachutages homologués, répartis dans toute la Corse, et il est possible de dénombrer, entre avril et septembre 1943, plus de 120 opérations sur 47 d'entre eux, avec une recrudescence en juillet et en août. Les modalités du repérage des terrains, des liaisons radio et des réceptions sont complexes. Il y a des échecs. Mais 250 tonnes d'armes parviennent aux patriotes, ainsi que des fournitures dont les maquis ont le plus grand besoin.

La période des repérages se situe de janvier à avril 1943. Ces repérages se font dans toute la Corse mais avec une densité croissante en Casinca et surtout dans le Sartenais, où la topographie est favorable et les groupes de résistants nombreux. Des dénominations codées sont choisies pour les terrains. Des équipes de réception sont sélectionnées.

Principaux lieux de parachutages

Le premier parachutage a lieu le 12 avril 1943 sur le terrain Tortue, à 4 km au nord-ouest de Tox, qui en recevra au total une trentaine.

Dans la partie nord de l'île, à partir du 18 avril, il y a des réceptions dans la région de Borgo et Porri : une vingtaine jusqu'en août sur Piano, Silvareccio, (terrains Boa et Lézard).

Au sud de la Corse, entre avril et septembre 1943, il y a plus de 40 parachutages dans le région : sur Lion à 1100 métres, dans la montagne de Cagna, Veau (commune de Foce), Chèvre (vallée de l'Ortolo), Citron (plateau du Coscione), Sio dans la forêt de Valle Mala, entre juin et août, et dans le nord du Sartenais : Datte, Banane, Ananas. Dans le centre-nord (Cortenais) en août et septembre 1943 à l'intention d'un maquis disposant d'un poste radio. Le terrain Alouette est classé Arma et reçoit donc des containers chargés d'armes et de munitions ; cependant deux radios y sont parachutés en septembre. L'accès est difficile, entre les gorges du Tavignano et celles de la Restonica. D'autres parachutages sont reçus sur le plateau d'Alzo, sur Aigle. Le dernier parachutage se fait le 8 septembre dans la région de Sainte-Marie Sicche, près de Frasseto, sur le plateau d'Arusola, avec réception d'armes (mitraillettes) et après réception du message : "J'ai retrouvé le cahier bleu dans ma chambre ".


Hélène Chaubin, "Parachutages et atterrissages", in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007. 

Contexte historique

L'organisation des parachutages en 1943

L'occupation intégrale de la Corse avec plus de 80 000 Italiens auxquels s'ajoutent, pendant l'été 1943, environ 7 000 Allemands rend extrêmement périlleux les parachutages. La topographie accidentée est à la fois un avantage et une difficulté. L'organisation exige la communication de messages, la prévision de l'accueil, les transports

1 - Les messages : Rédigés par Maurice Choury (pseudo "Annibal"), ils doivent être transmis à Londres puis, le plus souvent, à Alger. Ils indiquent les coordonnées du terrain et son nom de code: des noms d'animaux ou de fruits (par exemple pour "Morue" sur la commune de Frasseto : " J'ai retrouvé le cahier bleu dans ma chambre" et pour "Pieuvre" dans la région de Zicavo, "Les pêcheurs se lèvent de bonne heure le matin"). Manuscrits, sur papier écolier, ils témoignent du peu de moyens techniques dont disposaient les résistants. Transmis par radio, ces messages sont ensuite repris par la BBC ou la radio d'Alger pour avertir les équipes de réception.

2 - Les problèmes et les incidents : Le terrain doit être balisé par des feux, ce qui le rend repérable par l'occupant. La nuit doit être claire, ce qui oblige à l'attente de pleines lunes, toujours au détriment de la sécurité. L'endroit doit être isolé sans être inaccessible pour des hommes qui doivent repartir lourdement chargés. Les containers, soutenus par des parachutes, contiennent des armes, des munitions, des vivres, des chaussures, des vêtements, des brassards, parfois de l'argent. Ces contenus sont portés ensuite souvent à dos d'homme. Les containers, largués de trop fortes altitudes, peuvent être perdus, détournés par des paysans, des bergers, ou repérés par des patrouilles italiennes. Les comités d'arrondissement se plaignent du peu de précision des largages. Accrochages avec les carabiniers et perquisitions brutales ont été fréquents. Dans la nuit du 21 au 22 août 1943, un parachutage sur "Belette", au nord ouest de Porto Vecchio, a été repéré par les Allemands qui ont pris des otages et menacé de les fusiller. Une action audacieuse des patriotes a permis de les délivrer. Un officier allemand a été tué. Quand un terrain est "brûlé", il faut avertir Alger et changer les rendez-vous, ce qui explique, en partie, le nombre élevé des terrains répertoriés.

 

Exemples de rapports de police du mois d'août 1943 :

RG Bastia,18 août. Matériel parachuté par un avion anglais au-dessus de Porri, Loreto, Piano et Silvareccio dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 août : "huit cylindres verdâtres en tôle d'environ 50 centimètres de diamètre et 2 mètres de haut, en contenant 2 plus petits, tous accrochés à un parachute en toile de soie. Dans les cylindres, plusieurs mitraillettes, des petits sacs de cartouches , des grenades, des souliers, des chemises, des pantalons, des boites de conserve, du café". (tout a été transporté avec un mulet et deux ânes). "Une patrouille italienne qui battait la montagne depuis le passage de l'avion a provoqué la fuite des réfractaires et des éléments gaullistes qui ont abandonné le mulet, les 2 ânes, 5 des petits cylindres, le parachute et les 8 grands cylindres vides... Toute la journée du 14 et la nuit, des patrouilles italiennes (des Chemises noires) ont arrêté 4 personnes de monte et une femme qui portait un panier de cartouches. Ils ont été transférés à Bastia".
RG Bastia, 24 août. Survol de la région de La Porta par un avion anglais. Parachutage de 15 cylindres de 2 mètres de haut identiques à ceux parachutés deux jours auparavant ; et contenant des mitrailleuses démontées, des mitraillettes, des chargeurs, de petits sacs de cartouches et de grenades, de la dynamite, des souliers, des pantalons, et des vivres. Les Italiens ont récupéré "la plupart des cylindres". Interrogés, les habitants de Loreto et Silvareccio ont tous vu descendre les parachutes (clair de lune), et pensent que les destinataires étaient "des éléments gaullistes de la région de Campile", à une dizaine de km plus loin... " les individus au maquis, au nombre de 150 dans cette région, dit-on, ont choisi un nouveau refuge dans les environs de Venzolasca".


Hélène Chaubin, in CD-ROM La Résistance en Corse, AERI, 2007.