Nom de rue donné en hommage au résistant communiste René Albert, Conflans-Ste-Honorine

Légende :

Nom de rue donné en hommage au résistant communiste René Albert, Conflans-Ste-Honorine, Yvelines (78700)

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Jacques Defer

Source : © Collection Jacques Defer Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 2015

Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Conflans-Sainte-Honorine

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Contexte historique

René Albert est né le 29 mai 1911 à Laval. Il est militant communiste, membre des FTPF qui avaient à leur tête Jacques L.
Mobilisé le 25 août 1939, il est affecté spécial à l'usine La Lorraine à Argenteuil. En novembre, avant d'occuper le poste d'ajusteur aux Stylos à Sainte-Honorine, il demeure 98, bis rue Pasteur à Conflans.

Accusé par Fernand L. (« Affaire de Trappes », ndlr.) de lui avoir remis des tracts à distribuer, il est arrêté le 27 novembre 1942. Il est également accusé par Fernand L. d'avoir hébergé Paul Mandras, responsable du secteur P7 (Houilles, Bezons, Sartrouville, Conflans) de l'organisation FTPF. Il est accusé d'être le responsable de la région Ouest, branche propagande et organisation, et d'avoir remis des tracts à distribuer en grande quantité.

Après son arrestation, son épouse lui trouve un avocat qui semble impuissant. Il ignore où se trouve réellement son client. Dans un courrier du 6 janvier 1943, Jean Lefort, avocat à la cour, indique : « Si on refuse de vous dire si votre mari est à la prison de Fresnes ou dans quelque autre endroit, c'est en raison de la nature de l'affaire (de Trappes) qui est telle que tous renseignements et communications avec l'exterieur sont momentanément interdits. »     

Une lettre datée du 24 janvier 1943 parvient à son épouse par un cheminement singulier : elle a été trouvée sur le ballast d'une voie ferrée comme des milliers d'autres et envoyée aux familles par des Français solidaires (parmi les plus actifs, on trouvait les cheminots). Dans cette lettre, René Albert indique qu'il a quitté «la tôle » le 22 pour aller à Compiègne et qu'aujourd'hui, il part pour l'Allemagne avec les copains. Il écrit : « Vous n'aurez sûrement plus de mes nouvelles d'ici longtemps, peut-être jusqu'à la fin de la guerre, en tout cas, courage et à bientôt, ne désespérez pas. » Ce sera son dernier courrier, écrit du sol français. René Albert faisait partie du convoi 1.74. Il porte le matricule 59221 à Sachsenhausen où il est déporté. L'espoir renaîtra lorsque sa famille recevra une lettre datée du 14 février 1943 dans laquelle il indique « qu'il va bien pour l'instant », sans autre détails. Ce type de lettre est exceptionnel car les déportés n'avaient pas souvent l'occasion d’écrire à leurs familles, lesquelles n'étaient que très rarement prévenues du décès d'un prisonnier politique dans les camps.

René Albert serait décédé le 12 avril 1943 à 11 h 50 à Sachsenhausen, mais l’acte de décès est daté du 6 novembre 1943. Sa famille s'inquiétait déjà du fait du retour d'un colis en piteux état. A la fin de la guerre et au retour de ses compagnons, son épouse Lucienne a voulu savoir. Elle apprit qu'il avait fait un séjour à l'infirmerie et qu'il n'avait plus la force de travailler. Les derniers temps, il s'asseyait derrière sa machine, très déprimé. Ses gardiens l'ont ensuite conduit à l'infirmerie où il a succombé à une pneumonie deux jours plus tard. Il avait 32 ans.
La mention « Mort pour la France » lui a été décernée.

A son décès, sa fille avait un peu plus de huit mois. Au moment des évènements, la famille habitait à Achères, au 13 rue Basse. Son compagnon de captivité, M. Mutter, indique qu'il serait décédé en juin 1943, ce qui est en contradiction avec l'acte de décès de l'administration SS qui prétend qu'il serait mort en avril 1943.
L'acte officiel fut rédigé le 25 avril 1946 par le ministère de la Guerre et des Anciens Combattants.


Jacques Defer

D'après Yannick Amossé et Jean Présent, La Résistance à Conflans-Sainte-Honorine, Montreuil, Le temps des Cerises, 2013.