Edouard Bourret, dit Brun

Légende :

Le lieutenant Edouard Bourret, dit "Brun", en charge de la protection lors du défilé d'Oyonnax, le 11 novembre 1943

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l'Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Mort au combat le 17 décembre 1943.

Edouard Bourret, né le 2 février 1913 à Mourmelon-le-Grand dans la Marne, devient pupille de la Nation en mars 1917 quand son père meurt au front. En 1926, il entre à l'Ecole militaire préparatoire de Rambouillet, puis à celle de Tulle dans la division "Electricité". En 1930, Edouard Bourret intègre l'Ecole aéronautique de Versailles où il obtient le brevet de mécanicien-électricien et rejoint en 1931 le 33e régiment d'aviation. Nommé sergent, il sert au Maroc de 1932 à 1936, puis à la base de Dugny. A la déclaration de guerre, il est au 188e bataillon de l'Air et suit le centre de Villacoublay qui se replie à Bordeaux à la mi-juin 1940. 

Le 19 juin 1940, le sergent Bourret tente sans succès de rejoindre l'Afrique du Nord, avec un camarade, au cours d'un transfert d'avions, et rejoint la base d'Aulnat dans le Puy-de-Dôme. Placé en congé d'armistice, démobilisé en février 1941, il se marie et s'établit dans l'Ain à Châtillon-sur-Chalaronne. Là, avec Paul Dubourg l'oncle de sa femme, il cherche à contacter les premiers résistants et c'est à la fin de 1942 qu'il rencontre à Bourg-en-Bresse Bob Fornier "Virgile", nommé depuis peu chef de l'Armée secrète de l'Ain par le général Delestraint.

Edouard Bourret "Brun" reçoit la mission d'organiser l'AS de la Dombes (secteur C8), tâche qu'il entreprend avec fougue. Son activité est telle qu'il est repéré, dénoncé et contraint à prendre le maquis fin août 1943, remplacé par Jean Decomble "Benoît". Edouard Bourret, aux ordres de "Romans", est affecté au camp de Cize dans le groupement Nord, où il rencontre Abel Louveau et Charles Blétel, avec lesquels il assure l'instruction des maquisards.

Le 11 novembre 1943, le lieutenant Edouard Bourret est chargé de la protection du défilé historique d'Oyonnax avec les hommes des camps de Cize et de Chougeat qui neutralisent rapidement la poste, le commissariat de police et la gendarmerie et gardent les entrées de la ville.

Le 16 décembre, Edouard Bourret est chargé d'une mission spéciale en Saône-et-Loire par l'Etat-major de la Région 1 : il s'agit de saboter les installations électriques des usines Schneider au Creusot. Les trois équipes de saboteurs pénètrent dans les locaux à 17 heures, placent le plastic et ressortent sans ennui, mais à 18 heures, une partie seulement des charges explose, les autres ayant été découvertes. Sur le chemin du retour, trois voitures regagnent l'Ain à toute vitesse par des voies différentes, Edouard Bourret ayant décidé de changer d'itinéraire. 

Or ce jour, de nombreux contrôles routiers allemands sont en place suite à des actions de résistants en Saône-et-Loire. Edouard Bourret franchit deux barrages en force, un troisième en présentant une liasse de papiers, mais il doit stopper au quatrième constitué d'engins lourds, à Saint-Laurent d'Andenay. Les cinq résistants en armes sont extraits de la voiture et malmenés, alors Edouard Bourret frappe au visage un officier qui tombe puis se relève en tirant sur le Français qu'il blesse grièvement. Deux maquisards, Félix Le Noach et Paul Sixdenier sont faits prisonniers, alors que deux autres, André Vareyon, dit "Det" et Louis Tanguy, alias "Lesombre", profitant de la confusion, disparaissent dans la nuit. Le lendemain, ils parviennent à rejoindre l'Ain par le train grâce aux cheminots. 

Le lieutenant Edouard Bourret, martyrisé, chante la Marseillaise sous les coups, et va connaître une longue agonie sur l'escalier de l'hôtel de ville de Montchanin avant de mourir à l'aube du 17 décembre 1943. Il va être fait Compagnon de la Libération et inhumé au cimetière du Val d'Enfer à Cerdon le 12 juillet 1957. Félix Le Noach et Paul Sixdenier, internés à Dijon, sont fusillés au début de l'année 1944. Les autres saboteurs, plus chanceux, rejoignent Cize où Charles Blétel est nommé chef de camp pour succéder au valeureux Edouard Bourret.


Collectif, in DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut Jura, AERI, 2013.