Le Résistant de 1940, n°1 juin 1946

Légende :

Bureau : Palais de Chaillot, musée de l’Homme (Paris XVIe).
Rédacteur en chef : Paul T. Pelleau.
Imprimerie : André Tournon et Cie à Paris.

Genre : Image

Type : Journal associatif

Source : © Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

20 pages, format : 15, 2 x 23,7 cm.
Couverture illustrée d’un dessin de Edouard Pignon « En avant » et surmonté d’une croix<

Date document : Juin 1946

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

L’Association des Résistants de 1940 se place d’emblée sous le patronage du général de Gaulle. En effet, son bulletin s’ouvre par une adresse de René Sanson, président de l’association des Résistants de 1940 au général de Gaulle qui reproduit un texte de motion voté en assemblée général le 30 janvier 1946 : « En ce 30 janvier 1946, les Résistants de 1940 saluent le Général de Gaulle, premier Résistant de France qui, le 18 juin 1940, a sauvé l’honneur du pays, organisé la Résistance, libéré le territoire et conduit nos armées à la victoire ».

L’exposé des motifs de la création de l’association « Les Résistants de 1940 » rédigé par le colonel Georges Bonneau donne le ton. « Douloureusement émus de constater, après la Libération, que l’idéal qui les avait guidés pendant la bataille ne semblait pas en voie de réalisation, ils [les résistants de 1940] ont senti la nécessité de se regrouper pour maintenir l’esprit de sacrifice et de désintéressement qui fut celui de la Résistance authentique, et pour défendre dans le pays l’idéal civique et patriotique qui les avait animés. »
« Persuadés que la crise de 1940 fut essentiellement une crise morale, et résolus à œuvrer de toutes leurs énergies au redressement et à la rénovation du pays, ils revendiquent le droit de donner l’exemple d’une haute tenue morale et d’un désintéressement total, et sont décidés à exiger les mêmes qualités de tous les citoyens détenteurs de fonctions publiques ou de situations intéressant la vie matérielle et morale de la nation. Ils sont prêts à aider, individuellement et collectivement, tous les hommes de bonne volonté qui participent à la lourde tâche du redressement national. » « En un mot, les Résistant de 1940 doivent constituer, dans le pays, un véritable levain d’énergie, d’initiative, de courage civique, de désintéressement et de valeur morale ».
Plus loin sous le titre « Les résistants de 1940 dans la vie de la nation », leur président René Sanson, avocat à la cour ajoute : « Issue de la sélection dans l’espace et dans le temps des survivants de la glorieuse phalange, leur association doit constituer la pierre angulaire de la vraie rénovation française. »

En dehors de cette volonté de participer à la rénovation politique de la France, la revue rend compte de certaines conférences sur l’actualité prononcées lors de réunion mensuelle. Ainsi, dans le numéro inaugural on peut lire sous la plume de Paul –T. Pelleau, un historique sur « les héros du musée de l’Homme ».

Née au tout début de la guerre froide, cette association gaulliste fonctionne comme un forum, un lieu de dialogue entre des pionniers de la Résistance de sensibilités politiques différentes. Ainsi parmi les adhérents on trouve pêle-mêle Henri d’Astier, René Cassin, secrétaire au Conseil d’État, Maurice Dejean, ministre plénipotentiaire, Maurice Deprès, sous-préfet, Raymond Hass-Picard, préfet, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, Albert Le Bail, député du Finistère, André Le Trocquer, ministre de l’Intérieur, Christian Pineau, Pierre Mazé, secrétaire général du Parti radical socialiste… L’association se réunit mensuellement. L’examen des questions à l’ordre du jour est suivi d’une causerie par un membre de l’association et d’ « une discussion sur un sujet d’actualité ». Le 23 février 1946, une conférence était consacrée à « l’évolution des esprits en Allemagne " du Libéralisme au Nazisme" », le 26 mars était abordée l’industrie allemande et le 30 avril une conférence autour de la question : « Y a-t-il une bonne Allemagne ? ». Fonctionnant comme un club de pensée voulant influer sur les décideurs politiques français ces conférences et échanges permettent aux « Résistants de 1940 de fixer leur point de vue et d’indiquer les solutions qu’ils désirent voir donner aux problèmes qui préoccupent si légitiment l’opinion ».

Malgré tout, « les Résistants de 1940 » assument également des fonctions « classiques » que l’on retrouve au sein d’autres associations d’anciens résistants. Un bureau social qui se propose de venir en aide, matériellement et moralement aux Résistants de 1940 et à leurs familles. C’est aussi dans le souhait d’une solidarité entre les membres qu’est publié la listes des 247 adhérents avec leurs adresses postales et leur profession permettant « de se rendre, éventuellement, de mutuels services ». Il en est de même pour la rubrique « nos petites annonces » dont l’objectif est de permettre aux adhérents de trouver un travail ou un logement. « Le colonel Josset et le commandant Silberstein recommandent tout particulièrement un camarade de l’Association, commandant de réserve, combattant des deux guerres, ancien Résistant actuellement sans emploi Ils se portent entièrement garants de son honorabilité et de ses qualités morales. »


Frantz Malassis