Avis du commandant Philippe Viannay relatif au port du brassard

Légende :

Avis de Philippe Viannay, commandant les FFI de Seine-et-Oise Nord, relative au port du brassard FFI et sur les conséquences de son port sans autorisation préalable.

Genre : Image

Type : Affiche

Source : © Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin Droits réservés

Détails techniques :

Affiche imprimée à l'imprimerie Roux de Soisy

Date document : Août - septembre 1944

Lieu : France - Ile-de-France

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Par cette affiche, Philippe Viannay souhaite lutter contre ce qui vient ternir l'image des FFI et des combats menés dans la clandestinité jusqu'à la Libération.

La Libération voit en effet l'apparition sur la place publique de nombreux porteurs de brassards FFI s'autoproclamant "résistant". Ces faux résistants ou résistants de la "dernière heure" auront un moment contrarié dans l’opinion l’image réelle de la Résistance. De nombreux collaborateurs ou agents français de la Gestapo sont ainsi découverts porteurs d'un brassard FFI espérant ainsi échapper à l'arrestation. D'autres utilisent leur brassard FFI pour procéder à des arrestations arbitraires, à des réquisitions abusives, à des contrôles interdits par les autorités. 

Le 30 août 1944, le préfet de Seine-et-Oise, Roger Léonard, intervient auprès du commandant départemental des FFI suite à de nombreuses plaintes de victimes de personnes se livrant à des réquisitions sous couvert de leur brassard FFI. 

Afin de parer à cette utilisation abusive du brassard, ceux-ci sont officilialisés par l'apposition d'un cachet. Ainsi, à Orléans, à titre d'exemple, pour éviter toute confusion, les brassards furent tamponnés du cachet de la Préfecture dès le 18 août 1944. Quatre ou cinq groupes de combat du maquis de Lorris reçurent pour mission de parcourir la ville afin d'enlever les brassards aux imposteurs et de les désarmer. 

Sur l'affiche présentée ici, Philippe Viannay rappelle que le port du brassard est soumis à l'autorisation prélable du commandant de secteur. Il souligne  que "le port du brassard est une distinction, non une occasion de vantardise" et menace tout abus d'une procédure devant la justice militaire. 

L'affiche se conclut sur ces termes qui montrent l'importance que Viannay accorde à ce brassard : "Je ne veux que des combattants ! ... non des mannequins de défilé !


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Philippe Viannay est né le 15 août 1917 à Saint-Jean-de-Bournay (Isère) dans une famille bourgeoise catholique conservatrice, patriote et anti-républicaine. Étudiant en théologie, il envisage dans un premier temps la vie religieuse. Il abandonne cependant cette vocation et choisit de suivre des études de philosophie. Au moment de sa mobilisation en 1939, il est inscrit comme étudiant en philosophie à la Sorbonne. Il se bat à la tête d'un bataillon de tirailleurs marocains au cours de la campagne de 1940. Démobilisé le 9 août 1940 à Grenoble après la défaite de son pays, il reprend ses études.

Avec un camarade, Robert Salmon, qui partage le même traumatisme de la déroute et le refus de la présence allemande, rejetant l'option militaire, il réunit un groupe d'étudiants - parmi lesquels Hélène Mordkovitch, qu'il épousera en 1942 - et lance l'idée d'un journal clandestin. Un tract sur la situation de l'Alsace est diffusé début 1941 puis, grâce à l'aide matérielle d'un ami industriel, le groupe crée Défense de la France à l'été 1941. Viannay, sous le pseudonyme d'"Indomitus", signe la plupart des éditoriaux du journal. Dénonçant le nazisme et hostile à la collaboration, il reste longtemps convaincu du "double-jeu" de Pétain, à la différence des autres membres du groupe, en particulier Robert Salmon et Jacques Lusseyran. De même il exprime son soutien au général Giraud et se rallie définitivement à de Gaulle au printemps 1943, autant par positionnement stratégique que sous l'influence de Geneviève de Gaulle et de Robert Salmon.

A la tête du Comité directeur il organise les différents services. Philippe Viannay est à 25 ans le chef incontesté d'un des plus importants mouvements de Résistance de la zone Nord. En 1944, soucieux de préserver l'indépendance de son mouvement il s'oppose à quelques membres du Comité directeur, dont Robert Salmon. Désireux de s'impliquer dans l'action militaire il quitte Paris et s'installe dans le maquis de Seine-et-Oise Nord (Ronquerolles), dont il prend le commandement FFI en février 1944, sous le nom de commandant Philippe. Au mois d'avril, Pierre Lefaucheux, chef régional des FFI d'Ile-de-France, le nomme responsable FFI de la Seine-et-Oise Nord. Le 23 juillet, arrêté par les Allemands, il est blessé par plusieurs balles ; hospitalisé, il parvient à s'évader et reprend le commandement de son maquis. Le 24 août, Viannay est reçu par le général de Gaulle à Rambouillet. Voyant en lui le chef d'un mouvement politique issu de la Résistance, il est déçu par le désintérêt de ce dernier pour son mouvement. Après la Libération il est chargé en 1945 d'une mission de rapatriement des déportés, et rapatrie Jacques Lusseyran.

En 1951, il fonde avec sa femme l'école des Glénans.

Philippe Viannay meurt en 1986.



Cécile Vast in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Sources et bibliographie : 
ONAC de Paris, dossier de CVR de Philippe Viannay. 
Service historique de la Défense, dossier individuel de Philippe Viannay. 
Philippe Viannay, 
Du bon usage de la France. Résistance. Journalisme. Glénans, Paris, Éditions Ramsay, 1988. 
Olivier Wieviorka, 
Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France. 1940-1949, Paris, Seuil, 1995.