Gustave André portant sa fille dans ses bras

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © AERD, collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Chabeuil

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Analyse média

Portrait de l’instituteur Gustave André qui devient inspecteur des Transmissions dans la zone Sud. Il mourra fusillé comme otage pris à Montluc.


Contexte historique

Né à Chabeuil le 21 novembre 1908, d’un père ébéniste, Gustave André a été imprégné des solides traditions républicaines de sa famille. Après de brillantes études à l’École normale d'Instituteurs de Valence (promotion 1924-27) où il entre à l'âge de 15 ans, puis à l'Université de Lyon, il débute comme jeune instituteur à Bourdeaux, avant d’être nommé à Divajeu, puis à Cliousclat. En 1932, il se fixe à Chabrillan avec sa jeune épouse Suzanne Brachet, enseignante également, et qui, sur le plan régional, prendra part, elle aussi, de façon active à la Résistance. Ils auront une petite fille. D’une nature sympathique et généreuse, exerçant aussi les fonctions de secrétaire de mairie, enjoué, sportif, profondément artiste, il est aimé de tous.

Mobilisé à la frontière italienne en septembre 1939, il demande, fidèle à ses convictions profondément humanistes, à servir aux services de santé. Démobilisé en août 1940, il revient à Chabrillan où il devient un résistant de la première heure en faisant une propagande intense contre les lois de Vichy. Membre des réseaux Combat, puis Franc-Tireur, il travaille à coordonner les mouvements. Il collabore activement à la presse clandestine. Aidé par son épouse, elle-même résistante, il procure des cartes d’identité et d’alimentation à des clandestins ou des israélites. Il héberge des personnes recherchées par la police (Juifs, résistants puis réfractaires au Service du travail obligatoire - STO) et cache du matériel (armes et postes de radio). Il défend dans la Résistance les valeurs qui ont fait la base de son enseignement. Il réussit à faire échapper de nombreux réfractaires des griffes de la Milice et de la Gestapo.

Dès 1942, il est membre des Forces françaises combattantes (FFC) et du Bureau central de renseignement et d'action (BCRA).

A compter du 1er septembre 1943, il est appelé à prendre une importante responsabilité dans la clandestinité : il est chargé d’établir les liaisons entre l’état-major de De Gaulle et les formations du maquis. Il y réussit à merveille, en y rendant d’incomparables services.

Avec le grade de commandant, il est inspecteur national des Transmissions et renseignements dans la zone Sud, l'adjoint de Tibor Revesz-Long, inspecteur national. Son pseudonyme radio est « Phénicien ». Malgré les dangers encourus, il multiplie les prises de contacts, organise la liaison avec l'état-major de Londres, assure la répartition d’un énorme matériel et la formation d’opérateurs radio.

Dénoncé par une lingère, il est arrêté place Bellecour à Lyon le 8 juillet 1944 et torturé sauvagement par la Gestapo, mais il ne livre pas un seul des secrets dont il était le dépositaire. Emprisonné à Montluc le 23 août dans le « réfectoire des hommes », il partage quelques jours de captivité avec le professeur d’Université Émile Terroine qui lui dédiera son ouvrage sur la prison de Montluc. Pour tenir, les jeunes emprisonnés improvisent des spectacles au cours desquels André, lorsque la force lui en reste encore, dit des fables de La Fontaine qu'il connaît par dizaines. Extrait de sa cellule par les Allemands le 23 août, Gustave André est emmené comme otage, alors que Lyon est sur le point d'être libéré. Terroine décrit André « dont le corps, visage compris, n’est qu’une masse brunâtre et boursouflée et qui arrive somnolent et abruti de coups. Cette fois encore il n'a pas parlé. Il ne parlera jamais ». Après six jours de supplice, André est exécuté à la mitraillette avec quatre autres patriotes le 29 août à la "Croisée des Chemins", sur la commune de Limonest. Il n’avait que 35 ans. Inhumé dans un premier temps le 9 novembre 1944 au cimetière de la Guillotière, le corps de Gustave André repose depuis 1957 au cimetière national de La Doua à Villeurbanne.

Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre avec palmes, Croix de la Libération, Compagnon de la Libération (décret du 28 mai 1945). Son nom a été donné à une rue de Crest et aux écoles publiques de Chabrillan et de Chabeuil.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Les radios de la Résistance, chercher références. AC Crest, album de notices biographiques, 4 H 2. Christophe Notin, 1 061 Compagnons de la Libération, Perrin 2000. Émile F. Terroine, Dans les geôles de la Gestapo, souvenirs de la prison de Montluc, éditions de la Guillotière, Lyon, 1944. Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu, éd. BGA Permezel, Lyon 1999.