Pétain reçoit une paire de chaussures fabriquée à l’École Pratique de Romans-sur-Isère

Légende :

Le régime de Vichy développe un véritable culte de la personnalité au profit de Philippe Pétain

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © Archives communales de Romans-sur-Isère Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 19 juillet 1941

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Auvergne) - Allier - Vichy

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Le maréchal Pétain est au centre de la photographie. De gauche à droite, autour de lui :
- M. Odon Solana, élève,
- M. René Barlatier (docteur), maire de Romans-sur-Isère,
- M. Ledevant, élève, major de la section spéciale de la cordonnerie,
- M. Doyon, élève,
- personne non identifiée.
Ne figure pas sur le cliché, tout en participant à la rencontre : M. G. Attuyer, industriel de la chaussure, président du Syndicat pour le développement de l’apprentissage. Serait-il l’auteur du cliché ?

Sur le bureau, le coffret qui n’est pas une boîte ordinaire, contient la paire de chaussures apportée par la délégation et confectionnée à l’École Pratique de Romans-sur-Isère.
À côté, on voit un outil de bureau qui a disparu, c’est le tampon-buvard permettant de sécher rapidement l’encre d’une lettre.

La photo a été pliée, de ce fait elle n’est pas de très bonne qualité.

Le Journal de la Drôme du jeudi 24 juillet 1941 rend compte de la réception par le maréchal Pétain d’une délégation romanaise venue remettre au chef de l’État français une paire de chaussures, à sa pointure, réalisée à l’École Pratique :

« Samedi denier, une délégation de l’École Pratique de Commerce et de l’Industrie de Romans a été reçue, à l’Hôtel du Parc, à Vichy, par le Maréchal Pétain.

Composée de M. le Dr Barlatier, maire ; M. G. Attuyer, président du Syndicat pour le développement de l’apprentissage ; M. Ledevant, major de la section spéciale de la cordonnerie ; MM. Solana, major de 3e année et Doyon, major de 2e année. Cette délégation a offert au Chef de l’État un superbe coffret contenant une paire de chaussures fabriquée par la Section spéciale de l’École.

En présentant ce don, M. le Dr Barlatier exprima au Maréchal la respectueuse affection de la population romanaise et son vif désir de le voir un jour à Romans.

Avec sa bienveillante simplicité coutumière, le Maréchal remercia le Dr Barlatier et promit de s’arrêter à Romans lors de l’un de ses prochains voyages. Il félicita MM. Ledevant, Solana et Doyon et admira le beau travail de la Section spéciale de la cordonnerie que M. Ledevant lui avait remis en ces termes. »


Cette cérémonie a lieu à la fin de la première année scolaire sous l’État français. Dès le début de l’année scolaire, les sollicitations gouvernementales incitent à mettre en place dans les écoles un véritable culte de la personnalité du maréchal Pétain, sauveur de la France.

Qui a eu l’initiative de cette opération de propagande qui avait pour but de sensibiliser les élèves et d’impressionner la population ? Est-ce la direction de l’établissement et les enseignants ? Est-ce le patronat romanais très impliqué dans le fonctionnement de l’École pratique ? Est-ce M. Joseph Fénestrier, président de la Chambre nationale de l’Industrie de la chaussure, chargé de la répartition des attributions de cuir, au plan national ?


Auteurs : Jean Sauvageon et Laurent Jacquot

Sources : Journal de la Drôme, 24 juillet 1941.

Contexte historique

La propagande du gouvernement de Vichy s’adresse à toute la population, mais les écoliers, la jeunesse sont des cibles privilégiées. On demande aux écoliers de célébrer la Saint-Philippe, d’envoyer des dessins au chef de l’État, de participer à la « reconstruction » de la France, de récolter des vieux papiers, des marrons d’Inde, etc. On ouvre des Maisons pour la jeunesse où l’on pense qu’ils seront bien encadrés et formés dans l’optique de la « Révolution nationale ».

Dans tous les établissements scolaires, les élèves sont rassemblés chaque matin devant le mât où on lève le drapeau français. C’est un des moyens d’inculquer l’idée de la « Révolution nationale » dans la tête des jeunes enfants et de s’en servir comme vecteur pour diffuser cette idéologie dans les familles. Cette disposition a été imposée dès la première rentrée scolaire de l’État français, en 1940.

Les industriels romanais doivent se conformer aux lois de Vichy pour obtenir de la matière première. Pour la plupart, ils se sont engagés dans une politique de collaboration en exécutant les commandes allemandes. Certaines entreprises sont radiées au début de 1942 parce que les Allemands ont réduit massivement leurs commandes. Ceux qui ont été écartés le sont sous le prétexte qu’ils n’ont pu fournir à temps les commandes ou d’en avoir ralenti et saboté la fabrication.


Auteurs : Jean Sauvageon et Laurent Jacquot

Sources : Collection Journal de la Drôme, AC Romans-sur-Isère
ACCÉS Université populaire. Dir. J. Sauvageon. Les Romanais, Romans et la Chaussure. 150 ans d’histoire. Éd. Peuple libre-Notre Temps. Valence, 2002.