Rapport de police sur le défilé d'Oyonnax

Légende :

Rapport de police sur le défilé d'Oyonnax

Type : Rapport

Source : © La Voix du maquis 115, 1993 Droits réservés

Date document : 11 novembre 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Oyonnax

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Maurice Thévenon, l'un des plus jeunes docteurs en droit de France, est violemment hostile à l'occupant et à la politique collaborationniste de Vichy. Originaire d'Ussel, il est apparenté à Henri Queuille, ancien Président du Conseil.
En 1942-1943, il est commissaire de police à Lyon et il s'engage dans la Résistance aux MUR (Mouvements unis de Résistance) puis au NAP (Noyautage des administrations publiques). Il est nommé spécialement par la Résistance au commissariat d'0yonnax pour faciliter les actions des maquis d'Henri Romans-Petit durant l'été 1943.
Il prend contact dès son arrivée dans l'Ain à Bourg-en-Bresse avec Paul Pioda. Celui-ci lui présente Gabriel Jeanjacquot, engagé depuis longtemps dans la Résistance à Oyonnax. Outre les différents services qu'il peut apporter, il sait qu'il doit aussi rendre des comptes à sa hiérarchie. C'est ainsi que Maurice Thévenon se retrouve parmi les acteurs de la prépa­ration du défilé du 11 novembre 1943. Son appui est primordial pour la sécurité des maquisards. Dans le compte-rendu de ce mémorable défilé, il explique que, compte tenu de l'anniversaire du 11 novembre 1918 qu'il est interdit de commémorer, il envoie des policiers dans la ville pour "prendre la tem­pérature des citoyens". Ceux-ci rentrent en disant que toute la ville est calme.
Ceci jusqu'à la nouvelle de l'arrivée d'hommes en armes qui, débarquant de camions, investissent la ville et en occupent les points sensibles. Le commissaire dit avoir renvoyé d'urgence son personnel aux renseignements. Il indique qu'un officier à trois galons conduit le défilé vers le monument aux morts de la ville. Le rapport, savoureux, se doit de veiller à ce qu'aucun mot ne trahisse la duplicité de son auteur et évite à la ville de subir des repré­sailles.
Le 8 juin 1944, la sous-préfecture de Nantua et tout un secteur sont momentanément "libérés" par les maquisards. Un tribunal du maquis y est constitué. Le commissaire Thévenon est nommé assistant du président. A la Libération, après un séjour dans les maquis, Maurice Thévenon revient à Lyon où il est nommé à la police judiciaire. Il rejoint plus tard le barreau des avocats lyonnais.
Alban Vistel dans son livre La Nuit sans ombre écrit de lui qu'il était ouvertement le défenseur des personnes arrêtées pour menées dites "anti-nationales" de l'époque. C'était un patriote anti-nazi et avide de liberté.


Claude Morel, DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, AERI, 2013.