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Lettre de Jean Belloni écrite à Dachau le 1er mai 1945

Légende :

Lettre de Jean Belloni adressée à sa femme Marguerite et à sa fille Jeannine de Dachau le 1er mai 1945.

Genre : Image

Type : Lettre

Source : © Association généalogique des familles Bourrée et Lapeyre Droits réservés

Détails techniques :

Lettre manuscrite au crayon à papier. Dimensions : 21 x 29,5 cm.

Date document : 1er mai 1945

Lieu : Allemagne - Bavière

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Analyse média

Retranscription (avec l'orthographe d'origine) :

Chère Margot et Jeannine chérie,

C’est dans la joie que je vous envoie ces quelques mots, sans doute vous m’avez cru mort, heureusement pour moi je me suis pas démoralisé un seul instant. J’ai toujours gardé un bon moral, et confiance. J’espère que vous deux vous avez été comme moi. Nous avons beaucoup souffert des traitements qu’on nous infligeait. Mais cela je vous le raconterai de vive voix à mon retour. Je crois que nous serons en France dimanche prochain. Tout d’abord je tiens à vous dire que nous avons été libéré samedi 29 avril à 5h20 exactement l’après-midi par les troupes américaines, le premier soldat qui est rentré dans le camp était une femme*, on la porter en triomphe, embrasser, c’était du délire.

Aujourd’hui nous avons fêter le premier mai. Nous avons défilé par nation et le drapeau de chaque nation, c’est-à-dire les Français drapeau tricolore, drapeau rouge avec marteau et faucille, les Russes avec un grand portrait de Staline, les Polonais, les Yougoslaves, les Tchèques, les Allemands certains enfermés depuis plus de dix ans, nous avons été filmé par les Américains. Tout cela sera reproduit dans les cinémas français. Malheureusement beaucoup de camarades sont morts, un que vous connaissiez bien notre brave camarade Planque, mort du typhus, d'autres tués par la racaille nazy, ici dans notre camp il en est mort des milliers. Moi je n ’est pas trop souffert malgré les 25 et 26 degrés en dessous de zéro et la neige qui est restée plus de deux mois. Une fois de plus mon métier m’a sauvé la vie. J’étais au Commando des Tailleurs, chauffage central, c’était un peu dur car on travaillait douze heures par jour, lever à 4h et demi, ce qui correspond à 3h et demi en France coucher à 9h. J’aurais un journal à vous faire, mais je ne puis vous le dire sur cette lettre, d’abord vous ne le croiriez pas. Si je ne l’avais pas vécu moi même, j’aurais jamais crue qu’en Europe il existe un pays où les gens sont si cruels, sur cent allemands il y a peut-être un de bon et encore, et dire qu’il y avait des Français qui soutenaient ces bandits.(...).

Plus de mauvais sang jusqu’à mon retour. (...)
Recevez mes meilleurs baisers et d'ici une quinzaine je serais dans vos bras.

A. Belloni

Dans l'angle en haut à gauche, Marguerite Belloni a ajouté ces quelques mots : "Cette lettre est arrivée à Villeneuve le lundi 7 mai 1945 et le soir dans la nuit fête de l'armistice, aussi cette lettre m'est doublement précieuse"


* Il s'agit de de la correspondante de guerre Marguerite Higgins (NDLA)


Contexte historique

Le matin du 29 avril 1945, le 3e bataillon du 157e régiment de la 45e division d’infanterie de la 7e armée US reçut l’ordre de prendre le camp de Dachau. L’officier commandant le bataillon, le colonel Felix L. Sparks transmit l’ordre à sa compagnie I et en prit lui-même le commandement. Alors que la compagnie I s’avançait en direction du camp de concentration proprement dit, un groupe appartenant à la 42e division d’infanterie US (la division arc-en-ciel) entrait dans l’enceinte générale du camp. Il s’agissait d’une équipe sous le commandement du général Henning Linden, qui devait en principe prendre la tête d’un bataillon chargé de se rendre à Munich. À Dachau, il rencontra un correspondant de guerre belge, Paul Levy, qui attira l’attention de Linden sur l’existence du camp de concentration. Ce groupe était accompagné du photographe de presse Raphael Algoet et de la correspondante de guerre Marguerite Higgins. À l’entrée du camp de concentration, le groupe de Linden tomba nez à nez avec les soldats de la compagnie I et le colonel Sparks. Il s’ensuivit une dispute entre Linden et Sparks, Linden exigeant que l’accès au camp soit donné à la journaliste Higgins. Spark avait toutefois reçu l’ordre de ne laisser personne accéder au camp de concentration avant l’arrivée d’une équipe spécialisée dans le traitement des victimes. Malgré cela, Higgins et un autre membre du groupe Linden escaladèrent la porte et apparurent ainsi comme les premiers libérateurs du camp de concentration.


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