Entrée du camp de Gurs

Légende :

Le camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), lieu d'internement de Fernand Belino en juin 1940.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives nationales, F/7/15104 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.
Dimensions : 13 x 18,1 cm

Date document : 10 novembre 1941

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Pyrénées-Atlantiques - Gurs

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Analyse média

Photographie extraite du dossier relatif à la gestion du camp d'internement de Gurs pendant la seconde guerre mondiale. Rapport d'inspection du camp du 10 novembre 1941. Photographie légendée "Entrée principale" fournissant une vue de l'entrée du camp avec une barrière et un garde posté devant et au delà de laquelle se trouve une allée avec des internés et des baraques.


Source : base de données ARCHIM des archives nationales.

Contexte historique

Édifié au printemps 1939, Gurs est un camp d’internement comportant 382 baraques, ceint d’une double rangée de barbelés. Il est d'abord destiné aux réfugiés républicains espagnols, puis aux juifs qui, livrés par le gouvernement de Vichy, finiront dans les camps de la mort allemands. Claude Laharie, historien du camp de Gurs, explique que la présence des détenus « préventionnaires », issus des prisons militaires parisiennes, relève plus d’un concours de circonstances que d’une logique pénitentiaire. La confusion administrative engendrée par l’armistice est totale. L’auteur éclaire le propos : « La séparation de la France en deux zones, la volonté d’indépendance manifestée par Vichy, en 1940, à l’égard du vainqueur, la démilitarisation des troupes et de la gendarmerie, ont conduit la nouvelle administration du pays à prendre, en toute hâte, des dispositions de circonstance. La question des détenus en détention préventive était considérée comme secondaire, elle a été réglée à la va-vite par le choix, comme lieu d’internement, de Gurs, alors vidé de ses premiers occupants [les républicains espagnols]. Cette décision, qui ne relève d’aucune politique répressive cohérente, est purement ponctuelle. Pour les détenus, elle fut ressentie comme un châtiment d’une perversité inattendue. » (Laharie (Claude), Le Camp de Gurs, 1939-1945 : Un aspect méconnu de l’histoire de Vichy, J&D Éditions, 1993).

Parmi les 900 prévenus d’Avord, internés à Gurs le 21 juin, Laharie cite « Yves Péron, futur député communiste, Émile Pasquier, futur secrétaire général de la Fédération CGT des électriciens et gaziers, Raymond Baudin, futur maire de l’Hay-les-Roses, Jacques Georges, frère du colonel Fabien, Charles Joineau, secrétaire général de la FNDIRP, Léon Bérody, président de l’Amicale du camp de Gurs, le graveur René Kunz, le pacifiste Louis Lecoin, Henri Martin, Courtois, Wade, Foucault, Bélino, Furic, etc. L’écrivain Léon Moussinac qui fait aussi partie du convoi, écrit dans son journal en apprenant le nom du camp vers lequel il est conduit : « “Gurs ! se ranime en moi le souvenir de ces lettres désespérées, de ces appels pitoyables et si dignes que j’ai longtemps reçus de la part des miliciens espagnols. Un nom lugubre, Gurs” ». Les conditions d’hygiène et d’alimentation sont rudes. Outre les poux, puces et punaises, les rats règnent en maîtres dans le camp. 

Les « indésirables » français (I.F.), pour reprendre le sigle utilisé par l’autorité gursienne, sont répartis dans les îlots B et D. L’îlot B est composé d’une vingtaine de baraques. Les « préventionnaires » y sont internés, en attente de jugement. Presque tous sont des « politiques » [Fernand Bélino est interné dans cet îlot B]. Quant à l’îlot D, il ne comporte que deux baraques, entourées de barbelés, un camp dans le camp ! C’est l’îlot des « suspects ». Quelques jours plus tard, le 21 septembre, une liste de « préventionnaires », réclamés par le tribunal de Périgueux, arrive à Gurs. « Toutefois, une difficulté surgit : il n’y a pas d’escorte pour effectuer le transfert. Il faut attendre. »

Les derniers « Indésirables Français » quittent Gurs le 31 décembre 1940, pour le camp de Nexon (Haute-Vienne). Gurs devient alors un camp d’internement pour Juifs étrangers.


Jacky Tronel, « Le repli de la prison militaire de Paris à Mauzac. Un exode pénitentiaire méconnu », Criminocorpus [En ligne], Varia, mis en ligne le 23 mars 2012, consulté le 29 octobre 2014.