Paul Brisac

Légende :

Paul Brisac, Capitaine Belmont, à la libération de Lyon, septembre 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Lieutenant Guillet

Source : © Archives ANPCVV - Fonds Lieutenant Guillet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc provenant du fonds Lieutenant Guillet, versé en novembre 2014 à l'ANPCVV. [Voir aussi l'album lié].

Date document : Septembre 1944

Lieu : France

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Analyse média

Ce cliché, donné par un de ses amis à l’ANPCVV, montrant Paul Brisac, employé au service du personnel de Merlin-Gérin à Grenoble dans les années 1950, illustre la notion de « sédentaires » et de « compagnie civile », selon la terminologie du « Projet Montagnards ».

Outre la création des camps, dès 1943, au sein même du massif du Vercors, le premier Comité de combat avait théorisé le principe de troupes mobilisables, qui viendraient « le temps venu » se joindre aux effectifs déjà constitués et encadrés. Ils avaient alors pour consigne de continuer à mener une vie sociale et professionnelle normales. Ils conservèrent leur emploi et leurs habitudes ; quelques week-ends étaient cependant prévus dans le Vercors : maniement des armes, avec de vieilles « pétoires », entraînement au tir.


Auteur : Julien Guillon

Sources : 

Archives départementales de l’Isère, 57J50/1. Témoignage de Paul Brisac & 57 J 36.

Archives ANPCVV.

Collection particulière Alain Raffin.

DEREYMEZ (J-W) (Texte établi, présenté et annoté par), Paul Brisac : Souvenirs du Vercors. Août 1943-8 septembre 1944, Paris, l’Harmattan, 2015, 244 pages.

DREYFUS (P.), Histoire de la Résistance en Vercors, Arthaud, Paris, 1980, 290 pages.

MARTIN (J-P.), Alain Le Ray, le devoir de fidélité : un officier alpin au service de la France, 1939-1945, Association des amis du Musée des troupes de montagne, P.U.G., Grenoble, 2000, 215 pages.

PICIRELLA (La) (J.), Témoignages sur le Vercors : Drôme-Isère, Chez l’auteur, Imprimerie Rivet, Lyon, 1973, 400 pages.

TANANT (P.), Vercors : Haut lieu de France, Souvenirs, Arthaud, Grenoble, 1971, 230 pages.

VERGNON (G.), Le Vercors, Histoire et mémoire d’un maquis, Collection « patrimoine », Paris, Les éditions de l’Atelier, 2002, 256 pages.

Contexte historique

Paul Brisac est né à Villard-de-Lans, dans la partie iséroise du massif du Vercors en 1902. Son père, Henri Brisac, est issu d’une famille lorraine[1]. Sa mère, Alice Crémieu, est originaire du Sud de la France où sa famille est installée à Carpentras[2]. Son père effectua l’ensemble de sa carrière à la Compagnie de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée. Ses différentes affectations conduiront la famille à déménager régulièrement, notamment à Clermont-Ferrand, ville dans laquelle Paul Brisac passe une partie de son enfance. En 1909, il entre à l’école primaire et obtient son baccalauréat dix années plus tard, en 1919. Il poursuit ses études[3] et entame sa carrière à la Manufacture Belge des Boîtes Métalliques (MBBM) à Bruxelles. Il est en poste lors de l’invasion allemande de mai 1940. Ne pouvant supporter la défaite, c’est certainement dès l’armistice, en tant qu’officier de réserve, qu’il tente plusieurs fois de se rendre à Alger, par l’Espagne, sans succès, entre 1940 et le début de l’année 1943. En contact avec René Cahen, fils de son patron de la MBBM, réfugié à Grenoble, Brisac parvint à se rendre en zone libre à cette période. Par cet intermédiaire, il est embauché chez Merlin-Gérin, entreprise grenobloise reconnue. C’est de par un contact indéterminé qu’ « On lui fait savoir qu’assez de gens, et spécialement d’officiers, sont passés à Alger et qu’on a davantage besoin de gens qualifiés qui restent en France et qui animent la résistance intérieure[4] ».

C’est entre le début de l’année et le printemps 1943, qu’il proposa ses services aux responsables isérois de la Résistance qui eurent l’intention de l’envoyer en Savoie, mais « [...] sur un terrain qu’il connaissait mal[5] ». Brisac décida alors d’attendre d’autres opportunités tout en restant à son poste, chez Merlin-Gérin. Chez les « mergés », véritable pépinière de l’engagement résistant, il fut discrètement abordé par un collègue, Georges Longue, qui souhaitait avoir son avis sur la Résistance. Arguant qu’il ne souhaitait pas s’engager en politique, il exprima néanmoins ses sentiments antiallemands et ajouta qu’il avait comme objectif de se rendre disponible pour des actions militaires. « [...] il dit être d’accord pour collaborer à une action purement militaire qui n’aurait aucune coloration politique[6] ». Mis en relation avec Bob Tarze, ce dernier lui présenta les premiers contours d’un projet militaire, sans lui préciser qu’il s’agissait du Vercors. Cela consistait à « […] bloquer un certain point d’appui et de tenir quelques jours, le temps nécessaire à des troupes aéroportées de débarquer à l'abri des Allemands ; ensuite on se replierait et on laisserait le champ libre[7] ». Le 31 octobre 1943, Paul Brisac rencontre Alain Le Ray par l’intermédiaire de Samuel Ravalec (Jacques), l'un des pionniers du Vercors, afin d’obtenir des renseignements supplémentaires, et ainsi mettre en place la compagnie civile de Grenoble. Son rôle consisterait à protéger l’accès du massif en créant un point de défense sur Saint-Nizier dans le cadre d’une mobilisation ultérieure, en fonction des débarquements alliés si attendus. De retour à Grenoble, Paul Brisac organisa sa compagnie. Il effectua alors des sondages discrets auprès de ses collègues dont il devinait les « options », sans toutefois recruter directement car il ne souhaitait pas trop s’exposer. C’est, entre autres, le comptable Guillet et Henri Cocat qui se chargeaient de prendre contact « […] sur un terrain connu d’avance[8] ». En revanche, à titre privé, il s’appuya sur des amis sûrs : le sous-lieutenant d’active André Paccalet, de Saint-Martin-d’Hères, qui fut chargé d’amener un autre contingent à la compagnie, ainsi que Gagnaire, le maire de Saint-Martin-le-Vinoux. La compagnie Brisac (Belmont) prenait alors progressivement forme, en cette année 1943. Mobilisée le 8 juin 1944, elle allait prendre part aux combats de Saint-Nizier des 13 et 15 juin 1944.    

