Le Bataillon de choc en Corse

Légende :

Le Bataillon de choc - dont on voit ici l'insigne - réalise ses premières actions en Corse en septembre et octobre 1943 dans le cadre de l'opération Vésuve

Genre : Image

Type : Insigne

Source : © Musée A. Bandera d'Ajaccio Droits réservés

Lieu : France - Corse

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Analyse média

L'insigne du Bataillon de choc, dessiné par Fernand Gambiez, représente la France tricolore, timbrée d'un parachute et d'un poignard croisés.


Hélène Chaubin

Contexte historique

Unité spéciale conçue par le BCRA (Bureau central de renseignement et d'action) en avril 1943, le Bataillon de choc est un corps autonome de l'armée de terre dont l'effectif a approché le chiffre de 700 hommes. Pendant l'été 1943, avant le débarquement en Corse, ils sont 500. La moyenne d'âge est de 22 ans. Chargés d'actions-surprise, d'opérations de commandos, ils doivent être rompus aux tactiques de la guerilla et du close-combat. Créé en Algérie, à Staouéli, ce corps, constitué de volontaires, est issu, selon le terme du commandant Gambiez nommé à sa tête en mai 1943, d'un recrutement inter-armées. Ses hommes viennent aussi bien de l'armée d'Afrique, de la Légion étrangère, que de corps démobilisés après la défaite : tous ne sont pas des militaires. Parmi eux, il y a des hommes échappés de la France métropolitaine ou de camps de prisonniers. Plusieurs ont transité à travers l'Espagne franquiste et parfois connu ses prisons : c'est le cas du commandant Gambiez lui-même. L'encadrement est assuré par les officiers d'active ou de réserve qui se sont enrôlés, comme le lieutenant Ricquebourg, ex-inspecteur des Finances, qui commande la 4e compagnie pendant la campagne de Corse : cette compagnie, formée sur place, incorpore des volontaires corses en septembre 1943. Ils portent l'emblème de la Corse, la tête de Maure. L'armement est léger : mitraillettes Sten, pistolets, armes blanches, grenades, fusils, plastic. Les vêtements sont américains. Le bataillon manque de cartes et de jumelles , aussi les guides corses se rendent-ils indispensables. 

Le 8 septembre 1943, la diffusion de la nouvelle de l'armistice italien déclenche l'insurrection des patriotes en Corse, à l'instigation du Front national. C'est un acte de désobéissance vis-à-vis des états-majors, mais les résistants ne peuvent rester sans secours. A Alger, le général Giraud organise l'opération Vésuve : un leurre destiné à faire croire à un objectif italien. Le Bataillon de choc est la première unité arrivée en Corse, à Ajaccio. Le sous-marin Casabianca, qui a dans la clandestinité réussi plusieurs missions de transport d'armes et d'agents de renseignement dans l'île, transporte 109 hommes de la troisième compagnie. Ils accostent le 13 septembre 1943 à 1 h 15, 24 heures avant les torpilleurs français Fantasque et Terrible. Mais les "chocs" sont maintenus en attente à Ajaccio, devenue tête de pont des débarquements, alors que les combats ont lieu sur l'autre versant de la Corse et que les Allemands ont repris Bastia aux Italiens. Le 17 septembre, le général Henry Martin les autorise à faire marche, selon trois axes : vers Calvi, Corte et Levie. C'est près de Conca que l'aspirant Michelin, chef de la 4e section de la deuxième compagnie, est tué le 22 septembre. Le Bataillon est chargé d'actions de commandos et d'un rôle d'appui aux Tirailleurs et aux Goumiers. C'est lui qui combat au plus près des patriotes corses. Un même esprit les anime. La nouvelle 4e compagnie, déjà prévue pour une mission le 24 septembre à Puzzichello, rejoint à la fin de septembre la 2e compagnie qui avance vers Bastia. Dans ses rangs, se trouve le fils de l'avocat De Moro-Giafferi. Elle acquiert sur le terrain du combat une expérience qu'aucun entrainement préalable n'a pu donner à ses hommes mais qu'elle perfectionnera à Calvi, après la libération.

Car, après cette première campagne terminée le 4 octobre, le commandant Gambiez obtient une mission en Italie : une incursion périlleuse sur le littoral italien, dans la baie de Talamone, le 27 décembre : une mission réussie de sabotages sur des pylônes et la voie ferrée. Bien d'autres missions suivent, dans les premiers mois de 1944, soit de renseignement, soit de sabotage. Le 15 juin 1944, l'opération Brassard sur l'île d'Elbe est décidée. Les chocs y débarquent le 17 juin, précédant de 3 heures le corps expéditionnaire français.
La guerre continue. La Corse est devenue une base stratégique des Alliés. De jeunes Corses du Bataillon iront jusqu'au terme des campagnes de 1945, à travers des combats en Provence, dans le couloir rhodanien et en Alsace, puis en Allemagne et en Autriche. Avec des pertes qui témoignent de son engagement : 300 morts. Toute la région est finalement appelée, puisque les classes 1922 à 1944 sont mobilisées.


Hélène Chaubin, "Le Bataillon de Choc" in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.