Témoignage de Jean Cristofol sur le fort Saint-Nicolas de Marseille

Légende :

Témoignage de Jean Cristofol sur le fort Saint-Nicolas de Marseille, extrait de Jean Cristofol, « Journal de prison », 1939-1943, in Jacqueline Cristofol, Batailles pour Marseille. Jean Cristofol, Gaston Defferre, Raymond Aubrac, Paris, Flammarion, 1997, pp. 89-170, ici pp. 134-135

Type : Témoignage

Source :

Détails techniques :

Transcription.

Date document : 1939-1943

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Ce texte est extrait du journal intime que Jean Cristofol tient, pendant sa détention, depuis son arrestation à Marseille, en octobre 1939, à sa libération à Alger en février 1943. Il le dissimule parmi ses papiers et peut le récupérer lors de sa libération. 


Robert Mencherini

Contexte historique

Jean Cristofol, né en Catalogne le 24 mars 1902, dans une famille de paysans pauvres, ancien responsable du syndicat des douanes à Marseille et communiste, est, depuis 1936, député de Marseille. En 1939, la signature du pacte germano-soviétique entraîne l’interdiction des organisations communistes et l’arrestation de leurs responsables. Jean Cristofol est du lot. Arrêté le 8 octobre 1939, il est transféré à Paris. Avec quarante-trois autres députés communistes – déchus de leur mandat - il est traduit devant le tribunal militaire de Paris et comme trente-six d’entre eux, condamné à cinq années de prison. Les condamnés sont déplacés de prison en prison, au fil des événements. En mars 1941, la décision est prise de les transférer en Algérie. C’est en chemin pour Alger qu’ils arrivent au fort Saint-Nicolas de Marseille le 28 mars. Ils en repartent quatre jours plus tard, le 31 mars.

Le témoignage de Jean Cristofol sur ce court séjour au haut-fort Saint-Nicolas est tout de même intéressant. Il confirme d’autres témoignages (par exemple, sur la saleté du lieu ou la fraîcheur des cellules très ventées). Mais d’autres éléments sont différents, sans doute, à cause de la qualité et de la situation des nouveaux arrivés. Les détenus en transit ne sont pas incarcérés en cellules individuelles, mais regroupés dans une grande salle. Ils bénéficient d’eau chaude. Il met surtout en évidence la porosité du lieu par rapport à la ville.
Les manifestations du 28 mars 1941 en faveur de la Yougoslavie (opposée à l’Axe) ont des échos à l’intérieur du fort et influent sur le moral des détenus et sur celui des gardiens. Il montre enfin que les anciens députés arrivent à prendre contact - en dépit des précautions des gardiens - avec les communistes incarcérés au fort Saint-Nicolas depuis plusieurs mois, comme Louis Gazagnaire.

Jean Cristofol et les députés communistes sont transférés à Alger et incarcérés à Maison-Carrée [banlieue est d'Alger, aujourd'hui appelée El-Harrach]. Ils n’en sont libérés que plusieurs mois après le débarquement allié en Afrique du Nord. Revenu à Marseille le 27 août 1944, Jean Cristofol participe à la délégation municipale, mise en place par Raymond Aubrac qui le nomme également à la tête du comité régional de Libération. En décembre 1946, Marseille ayant retrouvé tous ses droits, Jean Cristofol en est élu maire.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :
Jacqueline Cristofol, Batailles pour Marseille, Paris, Flammarion, 1997.

Louis Gazagnaire, Dans la nuit des prisons, Paris, Editions sociales, 1973.