Tract corse anti-italien de novembre 1942

Légende :

Copie d'un tract corse anti-italien, distribué avant et pendant la manifestation de ménagères du 30 novembre 1942 à Bastia

Copy of an anti-Italian leaflet distributed in Corsica before and during the demonstration organized by housewives on November 30th, 1942 in Bastia

Genre : Image

Type : Tract

Source : © ANACR Corse-du-Sud Droits réservés

Date document : Année 1942

Lieu : France - Corse - Haute-Corse - Bastia

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le tract s'érige contre les pénuries alimentaires qui frappent durement l'ensemble de la Corse du fait combiné de la guerre et de la rareté des approvisionnements maritimes, à quoi s'ajoutent les prélèvements effectués par les "Lucquois", id est, les Italiens*.

Le texte mélange colère légitime de femmes ne parvenant plus à nourrir leur famille et plaidoyer politique contre l'occupation italienne, appuyée par le corps préfectoral et municipal de l'époque. Il est d'ailleurs demandé aux participantes d'arborer la cocarde tricolore, "signe de ralliement des patriotes".

Outre le mécontentement lié aux pénuries alimentaires, il faut voir dans ce tract la manifestation d'une résistance civile.



* Beaucoup de Corses qualifiaient les Italiens de "Lucquois" en référence à la forte immigration économique en provenance de la région de Lucques (Lucca) en Toscane, essentiellement dans les années 30.



This leaflet was issued in response to food shortages that greatly affected the entire island due to the war, the scarcity of supplies arriving via boat, as well as taxes levied on the Corsicans by the “Lucquois” (i.e. the Italians).

Within the text is interwoven the legitimate anger of these women no longer able to feed their families and their political denunciation of the Italian occupation, then supported by the prefectural and municipal governing bodies. It also asks the public to sport the tricolored cockade, “a symbol of patriotic rallying”.

In addition to the frustration felt in regards to food scarcity, the leaflet also promotes demonstrations of civil resistance.



*Many Corsicans referred to the Italians as “Lucquois” in reference to a large wave of economically motivated immigration of people from the region of Lucques (Lucca) in Tuscany during the 1930’s.  


Auteur : Paulina Brault

Traduction : Sawnie Smith

Contexte historique

Tout comme le Service du travail obligatoire (STO), les pénuries sont de nature à frapper et irriter la population. La presse autorisée et la propagande italienne les imputent au blocus anglo-saxon en Méditerranée. Les manifestations sont alors interdites, toutefois il est difficile de contenir les "ménagères" quand les arrivages sont défaillants. Leurs réactions ont un caractère spontané mais elles peuvent être encouragées et utilisées : le 21 septembre 1942 à Ajaccio, une manifestation va du marché à la préfecture, discrètement orientée par le maire, Dominique Paoli, qu'un conflit oppose au préfet pour le contrôle des services du ravitaillement.
Six mois plus tard, le 22 mars 1943, ce sont encore les ménagères qui manifestent à Bastia contre les pénuries, suite à la décision du 17 mars pronant de réduire la ration de pain de moitié. Mais, par son ampleur, la manifestation de Bastia dure deux jours et finit par le rétablissement par la préfecture, le 25 mars 1943, de la ration normale.


La Résistance civile, stimulée dans le même temps par les contraintes du STO et par les pénuries, apporte en 1943 aux organisations résistantes le soutien indispensable de l'opinion et contribuent à l'accélération du recrutement déjà observé depuis le débarquement des soldats italiens dans l'île, à partir du 11 novembre 1942.

Like the Compulsory Work Service (Service du travail obligatoire, STO), food shortages greatly affected and angered the people. However, the authorized press and Italian propaganda claimed that these shortages were due to the English blockades on the Mediterranean. Demonstrations were then banned. However, it was difficult to suppress the housewives given how inadequate foods supplies there were. Yet they proved an important demographic amongst those voicing discontent with Italian occupation. Despite the spontaneity of their reaction, the protests led by houwewifes were sometimes used as a pretext by authorities. On September 21st, 1942, in Ajaccio, a demonstration took place that travelled from the town market to the offices of prefect. The demonstration’s path was organized by the mayor, Dominique Paoli, in response to his ongoing conflict with the prefect for control over the rationing system. 

Six months later, on March 22nd, 1943, the housewives of Bastia continued to protest against these shortages after it was declared on the 17th that bread rations would be reduced by half. But, as a result of its scale, the demonstration in Bastia lasted two days and ended with the prefectural government reinstituting, on March 25th, 1943, the normal rations. 

The civil Resistance movement, encouraged by both the food shortages and the constraints of the STO, garnered for Resistance organizations, in 1943, the indispensible support of the public and a surge in new recruits, a process which had already began on November 11th, 1942 with the landing of Italian troops.


Auteur : Paulina Brault

Sources : Hélène Chaubin, Corse des années de guerre 1939-1945, Editions Tirésias-AERI, Paris, 2005.

Traduction : Sawnie Smith