Jean-Paul Giovanni

Légende :

Jean-Paul Giovanni, résistant corse particulièrement actif dans le Sartenais

Jean-Paul Giovanni, Corsican Resistance fighter particularly active in the rJean-Paul Giovanni, Corsican Resistance fighter particularly active in the region of Sartene

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Corse

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Contexte historique

Jean-Paul Giovanni est né le 20 novembre 1920 à Grossa, petit village de l’Alta-Rocca. Il est issu d’un milieu modeste : ses parents, des agriculteurs, font partie de la minorité des communistes sartenais et attachent énormément d’importance aux études de leurs enfants. Ils veulent, pour eux, une vie différente de la leur. Jean-Paul ne montre pas un vif intérêt pour les études, aussi après avoir décroché son brevet élémentaire, il quitte l’école en 1937.

Après la signature de l’armistice de juin 1940, il s’engage volontairement dans l’armée pour devenir pilote. Il est mobilisé en Afrique du Nord, et revient en Corse, deux ans après, lors d’une permission. En novembre 1942, au retour de cette permission, prêt à partir du port de Marseille, il apprend qu’il ne peut rejoindre l’Afrique envahie par les Alliés. Aussitôt, avec quelques camarades, il s’enfuit vers Istres pour y prendre un avion et rejoindre le sol africain. Mais ils sont rattrapés par les Allemands et faits prisonniers. Au grand étonnement de notre jeune Corse qui voyait sa fin proche, ils sont relâchés. Ils se rendent à Lyon et y apprennent qu’ils sont recherchés pour être emprisonnés. La solidarité des commerçants lyonnais qui leur prêtent des habits civils et la filière de l’Armée secrète, leur permet, quelques temps après, de rejoindre Bastia.

De retour au pays, Jean-Paul rejoint son frère, responsable du Front Patriotique de la Jeunesse de l’arrondissement de Sartène. Malheureusement, quelques temps après, ce dernier est arrêté et emprisonné. Cette arrestation est certainement l’un des principaux facteurs de son entrée en Résistance. Et c’est avec la ferme idée de libérer la patrie que notre jeune communiste fait son entrée dans la Résistance, reprenant le poste de son frère au sein du Front Patriotique de la Jeunesse qu’il considère comme le fer de lance de la Résistance. Selon lui, la Résistance en Corse est très particulière car, contrairement à celle du continent, elle n’est regroupée que dans un seul et même mouvement, le Front National, qui rassemble les communistes et les gaullistes.

Cela fait quelques temps que la Corse est sous occupation italienne, une occupation passive, sans affrontement. C’est au début de 1943 que les Résistants corses décident de réagir. En tant que chef du Front Patriotique de la Jeunesse, Jean-Paul Giovanni reçoit pour mission d’aller saboter toutes les lignes téléphoniques de Sartène. Il est aidé par un très jeune résistant, à peine âgé de 16 ans, Jean-Paul Codaccioni, qui perdra ensuite la vie lors de la libération de l'Alsace. Cette mission dangereuse se déroule avec succès. La réaction italienne ne se fait pas attendre : Sartène est envahie et un bon nombre d’habitants est arrêté et battu. Les Italiens se montrent sous un nouveau jour. C’est à la suite de cet événement, en 1943, que notre jeune résistant décide véritablement de prendre les armes.

Commence alors une vie nouvelle, dure et dangereuse. Désormais, ils sont maquisards. Ils vivent dans les montagnes, logent dans les grottes. « Ils », ce sont des résistants courageux et fiers. Mais il faut aller plus loin, «donner un grand coup». En août 1943, Jean-Paul Giovanni vient d’être désigné par le Front Patriotique pour exécuter des collaborateurs. Qui sont-ils ? Il s’agit du commandant de Rocca Serra, ami des Italiens (l'un des conspirateurs responsables de l’emprisonnement de Fred Scamaroni) et le maire de Sartène, nommé par Pétain. Il descend en ville et profitant d’un moment d’inattention des Italiens, il s’introduit dans la mairie et abat le commandant mais, alors qu’il s’apprête à faire feu sur le deuxième, l’alerte est donnée. Il s’enfuit ventre à terre, les Italiens se lancent à sa poursuite, les balles le frôlent mais qu’importe, il court. Il a 23 ans. A la tombée de la nuit, il arrive enfin à la grotte de Iéna, essoufflé mais sain et sauf. Il est accueilli en héros. L’élimination des traîtres continuera, cet acte ayant redonné vigueur à l’action de la Résistance.

Comme la plupart des réseaux de Résistance, l’une des activités du Front Patriotique est la réception des parachutages. Le soir, tous les Résistants se retrouvent dans la grotte pour écouter Radio-Londres et lorsque le message «chèvre et chou ne peuvent pas vivre longtemps ensemble» se fait entendre, un parachutage est prévu pour le soir. Vite, ils montent au lieu de réception, allument des feux et regardent tomber du ciel, des armes… du ravitaillement…
Un soir de 1943, tous les mouvements de résistants corses se rassemblent pour décider si la Corse doit se libérer seule, sans attendre l’Armée d’Afrique. A l’unanimité, la réponse est oui ! A Alger, le général Giraud se charge de l’affaire et envoie à la disposition des résistants, un sous-marin, le Casabianca qui débarque les premiers "Chocs". Les résistants occupent les mairies, les sous-préfectures, les préfectures, nommant leurs représentants. L’alliance entre les gaullistes et les communistes est victorieuse. Le 4 octobre 1943, la Corse est libre. La maison de Giovanni, située dans une pinède, surplombe la ville de Zonza.

