Ecole du Palais, à Valence, siège de la Milice

Légende :

École du Palais, place du Palais de Justice, à Valence, au début du 20e siècle, devenue siège de la Milice pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle subit un attentat à l’explosif, dirigé par un groupe-franc, dans la nuit du 17 au 18 août 1944.

Genre : Image

Type : Carte postale

Source : © AERD, fonds Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Carte postale.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

L’école du Palais (aujourd’hui école Louis Pergaud), déjà avant la Seconde Guerre mondiale, était une école primaire publique valentinoise.
Depuis la place du Palais, on entre dans la cour de l’école par un portail. Les bâtiments scolaires, en forme de L (voir le plan), comprennent, sur la longueur un préau surmonté d’une rangée de classes et, sur la largeur, un édifice à trois niveaux contenant des classes au rez-de-chaussée et les appartements des instituteurs. C’est cette partie qui constituait le siège de la Milice en 1943-1944.
Le Palais de Justice, l’institution habituelle du ministère de la Justice, est de l’autre côté de la place – qui porte son nom – et se trouve derrière l’objectif. L’entrée de la maison, ses sous-sols et rez-de-chaussée ont été détruits ou très endommagés par l’explosion de la nuit du 17 au 18 août 1944, les deux étages s’écroulant également du même coup.



Contexte historique

Depuis longtemps, la Résistance pensait attaquer le siège de la Milice, installé dans l'école du Palais. Mais cela n'avait jamais pu être tenté.

Le bâtiment était entouré de chevaux de frise et une sentinelle montait la garde devant l'édifice. De plus, des résistants prisonniers étaient quasi constamment détenus dans les caves de l'école et on ne pouvait envisager de les sacrifier dans une explosion. Pons, ayant appris qu'il n'y avait plus de prisonniers détenus, confie à Paul Bernard l'organisation d'un attentat contre les locaux de la Milice, pour la nuit du 17 au 18 août. Paul n'engage jamais rien à la légère et tient à ramener tous ses hommes lors d'une opération. Pendant une semaine, des reconnaissances nocturnes ont permis de situer les heures de ronde entre 11 h du soir et minuit. Le coup est minutieusement préparé.

Les trois jeunes hommes du corps-franc de la compagnie Pons, Pierre Roche, Georges Rollier et Paul Bernard, entrent dans la cité le 17 août avant le couvre-feu. Ils se rendent chez un ami pour y préparer leur matériel : pétrir les 18 kg des pains de plastic et en faire deux galettes est indispensable pour pouvoir les mettre en place dans l'étroit soupirail qu'ils ont repéré sur une face du bâtiment. Puis ils se chaussent d'espadrilles. Arrivés sur les lieux peu avant 22 h, chacun entre dans son rôle. L'un fait le guet devant le Palais de Justice. Les deux autres rampent sous les barbelés. Ils introduisent les charges dans le soupirail resté ouvert, au-dessous du dortoir des miliciens qu'ils entendent ronfler, et enfoncent dans la pâte le crayon détonant. Puis, les trois hommes se retirent et, en catimini à travers Valence déserte, partent vers une maison amie, dans le voisinage du pont des Anglais.

À quelques pas du but, se croyant trop vite tirés d'affaire et oubliant les règles de prudence, ils sont surpris par une rafale de mitrailleuse. C'est alors une course effrénée vers le bois voisin où, à l'abri, ils attendent le "boum" synonyme de réussite.

Au bout d'une heure et demie, l'acide a rongé le fil d'acier qui bloquait le percuteur. Il est environ 23 h 25 lorsqu'une explosion formidable retentit. Deux étages de l'immeuble s'écroulent, faisant quatre morts et dix-sept blessés parmi les miliciens. Les archives et le bâtiment sont complètement anéantis. Les autos qui étaient dans la cour ont été mises hors d'usage. En outre, l'effet moral est énorme sur les Allemands et leurs supporteurs français, comme aussi, en sens inverse, sur la Résistance, fière d'avoir frappé un symbole du régime. Les trois hommes n'ont plus qu'à regagner Crest, 30 km à pied, pour y retrouver les camarades de leur compagnie et retourner à l'anonymat.

Il est cependant important de retenir les noms des auteurs de cet exploit que beaucoup d'autres se sont attribués par la suite. Paul Bernard lui-même, le chef du groupe-franc, n'a-t-il pas écouté, cachant son sourire, un gars racontant devant le zinc d'un bar valentinois de quelle manière il avait fait sauter le siège de la Milice !


Auteurs : Robert Serre et Michel Seyve
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.