Exécution de prisonniers allemands à Chalautre

Légende :

En représailles du massacre de Chalautre-la-Petite, des soldats allemands sont exécutés

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © National Archives and Records Administration, Washington Libre de droits

Détails techniques :

Photos NARA publiées pour la première fois en 1986 par Jean Paul Pallud, in After the Battle No. 53

Date document : 31 août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Chalautre-la-Petite

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Analyse média

Cinq prisonniers allemands sont extraits de la prison départementale et conduits à Chalautre. Malgré leurs protestations, ils sont exécutés devant un mur à côté de la place du village par un peloton de FFi peu expérimentés.


Contexte historique

Le 27 août 1944, vers 18h30, une patrouille de reconnaissance américaine progressant entre Soisy et Chalautre fait trois prisonniers appartenant à la 9e batterie du 148e régiment d’artillerie. Un des prisonniers, un sergent, parvient à s’échapper et retourne à Chalautre prévenir son officier. Les habitants pensent maintenant être libérés pour de bon et partent accueillir les Américains en cortège. Soudainement les Allemands surgissent pour reprendre le contrôle. Cachés aux coins de l’église, ils tirent en direction de la foule, chacun courre alors se refugier à domicile. L’Oberleutnant Kurz, commandant la batterie décide alors de prendre vingt-deux hommes de la commune en otages. Rassemblés sur la place du village, on les accuse de la disparition mystérieuse des deux soldats. Toute la population du village est rassemblée là, terrorisée. Mais les Américains ne sont pas loin, pas le temps de discuter, Kurz doit partir avec sa batterie en emmenant les otages sur la route de Sourdun en direction de Provins. Là, ils sont froidement abattus à coup de mitraillettes. Treize morts ! Trois blessés et six survivants ont pu s’enfuir.

Provins libéré, on apprend le terrible massacre de Chalautre la Petite. Les FFI décident des représailles. Les auteurs présumés, Heinz Kurz et l’Unteroffizier Stenbach, sont faits prisonniers à Orvilliers par les Américains, mais ils refusent de les livrer. Henri Sy, combattant de la Résistance fait lui-même neuf prisonniers allemands, dont un officier, deux sergents et quatre SS. Six d’entre eux sont fusillés et les trois autres abattus alors qu’ils tentaient de s’enfuir. Ils auraient participé au massacre de Chalautre. A Provins, où ont été internés les prisonniers allemands capturés par les Américains, le chef des FFI, le capitaine Macharet décide de son côté, de passer neuf autres prisonniers en cour martiale le lendemain. Les services américains du SHAEF qui enquêtent sur le crime de Chalautre, lui suggèrent d’attendre afin qu’ils puissent les interroger eux aussi avant toute décision fatale. Jean Paul Pallud qui a enquêté dès 1985 sur les événements de Chalautre a publié un article dans la revue After The Battle (Après la bataille) avec des photos inédites. Finalement cinq prisonniers sont condamnés à mort en représailles. Après avoir pu écrire une lettre à leurs familles, ils sont extraits de la prison départementale et conduits à Chalautre. Malgré leurs protestations, ils sont exécutés devant un mur à côté de la place du village par un peloton de FFi peu expérimentés. Il faudra s’y prendre à plusieurs reprises pour « les finir ». Les services américains photographient et filment la scène. Les corps sont enterrés au cimetière de Sourdun puis exhumés au début des années soixante, pour être transférés au cimetière militaire du Fort de la Malmaison dans l’Aisne. Identifiés entre autres, le Wachmeister Hubertus Schürzeberg, l’Unteroffizier Ferdinand Leonhardi, originaire de New York ! et Otto Tieffelder, tous membres du bataillon d’artillerie de la 48e division.


Bruno Renoult