Maquisards en train de décrocher le container du parachute

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © fonds Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation - Romans-sur-Isère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Contexte historique

Un rapport de gendarmerie est riche d'enseignements concernant les parachutages des Alliés : "De multiples parachutages de personnes, mais surtout de matériel (postes de TSF, explosifs, armes) sont faits par des avions britanniques. L'expérience a prouvé que des terrains de 250 m de long et de 150 m de largeur sont suffisants, s'ils sont un peu isolés des villages, à peu près [plats?] et sans clôtures ni obstacles. L'avion n'atterrit que très rarement. Le matériel, toujours parachuté, comprend : des cylindres remplis d'explosifs, pistolets, munitions, bobines pellicules photos, bloc-notes, dont le papier peut s'avaler, cigarettes etc. [...]. Tout le matériel, combinaisons, casques etc. est toujours dissimulé sur place tout de suite, au besoin dans un ruisseau et repris que par la suite. Les balisages des terrains sont toujours faits par des lampes électriques de poche puissantes, maniées par des complices ou sympathisants qui sont sur les lieux. Les parachutages se font un peu partout en zone libre surtout. [...] Tout se fait en période de nouvelle lune. C'est à ce moment que la surveillance doit être très intense. Parfois, à cause du vent, le contact au sol des personnes ou objets parachutés se fait assez loin en dehors du chemin repéré. Les circonstances politiques actuelles permettent de penser que ces parachutages vont se multiplier de plus en plus. Il convient, pour nous : de s'assurer le concours de personnes sûres habitant à proximité de terrains qui semblent utilisables dans le but ci-dessus, pour renseignements à en obtenir ".

En avril 1942 les autorités du gouvernement de Vichy savaient parfaitement ce qu'il convenait de prendre comme mesures, par rapport à des faits bien établis. Or, dans la Drôme, aucun terrain de parachutage n'a été attaqué lors des opérations les nuits de pleine lune, ni par les Français, ni par les Allemands (ni par les Italiens). C'est bien qu'il n'a pas été possible "de s'assurer le concours de personnes sûres habitant à proximité de terrains qui semblent utilisables". Des rapports de gendarmerie parlent de la saisie de containers, mais toujours postérieurement au parachutage. Si des informateurs existaient à côté des terrains de parachutages, les gendarmes ne devaient pas souvent faire suivre les informations. "Alain"-Pierre Reynaud, révèle qu'un parachutage n'avait rien d'évident en ce qui concernait sa discrétion. "Concernant l'organisation des parachutages : attention encore aux querelles de clocher, aux histoires de fesse, si fréquentes, les meilleurs agents sont souvent entre eux des frères ennemis, il y a des problèmes de préséance, d'autorité, de répartition de parachutes, de chaussures, de vivres, de cigarettes. Il y a les femmes qui ne veulent pas laisser découcher leur homme sans explications satisfaisantes, qui bavardent, il y a en un mot tous les problème posés par une mobilisation immédiate, pour près de 24 heures, d'une vingtaine d'hommes au moins, la sécurité, les lignes téléphoniques à débrancher, les commentaires à éviter "qu'est ce qu'il est passé comme avions cette nuit". Quand l'aube arrive, on n'est jamais certain d'avoir tout bien ramassé. On rentre déjeuner et alors, immanquablement dans le soleil déjà haut, à proximité de la maison, on découvre bien haut dans les cimes des arbres, deux ou trois parachutes aux couleurs éclatantes, et l'équipe reformée battra toute la campagne ou la montagne à des kilomètres aux environs pour récupérer encore quelques égarés et donner aux intrus des consignes de silence appuyées par la présence d'un colt ou d'une Sten parachutée". On ne peut considérer la menace évoquée contre les intrus comme suffisante pour dissuader une dénonciation anonyme, avec autant de personnes impliquées. La menace de répression par les autorités de Vichy ou allemandes est tout aussi réelle. Le soutien, la complicité, de la population concernée par les parachutages, avec la Résistance. La population en général va être largement favorable aux Alliés et à la Résistance. Les Allemands peuvent avoir une véritable crainte de cette population : plusieurs témoins racontent que ceux-ci, lors de leur retraite fin août 1944, leur faisaient goûter la nourriture cuisinée qu'ils leur demandaient. Cette méfiance de l'ennemi est un hommage à la Résistance de la population, qui reçoit la reconnaissance de tous les chefs politiques et militaires de la Résistance drômoise. Tous leurs ouvrages ou témoignages le soulignent.

Sur le plan administratif, cette Résistance est moins bien reconnue. Sur les 2 300 cartes CVR délivrées dans la Drôme, très peu d'hommes et de femmes l'ont obtenue au titre de la Résistance intérieure française (RIF).


Patrick Martin, "Le soutien de la population lors des parachutages", DVD-Rom La Résistance dans la Drôme, AERI, 2007.