Une des fausses cartes d’identité d’Henri Faure

Légende :

Une des fausses cartes d’identité d’Henri Faure, responsable de la SAP (Section atterrissage parachutage). La carte d'identité est établie au nom d’Henri Fourès.

Genre : Image

Type : Faux papiers

Source : © Collection Musée de la Résistance Vassieux-en-Vercors Droits réservés

Détails techniques :

Carte sur un fond rosé.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Il s’agit d’une fausse carte d’identité d’Henri Faure établie au nom d’Henri Fourès. Le prénom a été gardé ainsi que l’initiale du nom, F. Garder le prénom évitait parfois des bévues. Souvent, on gardait les initiales du prénom et du nom, ici HF, ce qui permettait d’utiliser du linge ou des objets marqués, comme les mouchoirs.

La carte est sur un fond rosé. Elle comporte les timbres et tampons réglementaires. Elle est signée, mais les empreintes digitales n’apparaissent pas ou plus. 


Dans le cas d’Henri Faure ayant exercé des responsabilités, notamment comme responsable départemental de la SAP, il a fallu changer plusieurs fois d’identité comme le montrent les diverses cartes de l’album : André Malleval ou Roger Dunoir. Les mêmes précautions n’ont pu être renouvelées chaque fois. Le lieu de naissance était souvent situé dans une commune dont les archives avaient été détruites.

Mentions portées sur la carte :
Foures Henri Louis
Employé des PTT
Nationalité française
Né le 10 juillet 1910 à Rethel dans les Ardennes
Carte établie à Aubenas (Ardèche), le 22 mai 1944.

Sur les autres cartes (voir album), André Malleval est né le 1er février 1909 et Roger Dunoir le 10 juillet 1910 à Melun.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Responsable de la SAP, Henri Faure a, entre autres, organisé le commando qui a fait sauter le pont de Livron de la RN 7 sur la Drôme, le 17 août 1944.

Né en 1910 à Bourg-lès-Valence, Henri Faure n'accepte pas l'armistice et l'occupation nazie. Le 11 novembre 1941, bravant les interdits de Vichy, il dépose avec des amis une gerbe au Monument aux morts de Valence. 


Il entre très tôt dans le mouvement Combat où il est agent de liaison pour plusieurs départements. Puis au printemps 1943, il souscrit un engagement dans les FFC (Forces françaises combattantes), réseau Action, et devient officier d'opération de parachutage en Drôme et Ardèche. Il cherche des terrains, des refuges pour les radios. C'est ainsi que le plateau de Soulier à Allex sera homologué sous le nom de code de "Temple".

Avec ses équipes de la SAP, son camion Renault où est installé un "S.Phone" et une balise radio Eureka, il assure jusqu'à la Libération, la récupération de plus de 600 tonnes d'armes ou explosifs, d'importantes sommes d'argent, plusieurs dizaines d'agents en mission ou des radios, dont deux sur le terrain "Temple", le 8 mai 1944 Jean Cendral et le 26 juillet le radio "Claude".

Le 3 novembre 1943, un avion attendu sur le terrain "Temple" heurte le rocher de Bourboulas à Marcols-les-Eaux, en Ardèche, et s'enflamme. Sept victimes, mais Henri Faure apprend qu'un aviateur de la RAF, blessé, a pu être sauvé. Il part à sa recherche et l'achemine vers des lieux sûrs d'où il rejoint l'Angleterre.

Saboteur intrépide, il se charge également avec son ami Mathon, dit "Nano", de détruire les câbles souterrains des grandes lignes des PTT.

Arrive le 15 août 1944 et le débarquement des Alliés sur les côtes de Provence. L'état-major FFI (Forces françaises de l'intérieur) a déjà prévu de neutraliser le pont de la RN 7 à Livron, car cette route est l'itinéraire le plus rapide pour amener les renforts allemands dans le Sud ou, plus certainement, pour replier leurs divisions devant l'avance alliée. Le chef départemental des FFI, De Lassus Saint-Geniès, commandant "Legrand", qui venait de vivre le bombardement inutile, mais meurtrier de Crest le 13 août, voulant éviter morts, blessés et toute destruction par les bombardements souvent aveugles, sait qu'il peut compter sur la vaillance, la maîtrise du capitaine Faure et de son groupe pour réaliser ce sabotage, oh combien dangereux ! Le 15 août à 16 h 30, il lui donne l'ordre de faire sauter le pont. Henri Faure attendait cette mission au PC de la ferme des Moutiers à Allex. Il a donc examiné calmement cet ouvrage imposant et pris ses dispositions pour réussir ce sabotage très périlleux. Le 16 août, au matin, il envoie encore sur la RN 7 Annette Courtial, son agent de liaison, épier les mouvements des troupes. Puis il forme le commando, tous volontaires, fait préparer l'armement et le plastic, donne ses consignes pour la tentative qui aura lieu le soir même. Avec beaucoup de sang-froid, il dirige cette opération d'une très grande importance stratégique. Vers 2 heures du matin, mission réussie, l'arche sud est totalement détruite, le pont inutilisable, freinant le repli des troupes allemandes qui combattront au cours de la bataille dite de Montélimar.

Le capitaine Henri Faure, décédé en avril 1990, était chevalier de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance avec rosette, titulaire de la croix de guerre. Il avait également reçu la Bronze Star Medal et avait été nommé membre honoraire de l'Empire britannique.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Discours de Maurice Brunet, lors de la dénomination du pont du commando Henri Faure, le 14 août 1994, à Livron.