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Brassard "Honneur de la Police"

Légende :

Brassard du mouvement Honneur de la Police

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 110 X 150/380 mm, toile rouge, triangle blanc 120 X 100 mm surpiqué, fermeture par boucle

Date document : 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Le brassard a été marqué au pochoir des sigles NAP (Noyautage des Administrations Publiques), MLN (Mouvement de Libération Nationale) et, en son centre, HP (Honneur de la Police). Il fut porté par les policiers parisiens d'abord grévistes puis insurgés qui ont pris part à l'occupation de la Préfecture de Police et aux barricades dans Paris.
Deux galons dorés correspondant au grade de responsable de brigade ont été ajoutés sur le brassard. Les différents grades étaient définis dans une instruction relative à la confection de ce modèle de brassard.
Une bande tricolore amovible a été cousue sur le brassard ; elle comprend au tampon les lettres CPL.

Il porte les cachets du CNR et de la Préfecture de Police. 


Fabrice Bourrée

Contexte historique

En janvier 1941, Adrien Peltier, fonctionnaire à la préfecture de police, est présenté par le gardien Maurice Déchy à Albert Dubois, responsable des Bataillons de la Mort. Peltier est chargé du recrutement de gardiens de la paix dans le XIVe arrondissement. A la suite de l'arrestation de Dubois, Peltier perd ses contacts avec le mouvement. Il est alors contacté par Arsène Poncey (capitaine Lapérouze), président des anciens combattants de la préfecture de police, qui vient de constituer un groupe de Résistance au sein de la préfecture de police rattaché à l'Armée volontaire. Poncey le charge des VIIe, XIVe et XVe arrondissements ainsi que de la banlieue Sud. Le groupe est dénoncé par l'un de ses membres ; Poncey est arrêté et déporté. Après quelques semaines d'inaction, Peltier reprend la direction du groupe avec Lucien Piednoir mais les contacts sont difficiles à renouer.

A la fin de l'année 1942, à l'initiative de Jean de Rudder, membre du comité directeur du mouvement Résistance, et Lucien Piednoir, des rencontres ont lieu entre les responsables du mouvement Résistance et des représentants de l'Armée volontaire. Les deux mouvements sont d'accord pour abandonner leurs membres policiers pour permettre la constitution d'un mouvement unique dans la police. Le commissaire Edmond Dubent, membre de l'AV, prend la direction de l'organisation naissante qui prend le nom d'Honneur de la Police. Adrien Peltier devient son adjoint. Les membres du comité directeur sont : Georges Bréchat, Jean Debrand Passart, Gaston Guillaume, Henri Jacob, Ours Luciani, Robert Marteau, Corentin Nedelec et Georges Vanner. Le "siège" du mouvement se trouve au café Lacan. Le mouvement partage la police parisienne en quatre divisions pourvues d'un chef. A l'échelon inférieur, on trouve un responsable par arrondissement et un responsable par commissariat. 

Les imprimeurs du mouvement sont Jean de Rudder, rue Jules Ferry à Montrouge, jusqu'au 12 mai 1944 (date de son arrestation) puis Cornelli, rue de Vercingétorix à Paris XIVe, de mai 1944 à la Libération. Les tracts imprimés par leurs soins sont principalement envoyés par voie postale.

Le mouvement s'étend très rapidement en recrutant notamment des membres d'autres mouvements et réseaux : Bataillons de la Mort, Alliance, OCM, Vengeance, Libération Nord. Au cours de l'année 43, Honneur de la Police recrute dans tous les arrondissements, et tous les services, y compris les renseignements généraux et les brigades spéciales. Des chaînes de liaison se mettent en place pour la transmission d'ordres et de renseignements. Le mouvement assure la diffusion du journal Résistance et de plusieurs autres journaux clandestins.

Honneur de la Police est un mouvement "complet" qui cumule les activités de sabotage, de renseignements civils et militaires, d'aide aux réfractaires (faux papiers et ravitaillement), d'aide aux parachutistes (hébergement et rapatriement), d'inertie organisée, d'organisation de petits groupes de civils dirigés par des policiers…

Le 13 février 1943, des membres d'Honneur de la Police commettent un attentat contre deux officiers allemands au pont du Carrousel à l'entrée du jardin des Tuileries. Les deux officiers décèdent à l'hôpital Beaujon à Clichy, où ils ont été transportés (archives de la PP).

Le 25 décembre 1943, Edmond Dubent est arrêté. Peltier le remplace jusqu'à ce qu'une nouvelle vague d'arrestations frappe le mouvement. Pour aider les familles des arrêtés, une collecte "presque officielle" est organisée dans les services du IIe et du XIVe arrondissements.

En février 1944, Armand Fournet prend la tête du mouvement qui s'oriente d'avantage vers l'action. C'est également à ce moment qu'Honneur de la Police rejoint le Mouvement de libération nationale. En avril, un contact permanent est établi avec Yves Bayet du NAP. Une collaboration étroite s'instaure entre les deux mouvements jusqu'à la Libération. Peltier, recherché par la Gestapo, quitte Paris pour rejoindre un maquis de l'Eure mais participe quand même à des opérations parisiennes, et notamment au coup de main contre les locaux de la Gestapo à Meudon le 12 juillet 1944 où plusieurs tonnes d'armes sont récupérées. Ces armes, cachées à Montrouge, serviront à armer les membres d'Honneur de la Police, et seront utilisées dans la défense de la préfecture de police à partir du 19 août.

Le 24 juillet 1944, quatre hommes, membres du mouvement, "armés de mitraillettes se sont présentés au centre de distribution de titres de rationnement situé à la mairie de Fontenay-aux-Roses où, sous la menace de leurs armes, ils se sont fait remettre les chargeurs des revolvers des deux gardiens de service à cet endroit. Ils se sont ensuite emparés de 8.000 titres de rationnement puis ont pris la fuite dans une voiture automobile portant le faux n° 1818 RN." (Archives de la PP)

Peltier revient à Paris dès l'ordre insurrectionnel. Le 19 août, il dirige les corps-francs du XIVe arrondissement chargés d'escorter les membres du CNR, les nouveaux préfets, les futurs directeurs et chefs de cabinet.

Adrien Peltier est fait Compagnon de la Libération en juillet 1945. Il termine sa carrière comme commissaire principal. Il est décédé le 28 décembre 1982 à Vichy.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources :
Archives nationales, 72 AJ 58 (Honneur de Police. Schéma de l'organisation et historique ; rapport d'Adrien Peltier…).
Archives de la préfecture de police, série "rapports hebdomadaires sur la répression des menées communistes" (semaine du 9 au 15 février 1943, semaine du 25 au 31 juillet 1944).
Archives du Musée de l'Ordre de la Libération, biographie d'Adrien Peltier.