A 89 ans, il a l’esprit jeune et insouciant, signe peut-être d’une jeunesse à laquelle il n’a pas eu droit. Il souhaite comme à 20 ans que l’avenir soit fait de pain et de rose...


Jean-Paul Giovanni was born on November 20th, 1920 in Grossa, a small village of the Alta-Rocca region. He was born into a family of modest means. His parents, farmers, formed a small minority of communists in the are of Sartene who placed enormous importance on the education of their children. They wanted to provide them with a different life than their own. Jean-Paul did not demonstrate a keen interest in his studies. After obtaining his brevet, he left school in 1937. 

After the signing of the armistice in 1940, he voluntarily enlisted in the army to become a pilot. He was stationed in North Africa and returned to Corsica two years later, while on leave. In November 1942, towards the end of his leave, as he was preparing to make his way to the port of Marseille, he was informed that he could not return to North Africa, where the Allies had just landed. Immediately, with several companions, he fled to Istres to then take a plane and return to African soil. But, he and his companions were captured by the Germans and imprisoned. To Giovanni's astonishment as he felt that his end was imminent, he and his companions were released. They then headed to Lyon, where they heard that they were wanted to be locked up. It was the solidarity demonstrated by shopkeepers in Lyon, who provided the men with civilian clothing, and by the Secret Army (Armée Secrète), that allowed them some time to return to Bastia. 

Upon his return to Corsica, Jean-Paul joined his brother, the leader of the “Patriotic Youth Front” (
Front patriotique de la jeunesse) in the town of Sartène. Unfortunately, shortly after, his brother was arrested and imprisoned. His arrest was undoubtedly one of the primary factors that motivated Jean-Paul to join the Resistance. It was with this strong desire in mind to liberate the motherland that the young communist joined the movement, taking up his brother’s position within the “Patriotic Youth Front”, which he considered the spearhead of the Corsican Resistance. According to him, the Corsican Resistance was very particular because, unlike its counterpart on the mainland, it was unified under only one Resistance movement, the Front national, bringing together both communists and Gaullists. 

For some time, Corsica was under Italian occupation, a non-aggressive occupation without confrontation. It was during the beginning of 1943 that the Corsican Resistance fighters decided to react. As leader of the “Patriotic Youth Front”, Giovanni received, as his mission, the task of sabotaging all the telephone lines in Sartène. He was aided in this task by a very young Resistance fighter, no more than 16 years old, Jean-Paul Codaccioni, who then lost his life during the liberation of Alsace. This dangerous mission took place successfully. Italian response was swift: the region was invaded and a substantial number of inhabitants were arrested and beaten. The tone of Italian occupation changed. It was after this event, in 1943, that Giovanni chose definitively to take up arms. This dangerous mission took place successfully. Italian response was swift: the region was invaded and a substantial number of inhabitants were arrested and beaten. The tone of Italian occupation changed. It was after this event, in 1943, that Giovanni chose definitively to take up arms.

He began a new life, harsh and dangerous. Henceforth, he joined the
Maquis, becoming a maquisard. He lived in the mountains and dwelled in caves. Those who were members of the Maquiswere courageous and proud. But, they needed to go a step further, “deliver a blow”. In August 1943, Giovanni was recently assigned by the “Patriotic Youth Front” to execute collaborators. Who were they? There was the commander of Rocca Serra, a friend of the Italians (one of the conspirators responsible for the imprisonment of Fred Scamaroni) and the mayor of Sartène, appointed by Pétain. He traveled into town. Taking advantage of the Italian troop’s momentary distraction, he entered the town hall and shot the mayor. But, just as he was about to shoot the commander, the alert was given. He fled at full speed with the Italians in pursuit. Bullets brushed past him, but he kept running. He was only 23 years old. As the night fell, he finally arrived to the léna cave, out of breath, but healthy and safe. He was welcomed back as a hero. The elimination of traitors continued, this act having reinvigorated the Corsican Resistance. 

Like many of the Resistance networks, one of the “Patriotic Youth Front” activities consisted in the reception of parachute deliveries. At night, all of the Resistance fighters would gather in the cave to listen to Radio-Londres, the BBC, waiting for the message “a goat and cabbage cannot live together for long”, that would signal that a parachute delivery was expected that evening. Quickly, they would make their way to the designated receptions spot, light several fires and watch as arms and food supplies fell from the sky.
One night in 1943, all of the sub-groups of the Resistance movement gathered to decide if Corsica should liberate itself alone, without waiting for the Army in Africa. Unanimously, the response was “yes”! In Algiers, General Giraud attended to the matter and sent a submarine, the Casabianca, which disembarked with the first troops of the “Shock Battalion” (
Bataillon de choc). The Resistance fighters occupied the town halls, the sub-prefectures, the prefectures, and designated new representatives. The alliance between the Communists and the Gaullists was successful. On October 4th, 1943, Corsica was liberated. Giovanni’s house, located in a pine forest, overlooked the town of Zonza. 

At 89 years old, Giovanni still has a young and carefree spirit, perhaps a manifestation of the youth that was taken from him. He hopes, as he did at 20 years old, that the future is full of promises…


Extrait du CD-ROM Itinéraire de dix Jeunes Corses en Résistance, réalisé par la classe de 3e 2 du collège Laetitia Bonaparte, sous la direction du professeur Mlle N. VINCENZI.

Traduction : Sawnie Smith