Varian Fry

Légende :

Varian Fry, journaliste américain engagé, envoyé en mission à Marseille par l'Emergency Rescue Comittee (ERC - Association de secours d'urgence) à la mi-août 1940

Varian Fry, an American journalist sent on a mission to Marseilles by the Emergency Rescue Committee (ERC- Association de secours d’urgence) in mid-August 1940.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Contexte historique

Varian Mackey Fry est né à New York le 15 octobre 1907, dans une famille aisée de la côte est ; il parle peu de son enfance passée dans le New Jersey ; on sait seulement qu’il a eu une jeunesse dorée, qu’il a fréquenté diverses écoles, où il s’est montré un élève brillant, mais peu discipliné, passionné pour les arts et pour la littérature (ce qui explique en partie sa motivation pour la mission de 1940). A dix-neuf ans, il commence des études supérieures à Harvard (l’Université de Cambridge dans le Massachussets). Il se spécialise alors dans les lettres classiques avant de se tourner vers les sciences politiques, au niveau du troisième cycle, qu’il effectue à New York, à l’Université de Columbia. A vingt-trois ans, le 2 juin 1931, il épouse une journaliste de deux ans son aînée, Eileen Avery Hugues ; le couple s’installe à New York 56, Irvin Place.

Il entre dans le journalisme au lendemain de son mariage, en prenant la direction de Scholastic Magazine, puis il se spécialise dans les affaires internationales en prenant la tête du mensuel The Living Age à partir de 1935. Son engagement politique antifasciste est très net. Au retour d’un reportage à Berlin, il publie un article incendiaire dans le New York Post illustré d’une photo de Goebbels (16 juillet 1935). La F.P.A. (Foreing Policy Association) lui confie alors la direction d’une collection de vulgarisation en sciences politiques : Headline Books. En somme, c’est une belle carrière qui s’annonce pour ce jeune homme d’une trentaine d’années. Il y renonce brutalement en 1940, au moment de l’effondrement de la France.

Varian Fry a été chargé de mission parce que l’E.R.C. (Emergency Rescue Committee, Association de Secours d’Urgence) cherchait un volontaire. C’est un protestant ; il a sur lui une carte de la YMCA (Young Men Christian Association). Il dit qu’il fut le seul à s’engager, parce qu’il fallait avoir un certain sens du dévouement ; il s’agissait au départ d’une mission de reconnaissance dans la zone non occupée pour définir la situation des réfugiés étrangers, surtout des Allemands anti-nazis menacés d’être livrés par Vichy, sur simple demande des autorités d’occupation ou de la Gestapo, selon la clause 19.2 de la Convention d’Armistice (Surrender on Demand ou « Livraison sur Demande », c’est le titre des mémoires de Fry). Varian Fry est parti vers l’Europe avec une liste de 200 noms, la première liste (« the first list »), comprenant les personnalités les plus en vue du monde intellectuel, mais aussi les plus en danger (les « first listers ») ; parmi eux des peintres comme Ernst, Chagall ou Picasso, des écrivains comme Franz Werfel, des musiciens comme Casals, enfin tous les réprouvés de la culture par les régimes fascistes. On sait qu’en septembre 1940, Fry récupère les listes de Frank Bohn, le délégué de l’A.F.L. envoyé en Europe, qui rentre aux Etats-Unis après une sommation du département d’Etat ; cette liste comptait surtout des hommes politiques, comme Breitscheid et Hilferding (députés du Reischtag, livrés par Vichy au titre de l’article 19).

La dernière période de la vie de Varian Fry a été marquée par l’obscurité. Convoqué le 15 juillet 1941 par l’intendant de Police de Marseille, Rodellec du Porzic, il est expulsé le 29 août de France pour avoir, lui dit-on, protégé « trop de juifs et d’anti-nazis ». Il séjourne quelques temps à Lisbonne où il reste en contact avec le C.A.S. par l’Unitarian Service Committee, dirigé par Charles Joy. En novembre 1941, il est à New York. Désavoué autant par le gouvernent américain que par ses propres mandataires de l’Emergency Rescue Committee, il a perdu son emploi au Foreign Policy Association. Après le décès de sa femme, il se remarie en 1950 avec Annette Riley, dont il a trois enfants. Après s’être essayé dans le cinéma publicitaire, il se consacre à l’enseignement des Lettres classiques dans un établissement secondaire.
Il meurt à Easton (Connecticut) le 13 septembre 1967.


Varian Mackey Fry was born in New York on October 15th 1907 to a family of the East Coast, he rarely spoke of his childhood of which he passed most of the time in New Jersey. It is only known that he had a very fortunate childhood, attending several prestigious schools where he proved to be an excellent student that was deeply interested in arts and literature, but possessed little discipline. At the age of 19 he attended Harvard University where he studied classical literature then switching to political science. During the third year of his undergraduate studies Fry decided to leave Harvard to finish his degree at Columbia University in New York City. At the age to 23 he married Elieen Avery Huges, a fellow journalist and two years his senior on June 2nd, 1931 and the couple took up residence at 56 Irvin Place in New York City.

Following his marriage, Fry entered the world of journalism and took over the direction of Scholastic Magazine then specializing in international affairs as the head of the monthly magazine The Living Age starting in 1935, throughout which his anti-fascist political commitment was very clear. Upon returning from an assignment in Berlin, Fry published a provocative article in the New York Post accompanied by a photo of German politician, Joseph Goebbels that was published on July 16th, 1935. Not long after, the Foreign Policy Association then entrusted him with the management of a publishing, company, Headline Books that produced mainly works of Political Science. By his early thirties, Fry was already leading a very prosperous life and career that he abruptly abandoned in 1940 upon the collapse of France.

Varian Fry was put in charge of a mission carried out by the E.R.C (Emergency Rescue Committee) which called on him for reconnaissance work, concerning the state of the foreign refugees in the non-occupied region of France. Especially concerning the anti-nazi Germans who were at risk of being reported to the Vichy government or the Gestapo according to the Clause 19.2 of the Conventions of Armistice (Surrender on Demand is the name of V. Fry’s Memoirs). Fry left for Europe with a list of 200 names, comprising mostly of intellectuals and also those who were perceived to be in the most eminent danger. It is known that in September of 1940, Fry recovered lists from Frank Bohn, a Delegate of the American Foreign Legion who had been sent to Europe but was sent back to the United States because of a summons from the State Department. On this list were the names of many former politicians of the Reichstag, such as, Breitscheid and Hilferding who had been delivered to the Vichy government under terms of Clause 19.2.

The later part of Fry’s life has been very much obscured by history. Summoned on July 15th 1941 by the commissary of the Police of Marseilles, Rodellec du Porzic, Fry was expelled from France on August 29th for protecting “too many Jews and anti-Nazis”. Following his expulsion he spent some time in Lisbon, Portugal where he remained in contact with the C.A.S. through the Unitarian Service Committee, headed by Charles Joy. By November 1941 he was once again in New York where both the US government and his fellow agents of the Emergency Rescue Committee disowned him and then was terminated from his post at the Foreign Policy Association. After the death of his wife in 1950, Fry remarried Annette Riley with whom he has had three children. Following a short period in advertising he devoted himself to teaching classical literature at the high school level until his death in Easton, Connecticut on September 13th, 1967.


D'après «l’Association Varian Fry France» et son site, consulté le 8 décembre 2014.

Jean-Marie Guillon (sous la direction de), Varian Fry, du refuge ... à l'exil, Actes-Sud, Arles, 2000.

Traduction : Sarah Buckowski