Dossier administratif d'Henri Auzias (Ministère des PTT)

Légende :

Dossier administratif d'Henri Auzias, agent des PTT, suite à son arrestation le 18 janvier 1941.

Genre : Image

Type : Dossier administratif

Source : © Archives nationales, F90 22215 Droits réservés

Détails techniques :

Dossier composé de 5 documents

Date document : 1941

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Ce dossier conservé aux archives nationales (F90-22215 : Direction des affaires communes : dossiers individuels d’agents résistants. 1940- 1945) contient les correspondances échangées entre la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée et la direction du personnel du secrétariat général des PTT au sujet d'Henri Auzias et sur les mesures disciplinaires à prendre suite à l'arrestation de ce dernier à Marseille le 18 janvier 1941.

Voici les éléments qu'il contient :

- Couverture reprenant la chronologie du dossier : date d'arrestation, date de révocation, date de condamnation et peine prononcée, annulation de la révocation le 3 octobre 1944.

- Courrier de la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée adressé à la direction personnel du secrétariat général des PTT en date du 30 janvier 1941 dans lequel est annoncée la suspension provisoire d'Auzias dans ses fonctions, avec privation de traitement, à compter du 18 janvier 1941, date de son arrestation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".

- Note du 13 février 1941 émanant du secrétariat général des PTT et adressée au directeur des services ambulants de la ligne de la Méditerranée demandant de le tenir informé de la suite judiciaire qui sera donnée à l'affaire concernant Henri Auzias et de "fournir tous renseignements utiles sur cet agent qui n'a pas été signalé jusqu'à présent".

- Lettre de la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée à la direction du personnel du secrétariat général des PTT, datée du 21 février 1941. Ce courrier nous apprend qu'Henri Auzias avait déjà été signalé sur une liste datée du 7 décembre 1940 transmises au Préfet des Bouches-du-Rhône par la direction des services ambulants de la ligne de la Méditerranée, le signalant comme "ayant professé des idées communistes". L'objectif étant de connaître les mesures à prendre vis-à-vis de l'intéressé.

- Fiche reprenant les éléments de condamnation d'Henri Auzias : "condamné à 4 ans et 3 mois de prison et 3.400 fr d'amende pour infraction au décret-loi portant dissolution des organisations communistes (signalé par 3e bureau). Affaire en cours à la discipline. 10/5/41."

- Une note manuscrite émanant de la direction du personnel des PTT demandant "si il est envisagé de relever de ses fonctions M. Auzias". La réponse également manuscrite indique : "cet agent n'a fait l'objet d'aucune proposition de la part du directeur de la Méditérranée. Ce dernier a seulement signalé que l'intéressé figurait sur une liste d'agents communiquée au Préfet des Bouches du Rhône en vue de recueillir son avis sur les mesures à prendre à l'égard des intéressés".


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale.

Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus. 

En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. 

Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ». 

En juillet 1945, son nom fut donné à la rue Saint-Régis à Marseille où il demeurait. Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre. 


D’après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.
Biographie d’Henri Auzias sur le site internet Maitron en ligne.