Marius Roche

Légende :

Marius Roche, frère jumeau de Julien Roche, défilant parmi les porteurs de gerbe à Oyonnax le 11 novembre 1943 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Maquis de l'Ain Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 11 novembre 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain

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Analyse média

Les frères Roche font partie de ces réfractaires au STO qui n'avaient jamais reçu de formation militaire ; leur participation au défilé implique de devoir apprendre à marcher au pas et à présenter les armes.
Marius Roche se souvient qu'avec son frère Julien, ignorant tout de l'art du défilé en colonne par trois, "Ce n'était guère facile au plateau d'Hotonnes. Tout était en pente, tellement en pente que l'on ne pouvait poser ses deux pieds à la même hauteur. C'est pourtant dans ces conditions que nous nous exerçons à défiler en colonne par trois sous les ordres du père Satory, un vieux qui avait seize ans de Légion étrangère".


D'après Patrick VeyretHistoire secrète des Maquis de l'Ain, Acteurs et enjeux, La Taillanderie, Châtillon-sur-Chalaronne, 2010.

Contexte historique

Marius Roche et son frère jumeau Julien naissent en 1921 à Bourg-en-Bresse. Pupilles de la Nation, ils sont élevés, avec leur sœur, par leur mère et, après leurs études, sont dessinateurs aux Ponts et Chaussées de l'Ain. 

En octobre 1942, Marius, Julien et leur ami
Charles Faivre, Pupille de la Nation également, font la connaissance, au moulin Froment de Villereversure, de Pierre Marcault, réfugié ici après plusieurs tentatives infructueuses pour rejoindre l'Angleterre. 

En avril 1943, les trois jeunes, bien qu'exemptés du 
STO (Service du travail obligatoire), vont consulter Paul Pioda, vitrier à Bourg-en-Bresse et fondateur du mouvementLibération-sud dans l'Ain, pour entrer dans la Résistance. Paul Pioda leur conseille de rejoindre un maquis en formation en Haute-Savoie, projet qu'ils exposent à Pierre Marcault, lequel les en dissuade en leur proposant de se joindre à un groupe de jeunes qu'il a réunis à Villereversure. 

En mai 1943, Marius, Julien et Charles rejoignent Pierre Marcault qui les conduit en camion bâché jusqu'au pied du mont Avocat, au-dessus du Val d'Enfer ; là-haut, ils retrouvent quelques réfractaires abrités dans une cabane, ravitaillés par des agriculteurs dévoués. 

Dans la nuit du 9 au 10 juin, un capitaine aviateur,
Henri Petit, "capitaine Moulin", prend contact avec ces jeunes à la Grange de Faysse, près de Montgriffon. De là, Marius, Julien, Charles et Hubert Mermet, volontaires, sont conduits à la Ferme des Gorges, près de Résinand, où, le 10 juin, le "capitaine Moulin", prenant le pseudonyme de "Romand", puis "Romans", crée la première école des cadres du maquis sous l'autorité de Pierre Marcault. 

Le 14 juillet, à la
Ferme de Termant, en présence de "Romans" et de deux envoyés de l'état-major régional, devant 50 maquisards et sympathisants, les maquis de l'Ain sont reconnus officiellement. Fin juillet, Marius, Julien et Charles, conduits par Jean Miguet, reçoivent la mission de contacter 43 jeunes à la Ferme du Gros Turc, sur le plateau de Retord, pour les conduire ensuite à la Ferme de Morez. Sous le commandement de Marcault, Marius et Julien sont nommés chefs de section, incorporent des Russes et des Polonais, et participent au coup de main sur le chantier de jeunesse d'Artemare. Le 11 novembre, au défilé d'Oyonnax, Marius est homme de base et Julien porte la gerbe, puis, en décembre, ils sont nommés au poste de commandement à la Ferme du Fort, à Brénod. Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1944, Marius et Julien sont dans le groupe qui réceptionne l'agent du SOE Van Maurik "Patterson" parachuté à Izernore. 

Le 6 février, l'attaque allemande oblige le PC à se replier, via Lantenay, Machurieux et la grange de Faysse, jusqu'à la Ferme de la Montagne, atteinte le 8 février. Ici, 250 Allemands cernent la ferme et tuent dix maquisards, dont Julien Roche, alors que Marius est dans le groupe des rescapés qui se replient à Boyeux-Saint-Jérôme. 

Marius Roche, profondément marqué par la mort de Julien, va se reposer dans sa famille, à Ambérieu-en-Bugey puis à Pont-de-Vaux. Il renseigne le journaliste clandestin
André Jacquelin, rédacteur de Bir-Hakeim. Ensuite, Marius aide Camille Trabbia dans son action à Priay, réceptionne des armes, participe à l'instruction de jeunes recrues, et prend part avec Henri Gauthier, "Jag", aux derniers sabotages et parachutages de l'été 1944. 

Après la Libération, en compagnie de Maurice Morrier, "Plutarque", Marius Roche est promoteur du
Monument des maquis de l'Ain et du Haut-Jura et, plus tard, président du Comité de ce Mémorial. Il participe à la création de l'Association des Anciens du Maquis de l'Ain et du Haut-Jura, à celle de l'Union départementale des Combattants volontaires de la Résistance, dirige un temps la rédaction du journal La Voix du Maquis et témoigne très souvent dans les établissements scolaires. A Bourg-en-Bresse, il fait partie du Conseil municipal pendant quelques années et, lui-même pilote d'aéro-club, participe à la rédaction de plusieurs ouvrages traitant de l'Histoire de l'Aviation dans l'Ain.


Claude Morel, "Marius Roche", in DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, Département AERI, 2013.