Après la guerre, il reprit son activité professionnelle chez Merlin-Gérin. Il s’évertua à perpétuer l’esprit de résistance en créant, avec d’autres frères d’armes et des collègues « mergés », l’ « Amicale des Engagés Volontaires de la Résistance et de la Déportation en décembre 1945 »[9].
En 1948, un monument fut érigé dans la cour d’une des usines de l’entreprise, à la mémoire des personnels engagés en résistance et décédés lors de l’Occupation : Henri Tarze (Bob), Paul Gariboldy (Vallier), entre autres figures de la résistance dauphinoise. Cette même année, il épousa, à Grenoble, Lucienne Paule Dejully. En 1950, il occupait le poste de directeur du personnel et devint l’un des piliers de l’entreprise qu’il quitta lors de sa retraite en 1973, après une trentaine d’années de « bons et loyaux services » au service de la Liberté et de l’état d’esprit des « mergés ».

Paul Brisac s’est éteint le 6 août 1991 à Grenoble.

 

Questions :

Quelle est l’origine des Compagnies civiles ?

Quel a été leur rôle lors des combats ?

 

 Pour en savoir plus :

 

La Compagnie Paul Brisac (Belmont) (J. Guillon)

L'ordre de mobilisation de la Compagnie Brisac

 

Visualiser le parcours de dispersion de la compagnie Brisac en 3 D :

1- Installer Google Earth, en téléchargeant le lien ici
2- Cliquer sur "Visualiser le parcours"
3- Un fichier se télécharge au bas de l'écran
4 - Cliquer sur le fichier pour l'ouvrir
5- Naviguer sur les lieux, notamment à l'aide du pictogramme , zoomer, dézoomer, etc.


Auteur : Julien Guillon

Cartographie 3 D interactive : Thierry Bontems

Références :

[1] Son grand-père, Louis-Philippe est né à Vic-sur-Seille (Moselle) en 1831. Il quitta la région juste avant l’annexion du Reich de 1871 pour s’installer à Lyon. Cité par DEREYMEZ (J.-W.) (Texte établi, présenté et annoté par), Paul Brisac, souvenirs du Vercors. Août 1943-8 septembre 1944, L’Harmattant, Paris, 2015, 244 pages. 

[2] Sa mère appartient à d’anciennes familles de confession juive, installées dans cette ville depuis des siècles. Cité par DEREYMEZ (J.-W.), Op. Cit.

[3] Dans l’état actuel des recherches, le type d’études poursuivies par Paul Brisac n’a pas pu être établi.

[4] AD Isère, 57J50/1. Témoignages de Paul Brisac recueillis par Suzanne Silvestre le 3 novembre 1964, 6 pages et le 23 juin 1977, 7 pages.

[5] Ibid.

[6] AD Isère, 57J50/1. Témoignages de Paul Brisac recueillis par Suzanne Silvestre le 3 novembre 1964, 6 pages et le 23 juin 1977, 7 pages.

[7] Ibid.

[8] Ibid.

[9] DEREYMEZ (J.-W.) (Texte établi, présenté et annoté par), Paul Brisac, souvenirs du Vercors. Août 1943-8 septembre 1944, L’Harmattant, Paris, 2015, 244 pages. 

Sources bibliographiques :

DREYFUS (P.), Histoire de la Résistance en Vercors, Arthaud, Paris, 1980, 290 pages.

VERGNON (G.), Le Vercors, Histoire et mémoire d’un maquis, Collection « patrimoine », Les éditions de l’Atelier, Paris, 2002, 256 pages.

SILVESTRE (S.) et (P.), Chronique des maquis de l’Isère. 1943-1944, collection « Résistances », P.U.G., Grenoble, 1995, 507 pages.

DEREYMEZ (J.-W.) (Texte établi, présenté et annoté par), Paul Brisac, souvenirs du Vercors. Août 1943-8 septembre 1944, L’Harmattant, Paris, 2015, 244 pages. 

Sources archivistiques :

Archives Départementales de l'Isère, 57J50/1. Témoignages de Paul Brisac, recueillis par Suzanne Silvestre le 3 novembre 1964, 6 pages et le 23 juin 1977, 7 pages.       

ANPCVV, fonds Guillet - Grenoble.