Andrée Blachère en 1943

Légende :

Andrée Blachère, épouse Monier, photographiée vraisemblablement à l’époque de son entrée en Résistance.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © Archives privées Mireille Monier-Lovie Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : 1943 (probable)

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Andrée Blachère devait avoir 21 ans lorsque le cliché a été pris. Elle est née le 9 août 1922 à Bollène la Croisière : c’est une Vauclusienne d’origine ; ses parents y sont de petits exploitants agricoles. Elle entre en Résistance en juillet 1943. Elle est responsable des FUJP (Forces unies de la jeunesse patriotique) et agent de liaison des FTPF (Francs-Tireurs et partisans français). À la Libération, elle demeure à Valence, et y poursuit sa vie militante ; elle est candidate à des élections ; elle sera élue.


Auteurs : Claude Seyve
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme - le Vercors, édition AERI-AERD, 2007 ; Études Drômoises, n° 28, décembre 2006, Andrée Monier première femme conseillère générale de la Drôme, Jean Lovie.

Contexte historique

En 1943, Andrée Monier habite un petit appartement, 23 rue du Quatre septembre, à Valence, avec Charles, son époux, instituteur, en congé de maladie pour l'administration, en réalité résistant clandestin, et leur fille Mireille. Le tableau d'une famille tranquille et sans histoires, dans lequel l'enfant a son rôle, abrite efficacement les activités clandestines des Monier pendant près d'un an.

Dans le récit qui suit, alors que le papa demeure auprès de Mireille âgée de 2 ans, la maman accomplit une action périlleuse. Le lendemain, ce sera peut-être le contraire.

C’est une mission d’agent de liaison. L’action dont il s’agit se déroule à la fin d’un rendez-vous avec un résistant du réseau auquel appartenait d’Andrée Monier.

« Il fallait transporter une valise contenant des tracts et des armes de Valence à Avignon. En me la remettant en gare de Valence, il me dit : " À la sortie de la gare d'Avignon, les Allemands contrôlent les voyageurs, notamment les hommes. Les femmes, surtout si tu leur fais un charmant sourire, passent plus facilement. Mais tout de même sois très prudente. Tu remettras la valise à un homme qui se trouvera devant le café à gauche, en sortant de la gare. Il tiendra à la main droite un exemplaire du journal de l'époque Le Petit Marseillais.
Je prends donc le train avec l'insouciance d'une jeune fille de 20 ans. Je m'installe dans un compartiment, la précieuse valise dans le filet à bagages, assez loin de moi, en cas d'un contrôle toujours possible et imprévu.
Au moment où le train démarre, trois militaires allemands, dont un jeune et élégant officier, s'installent dans le compartiment. Celui-ci se fait entreprenant, tout sourire. Il me dit que la France est un beau pays, surtout la Côte d'Azur et m'invite à aller y passer quelques jours avec lui. Enfin, nous arrivons en gare d'Avignon. Je prends ma valise et me prépare à affronter le contrôle allemand. Une angoisse terrible me serre à la gorge. La sueur dégouline le long de mon dos. J'aperçois tout à coup mon jeune officier qui se prépare à sortir. Une chance. Un réflexe. Je me mets à côté de lui en souriant. Nous passons ainsi le contrôle.
Ouf ! Je suis sur la place. Mais il faut maintenant que je me débarrasse de lui... et de ma valise. Je lui donne rendez-vous au buffet de la gare. J'aperçois celui qui m'attend avec son journal à la main droite. Je lui tends avec soulagement la valise ; il me remet son journal sans un mot et disparaît rapidement. Mission accomplie. J'en suis fière, mais je m'en souviendrai toujours. Quant à mon bel officier, inutile de vous dire qu'il m'attend toujours ! »

Remarquons que le récit confirme l'observation d'un historien selon laquelle les envahisseurs ont souvent sous-estimé le danger que pouvaient représenter pour eux les femmes combattantes. Lorsque les dangers augmentent en 1944 (resserrement des contrôles allemands, bombardements alliés), Andrée Blachère, avec sa fille, quitte le chef-lieu pour Saillans puis pour Bollène, se réfugiant dans sa famille.

Après la Libération, Andrée Monier est élue, en 1951, au cours d'une triangulaire, au conseil général de la Drôme. Elle y siège, seule femme, communiste, et la plus jeune de l'assemblée, de 1951 à 1958. Elle demeure militante au sein de l’UFF (Union des femmes françaises.) Elle vient ensuite, en 1954, se fixer à Saint-Paul-Trois-Châteaux, où son mari a été nommé instituteur, puis, en 1975, à Bollène. Elle est alors trésorière de la section locale du PCF (Parti communiste français) ainsi que du Secours populaire cantonal. Elle se consacre également à sa famille.


Auteurs : Claude Seyve
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme - le Vercors, édition AERI-AERD, 2007 ; Études Drômoises, n° 28, décembre 2006, Andrée Monier première femme conseillère générale de la Drôme, Jean Lovie.