Plaque en hommage au résistant Israël Bursztyn

Légende :

Plaque en hommage au résistant Israël Bursztyn, fusillé au Mont Valérien le 15 décembre 1941, située 10, rue Morand, Paris XIe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Département AERI Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Israël Bursztyn fut l’un des 100 résistants assassinés le 15 décembre 1941 par un ordre pris à Berlin, exécuté par le gouverneur de la France occupée, le général Otto von Stülpnagel. Le même jour, il fit publier dans la presse et apposer sur les murs de Paris un « Bekanntmachung » annonçant une pénalité d'un milliard de francs à la charge des juifs et « l’exécution de 100 juifs, communistes et anarchistes » sous prétexte de représailles pour les attentats commis contre les troupes d’occupation.

 

Né le 7 janvier 1896 à Varsovie (Pologne), fusillé comme otage au Mont Valérien le 15 décembre 1941 ; tourneur sur bois, puis marchand ambulant ; militant syndicaliste, trésorier de l’Union des travailleurs artisans et marchands forains de la CGTU, président de l’Amicale des marchands forains et petits commerçants juifs ; militant communiste, administrateur du quotidien en langue yiddish Naïe Presse et de la Société des éditions ouvrières juives. [CDJC, CDLXX 119]

Issu d’une famille juive polonaise de huit enfants, il commença très jeune à travailler comme apprenti chez un ébéniste de Varsovie. Quand éclata la guerre de 1914, interné civil par les Allemands, il fut déporté dans les mines d’Essen, où il participa aux grèves revendicatives de 1916-1917. Après la paix de Brest-Litovsk, il retourna à Varsovie, adhéra au Parti social-démocrate et fut aussitôt pourchassé par la police, arrêté et incarcéré à la prison de Piotrkow.
Une fois libéré, il retourna à Essen, où il adhéra à l’Union Spartakus, au sein de laquelle il se chargea d’organiser ses coreligionnaires immigrés, nombreux à l’époque dans cette ville. Il créa ainsi le mouvement culturel juif à tendances révolutionnaires, Lumière, où des écrivains de Berlin firent des conférences sur des sujets politiques et littéraires. Ayant participé au soulèvement Spartakus de novembre 1918, il fut poursuivi en justice et condamné à six ans de réclusion, mais il parvint à s’enfuir d’Allemagne et regagna la Pologne, où il fut mobilisé en 1919 dans l’armée.

Arrivé en France en avril 1922, il s’installa dans le XXe arrondissement de Paris, où il se maria le 20 octobre 1925 avec sa compatriote Yochwet Brand dite "Ida", dont il eut deux fils, Maurice né en septembre 1920 à Varsovie et Léon, français par déclaration, né en mars 1926 à Paris, tandis que le reste de la famille obtint la nationalité française par naturalisation en août 1930. En 1927, il habitait rue des Immeubles Industriels dans le XIe arrondissement, où il s’installa comme tourneur sur bois. Contraint par la crise en 1930 d’abandonner cette profession, il exerça le métier de forain en vendant de la bonneterie sur les marchés d’Amiens et d’Abbeville (Somme) ainsi que sur ceux de la grande banlieue parisienne.
À partir de 1934, domicilié rue Morand dans le XIe, il occupait avec sa famille le premier étage d’un pavillon. Militant syndicaliste, trésorier de l’Union des travailleurs artisans et marchands forains de la CGTU, il exerçait la présidence de l’Amicale des marchands forains et petits commerçants juifs. Membre de la sous-section juive de la MOI du PCF, il fut administrateur du journal communiste en langue yiddish, Naïe Presse (La Presse Nouvelle) depuis sa création en 1934 et de la Société des éditions ouvrières juives, publiant ce quotidien ainsi que toutes sortes de livres et de brochures de propagande ; il collabora jusqu’en 1938 à la rédaction du journal.

Mobilisé comme soldat deuxième classe dès le début des hostilités, il fut renvoyé peu après dans ses foyers. Dès l’arrivée des troupes allemandes dans la capitale, son activité de marchand ambulant se limita à la banlieue parisienne. Recensé comme juif, connu comme militant communiste, il vit en juin 1941 son domicile perquisitionné en vain par les services de la 3e section des renseignements généraux. En effet, actif militant de Solidarité, organisation clandestine, liée à la sous-section juive de la MOI du PCF, chargée de venir en aide aux familles de communistes arrêtés, il participait à la confection de colis pour les internés de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, dans son appartement de la rue Morand.
Au cours de la première rafle de juifs opérée dans le XIe arrondissement le 20 août 1941, il fut arrêté par la police française et interné le lendemain au camp de Drancy, tandis que sa femme fut interpellée quelques mois plus tard, le 14 octobre 1941, à la gare Saint-Lazare, à la suite de vérifications d’identité faites par la police sur les voyageurs à l’arrivée du train. De retour d’Evreux, où sans autorisation, elle était allée voir son fils aîné Maurice, jeune résistant communiste détenu à la maison d’arrêt de cette ville, elle fut mise à la disposition des services des renseignements généraux, qui la dirigèrent le lendemain sur le camp des Tourelles pour y être internée administrativement, sous le motif que « suspecte au point de vue politique et dangereuse pour l’ordre intérieur », elle était susceptible de se livrer au marché noir. Elle sollicita, en novembre 1941, sa libération de ce centre surveillé, qu’elle obtint en janvier de l’année suivante et partit alors en zone non occupée s’installer à Lyon, où elle continua son action dans la Résistance jusqu’à la Libération.
Extrait de Drancy, Israël Bursztyn fut l’un des soixante-dix fusillés par les Allemands au mont Valérien à Suresnes le 15 décembre 1941, parmi lesquels figuraient Gabriel Péri et Lucien Sampaix, en réponse à la série d’attentats qui eurent lieu principalement à Paris au cours de la troisième semaine de novembre. Son commerce ambulant de marchand forain fut doté d’un administrateur provisoire le 7 mai 1942, qui le radia du registre du commerce et de la patente, tandis qu’en avril 1943, les scellés étaient posés par le service allemand Dienststelle Westen Abschnitt Gross-Paris sur la porte de son logement, prélude au pillage des lieux.

Le plus jeune de ses fils, Léon, également engagé dans la résistance communiste, arrêté le 11 juin 1944 à Tencin dans l’Isère, interné à Compiègne, puis transféré au camp de Drancy le 28 du même mois, fut déporté à Auschwitz le 30 juin 1944 et mourut, quinze jours après son rapatriement en juin 1945, des suites des mauvais traitements subis en captivité. Il repose dans la même tombe que son père au cimetière du Père Lachaise, à Paris. En marge de l’acte de décès d’Israël Bursztyn figure la mention « Mort pour la France ». 


Auteur : Lynda Khayat

Sources :
 Arch. Nat. Natural. BB 4808 X 30 Bursztyn Israël ; F 9 art. 5608 Fichier familial de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5636 Fichier indiv. de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5684 Fichier du camp de Drancy ; Dir. gén. de la Sûr. nat. 19940495 art. 43 dos. 2199 Naïe Presse (1934) ; AJ 38 art. 1812 dos. 32392 Bursztyn Israël. — Arch. PPo. BA 2314 Dos. Société d’Éditions juives, BA 2297 Dos. indiv. de fusillés, Bursztyn Israël. — CDJC CDLXVIII 5 France Résistance juive ; MJP20 93 Portrait d’Israël Bursztyn. — David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la résistance, Paris, Éditions Renouveau, 1984, pp. 34-35.