Geneviève de Gaulle, membre du Conseil Economique et Social

Légende :

Le 11 juillet 1995, Geneviève de Gaulle présente son rapport sur la grande pauvreté devant le Conseil Economique et Social en présence du Premier Ministre Alain Juppé.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ATD Quart-Monde Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 11 juillet 1997

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

A l’hiver 1993, Geneviève de Gaulle-Anthonioz signe une tribune dans le journal Le Monde dans lequel elle regrette que l’action du gouvernement ne se limite, pour faire face à la situation des sans-logis au cours d’un hiver vigoureux, qu’à des mesures d’urgence. Elle appelle alors à la « mise en chantier [d’]une loi-programme de lutte contre la grande pauvreté [qui] contribuera à soutenir toutes les autres politiques visant à prévenir les précarités. »

Au sein du Conseil Economique et Social, elle œuvre depuis 1988 à l’élaboration d’un tel projet de loi, reprenant une idée que le Père Wresinki portait déjà dans les années 80. En 1994, une enquête sur la misère est entreprise sous l’égide de la Section des affaires sociales et le projet de loi présenté par Geneviève de Gaulle au Premier ministre Edouard Balladur est déposé à la Commission des affaires sociales du Sénat. En mars 1995, une synthèse des études effectuées montre que, si des dispositions ont bien été prises par l’Etat pour lutter contre l’exclusion, elles demeurent souvent difficilement accessibles aux plus démunis. La campagne présidentielle de 1995 autour du thème de la « fracture sociale » donne une nouvelle occasion à Geneviève de Gaulle-Anthonioz d’interpeler les candidats sur la nécessité de faire de la lutte contre l’exclusion un des objectifs prioritaires du début de septennat.

Après l’élection de Jacques Chirac, Geneviève de Gaulle présente son rapport en séance plénière du Conseil économique et social, les 11 et 12 juillet 1995, en présence du chef du gouvernement et de plusieurs ministres. Le texte recueille un avis favorable du CES et certains de ces passages seront repris lors du sommet de Copenhague sur l’éradication de la pauvreté ainsi que par l’ONU dans un rapport intitulé en 1996 « Droits de l’homme et grande pauvreté ». L’avis favorable du CES permet d’amorcer la procédure législative qui aboutit à la discussion d’un « projet de loi de cohésion sociale » à l’Assemblée nationale.

Le 15 avril 1997, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, âgée de 77 ans, s’adresse aux députés au nom du CES. Son discours entraîne l’adhésion de son auditoire : elle rappelle notamment les combats de la Résistance pour la restauration des valeurs républicaines et la nécessité de se rassembler pour œuvrer à plus de démocratie et de justice sociale. Malheureusement, ses efforts sont compromis par la dissolution qui intervient une semaine après ce discours. La nouvelle majorité s’engage alors à reprendre le travail sur la loi qui devient la loi « de lutte contre toutes les exclusions » adoptée le 9 juillet 1998. Elle prévoit notamment des mesures d’accès à l’emploi, au logement et aux soins (instauration de la couverture maladie universelle) et des outils de lutte contre le surendettement. Le seul regret de la nièce du général de Gaulle est de constater que les querelles politiciennes prennent le pas sur la nécessité de s’unir autour d’une loi dont les enjeux sont fondamentaux. Dans Le Figaro, elle écrit : « Que des hommes politiques qui se réclament du gaullisme réagissent ainsi me fait particulièrement mal au cœur. » Après l’adoption de la loi-cadre, Geneviève de Gaulle-Anthonioz choisit de passer le relais à la tête d’ATD Quart Monde qu’elle présidait depuis 1964.


Emeline Vanthuyne