Daniel Méliani

Légende :

Daniel Méliani, l'un des résistants en charge du sabotage du pont de Trinquetaille, le 10 juillet 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection CRDA Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date (après-guerre)

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Arles

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Contexte historique

(1) En 1943, Daniel Méliani s'évade alors qu'il est requisitionné pour le STO et rejoint le maquis dans les Basses-Alpes. En 1944, il revient à Arles où il participe au sabotage du pont de Trinquetaille le 10 juillet 1944. Des membres des FTPF participent au sabotage du pont de Trinquetaille, que les premiers bombardements alliés ne sont pas parvenus à neutraliser. Le groupe est composé de Daniel Méliani, Victorin Mourgues, Joffre Arzalier, Narcisse Pampaloni, Pierre Réali et Jean Saler. Les explosifs, ramenés du maquis par Daniel Méliani, sont transportés dans un landau par Georgette Méliani et Thérèse Saler. La clef du local donnant accès aux câbles de soutènement du pont leur a été fournie par un ingénieur des Ponts et Chaussées. Daniel Méliani et Jean Saler pénètrent dans le local, placent les charges ; l’explosion a lieu vers 23 h 30. Elle permet de décaler le pont de 40 à 50 %, ce qui le rend inutilisable pour les chars*.
Daniel Méliani sera aussi des combats de la libération de la ville.

 (*A noter que cette version a été contestée avec l’argument que les FTPF ne disposaient pas d’explosifs et que ces derniers auraient été fournis par les militaires.)

(2) Depuis le 25 juin 1944, Arles est soumise aux bombardements alliés. Mais ces derniers n’arrivent pas à détruire les deux ponts sur le Rhône. Afin d’éviter de nouvelles destructions aveugles et de nouvelles victimes parmi la population, la résistance décide donc de rendre le pont routier de Trinquetaille inutilisable pour les Allemands. Des consignes très strictes sont en effet parvenues aux résistants : « Des coupures retardatrices sans destruction de gros ouvrages d’art seront réalisées sur toutes les routes importantes » (extrait des consignes du Chef départemental FFI aux chefs départementaux CFL, FTPF, ORA : *archives personnelles de Pierre Pouly conservées au CRDA). En ce qui concerne l’opération elle-même, il semblerait que le sabotage ait été effectué par un groupe de Francs-Tireurs, composé de Daniel Méliani, Victorin Mourgues, Joffre Arzalier, Angel Bracciali, Narcisse Pampaloni, Pierre Reali et Jean Saler, sous la responsabilité de Julien Chavoutier, nommé chef militaire FFI le 6 février 1944.

Selon les communistes, « c’est une femme, Cécilia Tinarage (…), qui prépare le plastic (…). Et ce sont deux femmes, Georgette Méliani et Thérèse Saler qui ont transporté les armes et les explosifs jusqu’à la villa de l’étoile, boulevard-Victor-Hugo » (*Manuscrit imprimé de Cyprien Pilliol, archives CRDA). Ainsi, le 10 juillet 1944, « vers 21 h 45, Jean Saler, parti de l’avenue-Victo- Hugo, villa de l’Etoile, avec son matériel : explosifs, grenades, détonateur et n’ayant pour toute arme qu’un revolver à barillet et quatre cartouches, rejoint ses camarades à la rampe du pont, déjouant la surveillance des gendarmes français et des huit sentinelles allemandes qui gardaient celui-ci » (La Marseillaise du 13 août 1986, témoignage de Jean Saler).
Puis, Angel Bracciali faisant le guet, ce serait Daniel Méliani et Jean Saler qui auraient pénétré dans le local pour mettre en place des explosifs. A 23 h 30, la détonation retentit. Le pont est ainsi décalé de 25 centimètres de ses galets, les câbles coupés, la diminution de la valeur de l’ouvrage sera évaluée de 40 à 50 %. Les chars ne pouvant plus emprunter cette voie, les Allemands se replieront dans la région d’Avignon : « une explosion dans la chambre des câbles du pont routier sur le Rhône (…) a endommagé les grands câbles de support et diminué la résistance du pont (…). J’ai dû renforcer la surveillance des abords du pont gardé cependant par des soldats » (*AD 13, dossier 97W28, rapport moral du sous-préfet).

Mais cette version du sabotage du pont de Trinquetaille n’est pas acceptée par tous. Ainsi, Francis Agostini, Président du comité de Coordination des associations d’Anciens combattants et victimes de guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône, récuse cette version. Pour ce dernier, les communistes n’ont pas pu faire sauter le pont de Trinquetaille, car ils ne possédaient pas d’explosifs. Les explosifs qui seraient à l’origine du sabotage auraient été fournis par Julien Chavoutier après que ce dernier eut donné l’ordre à une de ses équipes de faire sauter le pont. Cette version est contestée par les anciens résistants communistes.


(2) Nicolas Koukas, La Résistance à Arles, 1940-1944, Mémoire de Maîtrise sous la direction de Robert Mencherini, Université d’Avignon et des pays du Vaucluse, 1996-1997.

(1) Nicolas Koukas et Eric Castellani, Résister en Pays d'Arles, 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération, Editions Actes Sud-Association du Musée de la Résistance et de la Déportation d'Arles et du Pays d'Arles, 2014.