Liste des inscrits au carnet B - Note de service de gendarmerie, Villeneuve-sur-Lot, 27/09/1941

Légende :

Note de service de la compagnie de gendarmerie du Lot-et-Garonne datée du 27 septembre 1941 listant les individus inscrits au carnet B, "communistes - anarchistes ou autres individus français ou étrangers nettement hostiles au Gouvernement qui sont actuellement détenus en prison ou internés dans des camps". Cette liste nous indique que Jean Belloni est détenu depuis le 17 juin 1941 et à la date de la note incarcéré à la maison d'arrêt de Toulouse pour "distribution de journaux interdits et reconstitution de parti dissous".

Genre : Image

Type : Note de service de gendarmerie

Source : © Archives départementales de Lot-et-Garonne, 1W306 Droits réservés

Détails techniques :

Document dactylographié

Date document : 27 septembre 1941

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne

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Analyse média

Avant 1914, la police française s'est dotée d'un instrument redoutable pour peser sur les choix politiques du mouvement ouvrier : le Carnet B. Conçu, à l'époque du ministère Boulanger dans les années 1880, comme une liste destinée à identifier les espions, sa mission de protection de la mobilisation fut précisée par Clemenceau en 1909. Ce dispositif de fichage illustre ainsi la place de la guerre dans le processus de modernisation et de renforcement de l'Etat à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. La principale difficulté auquel les policiers qui le tiennent à jour sont confrontés est la mobilité des individus surveillés : après une "inscription carnet B", un "feuillet mobile" accompagne le suspect dans ses déplacements sur le territoire, une gageure devant les réalités d'une classe ouvrière encore très gyrovague. En 1922, la circulaire définissant depuis 1912 le fonctionnement est modifié, en particulier pour cibler les suspects du "groupe 3" : les personnes des deux sexes susceptibles de troubler "l'ordre intérieur". Elle étend également son activité de surveillance aux "spéciaux", c'est-à-dire aux étrangers, une catégorie devenue largement majoritaire dans les années 1930, comme l'a montré Donald Baker : ils forment les 9/10e des noms présents sur la liste consolidée des fichés en 1936. En tant que "parti de l'étranger", le parti communiste est directement visé par ces dispositions.


Extrait de Romain Ducoulombier, « La surveillance politique : comment lire les archives de police sur le Parti communiste ? », ANR PAPRIK@2F, 16 octobre 2014 [en ligne :http://anrpaprika.hypotheses.org/2658].

Contexte historique

Dès 1940, Jean Belloni s’engage dans la lutte clandestine en distribuant des exemplaires de l’Humanité clandestine. En mai 1941, suite à la diffusion d’un numéro de l’Humanité portant des accusations à l’encontre du commissaire de police de Villeneuve-sur-Lot, une enquête judiciaire est ouverte. Le 15 juin 1941, à la suite d’une dénonciation, la gendarmerie de Villeneuve interpelle Jean Belloni et cinq autres militants. Le 16 juin, il est transféré à la maison d'arrêt d'Agen. Il comparaît le 21 juin 1941 devant le Tribunal de première instance d’Agen puis est incarcéré le 15 septembre suivant à la maison d'arrêt de Toulouse (quartier 4). Jean Belloni comparaît le 27 septembre 1941 devant le Tribunal militaire de Toulouse qui le condamne à cinq ans de travaux forcés et à la dégradation civique le 6 novembre 1941 pour activité communiste. 


Fabrice Bourrée